Fernando COSTA est un artiste à l’accent rocailleux du Périgord et à l’accueil chaleureux qui a commencé à créer par accident -sans mauvais jeu de mots- des œuvres de métal et de fer. Avant le grand week-end de F1 qui va secouer Singapour, rencontre avec cet artiste hors-norme chouchou des fans de vitesse.
Naissance d’une passion
Comme souvent quand on interroge un artiste, on se demande comment est né le « feu sacré », cette furieuse envie de créer, de faire et de partager.
Pour Fernando Costa, c'est un coup de foudre à deux coups qui a déclenché sa passion créatrice. Enfant de Sarlat, le milieu de l’Art n’était pas pour lui « naturel ». A 13 ans, il voit un reportage sur l’artiste César qui l’émeut et puis à 17 ans, il « monte à la capitale » et se rend à Beaubourg. « Devant ce tas de tuyaux » et dans ce musée, il rentre en collision avec le travail de l’artiste. « J’ai été fasciné, touché, ému, bouleversé par son travail notamment par ses tiroirs dans lesquels était soudée de la tôle et cette rencontre a déclenché quelque chose en moi ». Il a commencé à se documenter, à s’acheter des livres, lui, le jeune homme qui avait arrêté l’école si tôt. « César est devenu mon idole ». Mais pour ses parents dans le Périgord, « artiste n’était pas un métier » et il commence, comme ses frères, à travailler dans l’Hôtellerie, travail qui, pendant 10 ans, l’a épanoui.
« Mais un jour, j’ai tout plaqué pour le bleu de travail et me lancer dans la ferraille ». En résumé, pour suivre son rêve de jeune homme et faire comme son idole.
Le travail des matières
Dans un premier temps, il a fallu apprendre à travailler cette matière. Il est allé se former auprès d’un ferronnier, René Peyrodes qui lui a tout appris et lui a prêté un atelier. C’était il y a 20 ans. Et depuis « je ne me consacre qu’à mon art. J’ai fait un choix « tragique » pour ma famille : j’ai refusé femme, enfants et allocations familiales ! » Mon atelier est « mon sanctuaire ».
Ses pièces harmonieuses sur un mur représentent un travail de titan. Dans un premier temps, il faut collecter la matière première qu’il récupère : les panneaux de signalisation auprès des DDE et les ateliers municipaux, les plaques de métro auprès de la RATP, les panneaux de chantiers, auprès des entreprises de Travaux Publics, et dans les émailleries, notamment les plaques de rues qui ont des défauts et sont destinées à la destruction et plus rarement, des pièces de voitures. Une fois cette matière collectée, il faut la nettoyer et ensuite la couper, ce qui constitue la partie plus difficile et ensuite, il peut créer et composer. Dans son atelier, il travaille seul, sans l’aide d’assistant.
Chaque année, Fernando Costa ne crée que 3 à 4 grandes pièces, et une grande majorité d’œuvres allant du format 50 cm à 120 cm.
Le succès n'est pas venu tout de suite. Après son saut dans l’inconnu, Fernando Costa a attendu 8 ans avant sa 1ère exposition à Paris lors d’un salon dont le thème était la récupération. Et tout est parti de là. Ses œuvres rencontraient enfin leur public, après avoir écumé la Province. « J’ai rencontré la gentillesse ».
Aujourd’hui, il est représenté par une galerie à Paris, rencontrée lors de ce fameux salon, et par des galeries à Arcachon, à Megève, à Pau et à Lille. En Asie, il a été représenté par une galerie à Pékin et aujourd’hui, par un agent à Singapour.
Et puis il a réalisé comme des nombreux artistes avant lui, de Calder à Warhol en passant par son idole, César, un Art Car lors des 24h du Mans.
Sa Art Car des 24h du Mans (photo)
En 2013, il est contacté par le capitaine d’une écurie française OAK RACING, Jacques Nicollet. Au départ, le projet était « simple » : un tableau de Costa pris en photo et coller sur une voiture de course qui s’est transformé en la création d’une œuvre d’art directement réalisée sur la voiture. « J’ai recouvert cette voiture de Tôle qui est en Carbone et sur lequel il est impossible de souder. Et ensuite, je l’ai recouverte de panneaux. Cela a été pour moi un chantier extraordinaire ». Après 2 mois de travail, 250 kg de plaques émaillées, et plus de 20 000 points de soudure, l’Art Car d’OAK Racing voyait le jour et a couru lors des 24h du Mans.