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Environnement - Des initiatives pour lutter contre les emballages

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Écrit par Clémentine de Beaupuy
Publié le 12 juin 2017, mis à jour le 4 avril 2021

On l'a tous constaté : à Singapour, les sacs plastiques envahissent encore les caisses de supermarchés et les emballages individuels sont encore la norme pour de nombreux produits industriels. Au delà de ce simple regard désolé de consommateur et à l'occasion du 10ème anniversaire du Singapore Packaging Agreement (SPA), le petit journal de Singapour a voulu en savoir plus sur la politique de réduction des emballages et faire un tour d'horizon des actions et des politiques menées, à la fois citoyenne et publique. 

 

La position des autorités singapouriennes 

Le constat, ici comme ailleurs, est implacable : il est nécessaire de réduire nos déchets qu'ils soient d'origines ménagers, publics ou d'entreprises, ils représentent dans la cité-Etat 20 000 tonnes par jour. D'après le National Environnement Agency (NEA), 60% des déchets sont recyclés, les autres sont incinérés et les résidus enfouis off-shore sur l'île de Semakau. Mais, d'après les estimations de cette même agence, ce site sera saturé d'ici 15 ans. Pour faire face à cette situation, le gouvernement singapourien a lancé en 2007 le Singapore Packaging Agreement (SPA) pour inciter les industriels et les entreprises de toutes tailles à réduire leurs emballages et agir ainsi à la source de la production de déchets.

Dix ans après, le bilan est positif mais encore faible pour la cité-Etat. Le nombre d'entreprises engagées dans ce programme est passé de 32 signataires en 2007 à 200 aujourd'hui. Cela a permis une réduction de 39 000 tonnes de déchets d'emballages (en cumulé). De grandes entreprises, comme Nestlé SG se sont engagées dans ce programme, ainsi que des entreprises de plus petite taille. Par exemple, cette année, un prix remis dans le cadre de ce programme, a distingué la société Ha Li Fa, société distributrice de fruits de mer, qui a installé une machine qui fabrique et distribue des glaçons directement dans des conteneurs. Cela a éliminé la nécessité d'acheter des glaçons emballés dans des sacs en polyéthylène haute densité (HDPE) d'un fournisseur. Grâce à cette initiative, la société a réduit  de 28,49 tonnes de déchets d'emballages plastiques au cours d'une année. 

Lors de ce 10ème anniversaire, la NEA a clairement affiché son ambition d'aller «vers une nation à zéro déchet ». Mais la réalité, comme on le voit dans les chiffres de 2016, est encore bien différente. Ces efforts sont positifs certes, mais loin d'être significatifs  pour avoir un impact fort sur la réduction de déchets : 1,66 million de tonnes de déchets ménagers ont été traités à Singapour l'année dernière, les déchets domestiques représentaient 55% de tous ces déchets éliminés, dont un tiers était constitué de déchets d'emballages. Le chemin est encore long? et il passe également par la sensibilisation des consommateurs par l'action individuelle et l'engagement des associations, moins que par des lois émanant du gouvernement. 

 

Des initiatives associatives et citoyennes 

Des ONG, comme le Singapore Environnemental Council guident les consommateurs en créant et en promouvant des labels sur des produits de consommation ayant peu d'impact sur l'environnement et des emballages recyclés. Une pétition citoyenne circule également sur le site change.org pour lutter sur les emballages plastiques. Sur ce point, la position gouvernementale a été formulée en décembre 2016 suite à une question au Parlement.

En effet, le 9 novembre 2016, à la question de savoir si Singapour avait l'intention de rendre payant les sacs plastiques aux caisses de supermarchés le ministre de l'environnement, Dr Amy Khor, répondait en ces termes : « Nous reconnaissons l'importance et les avantages de freiner l'utilisation excessive de sacs en plastique. En fait, nous examinons d'autres mesures pour voir comment nous pouvons l'atteindre (?) notre contexte national est en fait assez singulier et différent de beaucoup d'autres pays. (A Singapour), les sacs en plastique jetés sont réellement incinérés et ne sont pas directement enfouis. Cela concerne donc, par exemple, la non-biodégradabilité des sacs en plastique, qui est vraiment la principale raison invoquée pour justifier un prélèvement sur des sacs en plastique dans de nombreux autres pays, ce qui n'est pas applicable ici »Quelles sont donc ces autres mesures évoquées par le ministre ? 

Avec le concours de Zero Waste SG  notamment qui recense les initiatives citoyennes, d'entreprises  ou publiques qui mettent en place des actions dans les 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler), cette association a lancé en 2017 le programme BYO, c'est à dire Bring Your Own. Cette campagne s'adresse en premier lieu aux commerçants pour qu'ils incitent leurs clients à venir avec leur propre contenant. 

Par ailleurs, début juin, cette initiative s'est étendue en direction des enfants, en partenariat avec le SEA Aquarium de Singapour, pour les inciter à venir à l'école avec leur propre gourde, verre et boites à repas réutilisables. L'objectif de ce programme est de mobiliser, cette année, 20 écoles singapouriennes, soit 4 000 élèves environ. En s'alliant avec l'Aquarium, cette initiative montre directement le lien entre déchets plastiques et destruction de l'Océan. 

De nombreuses initiatives mettent en effet de plus en plus l'accent sur l'éducation des plus jeunes en informant sur les conséquences environnementales des déchets et notamment des emballages plastiques. 

 

Une exposition à voir avec les enfants 

L'Asian Civilisations Museum  propose également dans le cadre de la Children's season 2017 une exposition Ghosts Nets of  the Ocean et un atelier Tiny Turtles  pour sensibiliser le public aux

Singapour/tortue en plastique
conséquences des déchets sur les tortues. 

Cette exposition montre du matériel de pêche, des tortues, des calmars et des méduses fabriqués à partir de débris océaniques, y compris les filets de pêche abandonnés et les plastiques trouvés dans la mer. Toutes les ?uvres présentées sont réalisées par des artistes indigènes et non indigènes d'Erub Arts sur l'île Darnley dans le détroit de Torres en  Australie. Ces sculptures tissées colorées, accrochées,  suspendues et illuminées  montrent les liens entre les peuples de la mer et s'efforcent de sensibiliser à la pollution des océans, au recyclage et à la conservation du milieu marin.

Au regard de ces initiatives et sans attendre forcément tout d'un arsenal législatif coercitif, chaque personne a la possibilité de lutter pour la réduction de ses propres déchets ménagers en s'appliquant la règle des 3R. 

Et comme l'on dit populairement, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières ...

clémentine de beaupuy
Publié le 12 juin 2017, mis à jour le 4 avril 2021

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