Elles sont deux, souriantes, débordantes d'énergie et toujours à l'affut de nouvelles idées. Delphine Giron Le Martin (fondatrice de la marque) et Béatrice Burguet commercialisent depuis deux ans les Carrés Pain d'Epices à Singapour. Une success story qui témoigne de l'attrait des produits français à l'étranger et de l'importance des (bonnes) rencontres.
Delphine : Il y a longtemps que je porte ce projet en moi : quasiment dès ma sortie de l'EHL (Ecole Hôtelière de Lausanne). J'ai d'abord eu une belle expérience à Paris sur les bords du Canal Saint Martin, avec mon restaurant "le Sésame", calqué sur un modèle de coffee-shop à l'américaine. J'ai voulu créer ce restaurant pour apporter une expérience new-yorkaise (je suis fan de cette ville ou j'ai vécu pendant 3 ans!) autour de produits de saison de qualité. Ce premier succès entrepreneurial m'a donné confiance en moi.
Le nom "Carré Pain d'Epices" a été crée à cette époque mais il fallait que je me donne les moyens et le temps de réaliser correctement cette belle idée. Je l'ai donc laissée mûrir dans un coin de ma tête…
L'Inde a été le déclic ! L'opportunité de suivre mon mari en Inde m'a permis d'y trouver ce que je recherchais ; les épices, le miel… Le fait d'être “expat” m'a également permis de rencontrer des gens plein de talents qui comme moi avaient le désir de concrétiser leurs idées sans les contraintes "à la française". J'ai donc créé en Inde la recette, à partir d'une recette familiale et de l'origine historique du pain d'Epices. L'univers graphique de la marque a été réalisé en collaboration avec de jeunes entrepreneurs Français designers installés à New Delhi.
Mais c'est à Singapour que j'ai véritablement développé Carré Pain d'Epices. Une fois encore, c'est une "histoire" de rencontres. Rencontrer les "bonnes" personnes au bon moment. C'est là que j'ai rencontré Béatrice et, tout de suite, nous avons été en phase, ce qui nous a permis d'avancer ensemble rapidement.
Vous avez aujourd'hui plusieurs points de vente dans Singapour, ce qui vous permet de toucher directement la clientèle singapourienne. Que recherchent les Singapouriens en matière culinaire?
Delphine : Singapour est la ville multiculturelle et cosmopolite par excellence mélangeant cultures asiatiques et occidentales. J'ai tout de suite su que c'était ici que Carré Pain d'Epices serait le mieux compris. En effet, c'est un produit qui puise dans ses origines asiatiques et auquel je pense avoir apporté une touche de tradition gastronomique Française. Les Singapouriens sont passionné de gastronomie et même s'ils restent très attachés a leur traditions culinaires locales et régionales, je trouve qu'ils sont aussi très curieux de nouvelles saveurs et sont toujours prêts à découvrir de nouvelles expériences culinaires.
Comment les séduit-on avec des produits français?
Béatrice : Les Singapouriens sont très adeptes du petit packaging façon écrin. Ils sont curieux de goûts nouveaux et, en dégustation, aiment d'emblée la subtilité du produit, surtout s'il est mis en situation avec un petit morceau de fromage et un verre de vin blanc frais ! C'est pour eux une découverte gustative qu'ils ont plaisir à partager. Et comme ils ont cette culture du petit cadeau, je pense que ce qui les séduit c'est qu'il y en a pour tous les gouts et pour tous les moments de la journée !
Pour faciliter encore les choses, il suffit de leur rappeler que l'origine première du Pain d‘Epices (pain au miel) est asiatique. Gengis khan (grand empereur de l'empire Mongol du XIIe Siècle) en donnait à ses chevaliers.
Vous êtes deux associées dans cette aventure. Comment vous répartissez-vous les rôles?
Béatrice : Delphine est à l'origine de la marque : elle portait l'idée en elle depuis des années. Lorsqu'elle m'en a parlé, j'ai immédiatement adhéré et adoré le produit et le concept. Nous nous sommes associées. D'abord, nous avons tout fait à 2, puis nous avons pris nos marques en nous focalisant plus sur nos compétences. Delphine : développement, marketing, vente. Moi : production, finances, achats. Nous avons la chance de très bien fonctionner à deux, Delphine 100 idées à la seconde, c'est l'aventure Carré Pain d'Epices (elle vit carré) et moi tout aussi motivée mais plus terre à terre (forcément je tiens les comptes !).
Singapour est réputée pour son environnement économique favorable aux entreprises. Comment avez-vous vécu votre implantation ici?
Delphine : Si je compare avec ce que j'ai connu en France en ouvrant ma première entreprise, ici c'est génial ! C'est un environnement très porteur : on vous fait confiance "a priori" et il y a une belle dynamique entrepreneuriale. Mais il faut beaucoup de sérieux, les standards sont très élevés et la concurrence y est féroce. C'est un marché grand et petit à la fois.
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes entrepreneurs qui veulent se lancer?
Delphine : Etre entrepreneur est exaltant et passionnant. Mais, quels que soient la ville ou le pays, c'est un projet qui demande des sacrifices. Il faut une motivation sans faille pour pouvoir affronter les périodes de doutes. C'est aussi une expérience familiale : un projet entrepreneurial implique forcément toute la famille, et le conjoint doit être à 100% derrière l'entrepreneur. Il me parait également crucial de pouvoir s'entourer de partenaires. Ne pas hésiter à prendre des avis, à brainstormer. Au final l'entrepreneur a son idée mais il est souvent le nez dans le guidon, et le fait d'être entouré lui permet de prendre du recul et d'ouvrir de nouveaux horizons. Il faut donc aussi savoir se remettre en question et mettre un mouchoir sur son ego au bénéfice de ce qu'il y a de mieux pour l'entreprise. La satisfaction de voir son projet vivre en vaut la peine !
Ludivine Hamy (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 3 février 2014
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