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LYCEE FRANÇAIS DE SINGAPOUR - Rencontre avec Bernard Pujol, Proviseur

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 6 novembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

Ancien joueur et entraineur de rugby en 1ère Division, le nouveau Proviseur du Lycée Français de Singapour est un homme de contact, qui mise sur l'équipe et privilégie le mouvement. Une chance, au moment où les enjeux  du LFS sont de s'adapter sur le plan pédagogique, à l'évolution de la technologie et de faire face à la croissance sans perdre les valeurs de proximité et de partage qui ont fait son succès.  

LE DEFI DE LA CROISSANCE

Lepetitjournal.com - Quels sont les chiffres actuels du LFS et quelles sont ses projections pour l'avenir ?
Bernard Pujol
- Le LFS compte aujourd'hui 2400 élèves, un chiffre en augmentation de 10% par rapport à l'an dernier, comme ce fut déjà le cas les années précédentes. Le Lycée emploie au total 293 personnes, administratifs et enseignants. Le projet de construction en cours permettra, en septembre 2015, d'accueillir plus de 3.000 élèves. L'année scolaire 2014-2015 sera donc un réel challenge, en raison du manque d'espace et des travaux.  A l'issue des travaux, nous aurons un grand campus, avec de magnifiques locaux d'enseignement et de nouveaux espaces sportifs.

Bernard Pujol
A quels types de défi êtes-vous confrontés ?
Nous devrions atteindre 3500 élèves entre 2015 et 2018. L'objectif est de garder la même qualité de contact avec les parents, les personnels et les élèves. Les enseignants sont extrêmement investis dans une multitude de projets pédagogiques, sportifs, culturels ou humanitaires.  En ce qui me concerne, ma priorité est de m'approprier tous ces projets et, grâce au projet d'établissement du lycée, de donner de la cohérence et  du sens. Nous devons  construire un plan d'orientation de l'école, qui soit un label d'excellence, conforme aux attentes des parents, tout en garantissant l'épanouissement des enfants et une réalisation des personnels de l'établissement. Par mes expériences avec de grands lycées français tels que Madrid, Barcelone, Londres ou Bruxelles, je retiens qu'il est nécessaire de se préparer à devenir une grosse structure.

PROJET D'ETABLISSEMENT

Comment s'y préparer ?
L'objectif est de partager avec les gens une vision, une volonté commune d'adhérer à un projet pédagogique. La spécificité de notre métier est d'accompagner les nouvelles générations. Le but n'est pas seulement d'enseigner le français ou les mathématiques, mais aussi de préparer les jeunes à la réalité à laquelle ils seront confrontés. Celle d'un monde qui évolue sans cesse, dans lequel certains devront changer de métier à plusieurs reprises pendant leur vie professionnelle. Il faut accompagner le mouvement et, pour ce faire, s'appuyer sur notre réseau des lycées français à l'étranger, notre culture et notre éducation.  Pour cela nous disposons de personnels engagés et compétents et nous avons également la chance d'avoir un Conseil Exécutif qui met à disposition des moyens et des outils de qualité au service de tous nos personnels.

Autour de quelle vision souhaitez-vous élaborer ce projet ?
Il s'agit de réfléchir ensemble sur le lycée de demain et de se former aux outils et aux pédagogies nouvelles. En ce sens, l'espace numérique de travail dans les pratiques pédagogiques et la didactique est une vraie réflexion. Ces nouveaux supports  vont faire encore évoluer la manière d'enseigner où le professeur sera toujours présent en utilisant les différents outils à sa disposition (TBI*, VPI, Tablettes….) et aussi le manuel indispensable à la bonne conduite des apprentissages.

Comment cela se passe-t-il sur le plan linguistique ?  Avec la multiplication des classes bilingues, on peut, semble-t-il, avoir une proportion importante d'élèves qui sont plus à l'aise en anglais qu'en français.
C'est un sujet important pour la communauté parentale du lycée.  Il est légitime que les parents  demandent plus d'anglais,  compte tenu de l'importance de cette langue à l'international et dans le contexte local. L'important est de trouver le juste équilibre.  Pour nous lycée français, il est nécessaire d'asseoir une vraie maîtrise de la langue française. Parallèlement, il faut faire émerger une culture plurilingue.  Non seulement en anglais et français, mais également en espagnol, en allemand et mandarin. En tout état de cause, la maîtrise de la langue française est un socle commun nécessaire à tous nos enfants.

Quel bilan faites-vous de ces premiers mois ?
Un bilan très positif. J'ai conscience d'avoir  la chance de travailler dans un lycée qui est l'un des plus beaux et les plus importants du réseau de l'AEFE (agence pour l'enseignement français à l'étranger), de travailler avec d'excellentes équipes, et de bénéficier d'un véritable soutien de la part du Conseil d'Administration et du poste diplomatique. En revanche, je sens que les gens ont vis à vis de moi des attentes fortes concernant le pilotage de l'école. En interne, comme chez les parents, mon  écoute est grandement sollicitée.   

Au niveau des personnels, l'enjeu est la formation tant sur le plan professionnel  que personnel. C'est en ce sens que nous avons entamé des formations en langues pour compléter le plan régional de formation continue mis en place par notre réseau dans la zone Asie : apprentissage du français en partenariat avec l'Alliance française et de l'anglais avec le British Council.
Cela s'inscrit dans une démarche de valorisation des parcours des intéressés et dans un contexte de formation continue tout au long de la vie. Ces personnels du Lycée français pourront plus tard d'autant mieux capitaliser sur leur expérience, qu'ils auront obtenu des compétences linguistiques supplémentaires.

Il y a eu beaucoup de changement cette année, notamment dans la gouvernance de l'établissement avec l'arrivée d'un Directeur Exécutif. Comment cela se passe-t-il ?
Très bien. Cela a été facile de trouver un équilibre avec le directeur exécutif, M. Regottaz, dans la mesure où notre objectif commun est de permettre la réussite des élèves et assurer l'excellence de l'enseignement. Nous partageons et échangeons sur tous les sujets pour prendre les décisions les plus adaptées aux besoins de l'établissement et avoir des perspectives différentes.

Passes croisées

Pouvez-vous nous parler de l'influence du rugby dans votre métier ?
C'est le rugby qui a fait ma vie d'homme. J'ai eu la chance de pouvoir m'entraîner à un haut niveau et de rencontrer de fortes personnalités comme André Quilis, Pierre Villepreux, Guy Noves, Daniel Herrero, qui m'ont permis de vivre et de partager ces valeurs propres au rugby.
De par ce jeu et mon expérience de joueur et d'entraineur, aussi bien en France qu'en Italie,  j'ai toujours ce besoin de contact  et d'émotion pour me réaliser. Le rugby enseigne le doute. Il est souvent vecteur d'une peur, qu'il faut maîtriser et dépasser  grâce à l'équipe qui vous protège et vous sublime.
Après avoir assumé de grosses responsabilités en Rugby, j'aspirais à poursuivre dans le domaine de l'encadrement. C'est ce qui m'a conduit à passer le concours de chef d'établissement qui est aussi à sa façon : un entraîneur.

Comment fonctionnez-vous ?
Je privilégie la rencontre et la relation humaine qui permettent de mieux se connaître, d'échanger, comprendre et chercher les meilleures solutions possibles aux problèmes posés.


Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 7 novembre 2013

*TBI: Tableau blanc interactif/ VPI: Vidéo projecteur interactif

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Publié le 6 novembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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