On connaissait l'Usage du Monde de Nicolas Bouvier ou encore Un Américain à Paris d'Edward Hopper. Aujourd'hui, les carnets de voyage sont passés sur la toile sous la forme de blogs. Décryptage d'un phénomène en pleine expansion qui donne un nouveau visage à l'expatriation.
Ils s'appellent Erika, Martin, Elodie ou Louis, pour n'en citer que quelques uns. Certains sont à Singapour depuis 6 mois, d'autres depuis 7 ans. Ils travaillent ? salariés ou free lance - et ont des vies actives ?souvent très actives ! Certains ont des enfants, d'autres pas. Leur point commun : ils font tous partie de la communauté des bloggeurs francophones de Singapour.
Un maître mot : le partage
Quitter son pays, sa famille, ses amis, son environnement, et se retrouver à des milliers de kilomètres, loin, très loin de ses repères et de ses habitudes. Avoir alors envie de partager ce que l'on voit, ce que l'on vit. Parler des personnes que l'on rencontre, des lieux et des pays que l'on découvre, des choses que l'on apprend. Voilà, en quelques mots, les motivations communes à tous les bloggeurs de Singapour.
« Mon blog est une façon de tenir mon journal de cette parenthèse de vie familiale loin de la France. C'est en fait une version plus riche, plus neutre et plus publique de mon profil Facebook », explique Elodie, auteur de Journal de Bord Made in Singapore. Remplaçant avantageusement les multiples mails aux amis et à la famille, le blog est un bon moyen de maintenir le contact avec ses proches et de partager avec eux les joies du quotidien comme les questionnements et étonnements liés à l'expatriation. « Economie, immigration, et démographie sont parmi mes thèmes préférés, souligne Martin qui tient un blog éponyme. Ce sont des forces qui viennent de loin et qui structurent, et vont structurer l'avenir de l'île. La politique de natalité, par exemple, est un vieux démon des pays asiatiques, et Singapour est aujourd'hui un peu coincé par ce sujet ».
Des échanges de bons plans?
Si les hommes traitent souvent de sujets de société, sans parler de leur vie personnelle, les femmes, quant à elles, osent d'avantage se livrer sur leur quotidien de femme (souvent active et entrepreneuse !) et de mère. C'est notamment le cas d'Erika, fondatrice du blog Active Mummy. « Ce qui m'a inspiré, ce n'est pas seulement Singapour. La « naissance » de mon blog était la conjonction de plusieurs choses : être devenue Maman m'a donné envie de partager mon « expérience » ou plutôt mon vécu. J'ai donc mixé les deux : c'est le blog d'une Maman française qui vit à Singapour et partage ses bons plans », précise Erika. Nombreux sont ainsi les blogs qui mélangent les thèmes et les sujets, alternant, souvent avec humour et dérision, les billets sur la vie de famille, les récits de voyages et les bons plans en tout genre (adresses de restaurants et de boutiques, idées de sorties?.).
? aux blogs spécialisés
Parallèlement, certains bloggeurs ont fait le choix de se spécialiser sur certains sujets. C'est le cas de Thibaud, connu de tous les globes-trotteurs et aventuriers de Singapour pour son blog Thibinspore. Arrivé à Singapour en 2006, Thibaud a créé son blog pour « partager (sa) passion pour le voyage et pour la région, et donner des idées et des tuyaux à ceux qui habitent Singapour ou qui viennent faire un tour en Asie. » Il est aujourd'hui une référence pour tous ceux qui souhaitent organiser un voyage ? plutôt sportif ? en Asie du Sud-est.
Dans un tout autre registre, le blog Les Cuisines de la Baronnerie?en Asie, crée par Aurore, « passionnée de cuisine », est consacré à la gastronomie sous toutes ses formes et présente recettes, bons plans et adresses. De même, Saveurs de Singapour, destiné tout particulièrement aux nouveaux arrivants (mais pas uniquement !) traite dans le détail des produits alimentaires de Singapour ? comment les reconnaître, où les trouver, comment les cuisiner. Contrairement, à la majorité des blogs qui sont le terrain d'expression d'une seule personne, Saveurs de Singapour est une ?uvre collective, fruit des connaissances et de l'expertise de neuf femmes, originaires de France et d'ailleurs (Chine, Inde). Comme l'explique Lei, l'une des membres de l'équipe, « je retrouve à Singapour les différentes sortes de nouilles, de sauces, de légumes verts, etc. que l'on a en Chine. Ce site me permet de revenir vers ma culture tout en me tournant vers les autres. »
Outil de dialogue et de rencontres
Ainsi, loin du journal de bord exclusif et égocentrique, le blog est un outil de dialogue, d'échange et, même, de rencontres. Dialogue et échange avec les futurs candidats à l'expatriation qui trouvent souvent dans les blogs les renseignements pratiques et les conseils nécessaires à une bonne installation. « Il m'arrive d'entamer une discussion avec quelqu'un que je ne connaissais pas auparavant et qui me dit au bout de 5 minutes « ah, mais c'est toi, Active Mummy, j'ai découvert ton blog quand je recherchais des infos sur Singapour, avant de déménager », constate Erika. Mais le dialogue ne s'instaure pas qu'avec des personnes situées à plusieurs milliers de kilomètres.
Les bloggeurs francophones de Singapour constituent aujourd'hui une communauté dynamique et très active, dont les membres se connaissent et se retrouvent régulièrement. « Des apéros bloggeurs sont organisés depuis plus d'un an, tous les 3 mois. Ils réunissent entre 15 et 25 bloggeurs à chaque fois. C'est une communauté fantastique ! Autant de points de communs que de différences, ce qui fait la richesse et l'intérêt des blogs à Singapour », se réjouit Louis, auteur du blog Paris-Singapore. Un enthousiasme partagé par Martin « On est tous assez différents, dans nos âges, nos métiers, nos points de vue, mais nous nous retrouvons sur des sujets à la croisée de la technique et de l'éditorial. Un peu comme si les anciens combattants parlaient comme des geeks, c'est assez frais !? De ces rencontres, est né dernièrement la plateforme Singapour ? les blogs, site agrégeant les informations publiés sur plusieurs blogs. Une bonne occasion pour partir à la découverte des blogs que vous ne connaissez pas encore?
Ludivine Hamy (Lepetitjournal/Singapour), republié le 20 août 2013
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