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SCIENCE ET ENVIRONNEMENT – L’ambitieux projet REIDS pour les énergies renouvelables.

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Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 2 décembre 2015, mis à jour le 9 décembre 2015

Singapour lance le premier démonstrateur de recherche des tropiques pour l'intégration des énergies renouvelables. Le projet REIDS (Renewable Energy Integration Demonstrator ? Singapore), inauguré en octobre 2014, entre en phase opérationnelle. Piloté par l'institut de recherches pour l'Energie (ERI@N) de la Nanyang Technological University (NTU), soutenu par le gouvernement et onze partenaires industriels internationaux, ce projet conçoit et teste, in situ en grandeur nature sur l'île de Semakau, les solutions énergétiques d'un développement durable des zones insulaires d'Asie du Sud-Est.

Pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux de demain, dans le respect d'impératifs environnementaux, sociaux et économiques, le développement des énergies renouvelables apparaît aujourd'hui indispensable. Malgré de sérieux efforts, on estime aujourd'hui* que 1,2 milliard de personnes (17% de la population mondiale) n'ont pas d'accès à l'électricité dans le monde. D'autres communautés sont alimentées par groupes diesel et sont confrontées à des coupures de courant et à des coûts élevés liés au transport du carburant. La majeure partie de cette population vit en Afrique, en Asie du Sud-Est en Amérique Latine, dans des zones rurales et isolées.

L'électrification durable des populations éloignées constitue un enjeu énergétique majeur, un challenge scientifique et une opportunité d'essor économique formidable pour la région. S'agissant de zones reculées, la solution ne peut être que locale par l'utilisation des énergies renouvelables et des micro-réseaux, ou microgrid, ces petits réseaux de distribution intelligents, capables d'intégrer différentes installations locales de production, de consommation et de stockage et de piloter l'offre et la demande pour un approvisionnement fiable et de qualité à un petit nombre de consommateurs.

Dans ce contexte, Singapour se pose en leader régional pour le développement des énergies propres et des microgrids et ouvre la voie avec le projet REIDS (Renewable Energy Integration Demonstrator ? Singapore), véritable vitrine technologique. L'objectif est de concevoir, tester et démontrer à grande échelle les solutions pour une transition énergétique du territoire à moindre coût et un accès durable à l'énergie des communautés hors-réseau d'Asie du Sud-Est.
Le démonstrateur est implanté sur l'île artiicielle de Semakau, située à 8 km au Sud-Ouest de Sentosa et qui est le site d'enfouissement des déchets solides de Singapour, exploité par la NEA, l'Agence Nationale pour l'Environnement. On y trouve aujourd'hui des bureaux, des camions et divers engins industriels pour le traitement des déchets, ainsi qu'une alevinière ; autant de consommateurs à alimenter.

« Notre objectif est de faire de REIDS un vecteur de transition énergétique en Asie du Sud-Est. Le choix de ce site présente de multiples intérêts », explique Roch Drozdowski-Strehl, directeur adjoint à ERI@N de REIDS. « L'île de Semakau est tout d'abord exemplaire d'une gestion durable des déchets non dangereux et non méthanisables du territoire ; c'est ensuite un site qui permet de réunir une diversité de consommateurs tertiaires, industriels et résidentiels afin d'étudier avec eux les solutions décentralisées de production et d'intégration de l'énergie les mieux adaptées. Associant notamment production d'énergie renouvelable, de biomasse et d'eau potable, nous souhaitons en faire un écosystème représentatif de divers cas que nous pouvons trouver dans la région. Enfin, sa proximité avec Singapour en fait un lieu de démonstration idéal, offrant la possibilité aux partenaires et investisseurs de se rendre aisément sur place ».

Le projet entre à présent en phase opérationnelle avec la construction d'ici mars 2016 d'un premier microgrid, constitué de 3000m2 de panneaux photovoltaïques, éoliennes et moyens de stockage d'énergie qui seront intégrés aux infrastructures existantes. La puissance installée sera de l'ordre du mégawatt électrique, capable de répondre aux besoins d'un village, d'une petite île ou encore de 250 appartements 4 pièces. La seconde phase portera sur le déploiement de trois autres microgrid intégrant de plus énergies marine et issue de la biomasse. Ces micro-réseaux fonctionneront en autonomie ou interconnectés.

Le principal challenge technologique sera l'intégration de ces différents systèmes au sein du réseau grâce à des outils de contrôle et de pilotage intelligents qui permettront notamment de pallier l'intermittence des énergies renouvelables, actuel frein majeur à leur déploiement massif dans le mix énergétique.

Cette initiative est soutenue par l'Economic Development Board (EDB) et la National Environment Agency (NEA). Un investissement colossal initial de 8 millions de dollars singapourien, qui devrait encore attirer dans les cinq prochaines années plus de 20 millions de dollars d'investissements pour le développement et la commercialisation des solutions énergétiques du futur pour l'Asie du Sud-Est. Les onze partenaires industriels de cette initiative révolutionnaire sont des leaders mondiaux de l'énergie et des industries propres : Accenture, Alstom, Class NK, DLRE, GDF Suez (ENGIE), Renewable Energy Corporation (REC), Schneider Electric, Sembcorp, Trina Solar, Varta and Vestas.

REIDS ouvre ainsi la voie des îles énergétiquement indépendante en Asie du Sud-Est, associant 100% énergies renouvelables et maîtrise des coûts. Un bel exemple du dynamisme de Singapour et de son innovation dans des domaines à forts enjeux pour la région.

Cécile BROSOLO (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 2 décembre 2015

Vidéo de présentation de REIDS par NTU ERI@N

Le site du projet REIDS - ERI@N

Le français Roch Drozdowski-Strehl est le directeur adjoint du projet REIDS au sein de l'institut de recherches ERI@N. Avant de rejoindre la NTU, il a travaillé en recherche appliquée sur les technologies de réseaux intelligents pour ENGIE et en stratégie pour GRDF, en tant que chargé de mission pour les réseaux intelligents. Il est diplômé de l'école d'ingénieurs SUPELEC, du master Européen de Gouvernance et d'Administration de l'ENA et du programme Stanford Ignite pour l'innovation et l'entreprenariat.

notes:

* Selon le rapport de L'Agence internationale de l'énergie (AIE) « World Energy Outlook », édition 2015.
http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/WEO2015ES_FRENCH.pdf
 Les déchets solides sont les déchets non toxiques, non recyclables et non incinérables (ou des résidus d'incinération) compactés et entreposés à long terme. Semakau est un territoire artificiel créé à partir des îles de Sakeng et Semakau pour couvrir les besoins de traitement de Singapour jusqu'en 2035.

Cecile Brosolo
Publié le 2 décembre 2015, mis à jour le 9 décembre 2015

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