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DEVELOPPEMENT URBAIN – Singapour regarde vers le bas

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 23 octobre 2013

Que faire quand la population grandit, que le territoire est réduit et la hauteur des immeubles limitée ? Les Singapouriens qui, confrontés aux défis les plus ambitieux n'ont pas l'habitude de contempler leurs pieds, regardent cette fois en dessous. Si prometteuse qu'elle soit, la perspective d'un espace urbain, dont ne pointerait qu'une partie au dessus du sol, laisse songeur au regard de la "qualité de vie" qui est aujourd'hui au c?ur des projets de la cité Etat.

"Un environnement de haute qualité pour tous les Singapouriens".

L'ambition affichée par le ministère du Développement prend toute sa valeur lorsqu'elle est confrontée aux défis de la croissance, particulièrement celle de sa population. Singapour abrite aujourd'hui une population de 5,4 millions d'habitants. Dans le cadre de son livre blanc sur la population, le gouvernement envisage la possibilité d'atteindre le chiffre de 6,9 millions d'habitants en 2030. Comment maintenir voire développer la qualité de vie de ceux qui résideront dans la cité Etat dans 15 ans ?

Au moment d'expliquer la nécessité d'anticiper les évolutions pour mieux planifier le développement des infrastructures nécessaires, le ministre du développement se fait volontiers pédagogue (cf vidéo). Il compare la planification urbaine à l'organisation d'un mariage . En résumé : "comment organiser la fête si vous ne savez pas combien de convives seront là ? Il faut faire des hypothèses. Tabler sur un chiffre de 1.000. Peut-être seront-ils moins. Vous aurez engagés des frais. Mais comment faire autrement ? Il n'est pas possible d'accueillir 1.000 personnes si la fête n'a pas été préparée à l'avance. C'est la même chose sur le plan urbain. On peut construire plusieurs centaines de milliers de logement, mais cela n'est possible que si c'est programmé dans le temps". 

(ou voir la video en cliquant sur ce lien)

Un défi aux multiples façettes

Le défi est d'autant plus complexe qu'il est multiforme. Il ne s'agit pas seulement de logement ? construire de bons logements à des prix accessibles-, mais aussi de qualité de l'environnement ? devenir une cité dans un jardin-, de transports ? meilleure mobilité grâce à une plus grande connexion des transports-,  et d'économie ? soutenir une économie active offrant de bons emplois.

Trouver de la place pour accompagner la croissance et garantir un environnement de qualité dans le futur.

Face à la croissance de sa population, les ressources de Singapour sont limitées. Le territoire est restreint et les opportunités de gagner encore du terrain sur la mer sont réduites. 1 cinquième des territoires de l'actuel Singapour ont déjà été gagnés sur la mer, recomposant de manière spectaculaire le paysage urbain (cf les photos ci-dessous présentant les métamorphoses de la ville à l'URA*).

 

 

 

 

 

 

 

 



Il est possible de croître de manière verticale. La Cité Etat ne s'en prive pas, avec 3 bâtiments- UOB plaza One, Republic Plaza et OUBC- qui culminent à 280 mètres de haut, et une forte densité de gratte-ciels. Mais le ciel même impose des limites. Dans le quartier des affaires, il est impossible de construire plus haut. la hauteur maximum est fixée à 280 mètres en raison de la proximité de la base militaire de Paya lebar.

Singapour souterrain
Reste alors la tentation de développer l'espace urbain de manière souterraine, avec le risque de recevoir ses invités dans la cave.

Le 4 Septembre dernier, le ministre du Développement, M Khaw Boon Wan a évoqué pour la première fois l'idée d'un master plan qui explorerait les opportunités d'un développement à grande échelle de l'espace souterrain. Citant les exemples du Japon, des pays scandinaves et du Canada, le ministre a rappelé qu'il était possible d'exploiter l'espace souterrain pour développer des hubs de transports, faciliter les déplacements des piétons, ouvrir un espace aux cyclistes, créer des usines de fabrication d'énergie ou multiplier les centres commerciaux. Dans lesdits exemples, il s'agit de se protéger du froid. A Singapour, la vie "underground" met à l'abri de la chaleur et de l'humidité.

Une grande partie de la surface commerciale d'ION est souterraine.

Singapour, selon le ministre, a fait jusqu'ici bon usage de son espace souterrain pour y installer des centres commerciaux et des passages pour les piétons, de même que 12 km d'autoroutes et 80 km de métro. En 2008, Le dépôt de munition de Seletar East a été déménagé en sous-sol, sous le site de Mandai. Enfin, JTC's Jurong Rock Caverns sera, lorsqu'il sera achevé en 2014,  le premier espace de stockage souterrain de pétrole et de produits chimiques. Nul doute que Singapour saura maintenir dans ce domaine un leadership que la Nanyang Technological University s'est donné pour mission de développer avec la création en 2011 du Nanyang Centre for underground Space**. Pourtant, si un jour l'expérience de Singapour devait se limiter à une promenade du type de celle menant du Shaw centre à Ngee Ann City en passant par Ion, sans jamais voir le soleil, on ne manquerait pas de regretter le plaisir déjà rare d'une flânerie dans les rues de Little India, Chinatown ou Kampong glam.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 23 octobre 2013

*Site URA (Urban Redevelopment Authority)

** Site NTU (Nanyang Technological University)

logofbsingapour
Publié le 22 octobre 2013, mis à jour le 23 octobre 2013

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