Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 2

J'AI TESTE POUR VOUS - Une opération en hôpital chinois !

opération hôpital chinois opération hôpital chinois
Écrit par Gaëlle Déchelette
Publié le 21 novembre 2018, mis à jour le 22 novembre 2018

David s’est cassé le nez en juillet 2017. Arrivé depuis peu à Shanghai, il ignorait tout du système médical chinois. Lorsqu’on lui a indiqué que le meilleur hôpital pour les chirurgies du visage était un hôpital public local, il ne savait vraiment pas à quoi s’attendre. Voici ce qu’il a pu constater.

 

L’admission : un dédale de couloirs

Le jour de l’accident, David s’est d’abord présenté à l’accueil d’un hôpital public voisin avec un sinophone. Et heureusement, car malgré la présence d’un accueil "VIP" (soit vous payez pour passer plus vite, soit vous attendez), cela lui a rendu la communication plus fluide.

Il s’est rendu au comptoir à l’accueil, il a payé une indemnité forfaitaire et obtenu un reçu. Il s’est ensuite rendu dans un autre bâtiment où il a fallu qu’il attende son tour. Là, l’infirmière a constaté que le nez était cassé, et a prescrit une radio.

Retour au premier building pour refaire la queue, repayer et recevoir un nouveau reçu. De nouveau l’attente, dans un autre bâtiment. À la suite de cette radio, on lui a indiqué qu’il fallait qu’il aille se faire opérer dans un autre hôpital réputé.

Le tout lui a pris deux heures.

Le lendemain matin, David se rend au deuxième hôpital. Même scénario, il doit refaire la queue, payer un nouveau ticket et attendre son tour. Au bout de deux heures, le docteur lui confirme qu’il doit attendre que sa figure désenfle, et lui donne rendez-vous quatre jours plus tard, directement au troisième étage.

Le jour J, ils se rendent au troisième étage, mais on lui indique qu’il faut tout de même aller payer à l’accueil, donc encore une fois, il fait la queue. On lui demande de remplir un formulaire qu’il remplit en anglais, mais doit le refaire car l’hôpital n’accepte que les documents rédigés en chinois. On lui fait une prise de sang, et on lui demande de revenir le lendemain matin pour se faire hospitaliser.

 

sante-hopital-chine-chinois-test

 

L’opération : efficace mais spartiate

Cette fois, il est placé dans une chambre et on lui donne un pyjama à rayures blanches et bleues, un peu comme les frères Dalton dans Lucky Luke. Il y a trois autres hommes dans la chambre en attente d’une opération. Ils sont tous accompagnés de leur femme ou d’un proche, David est venu seul, mais on lui demande de faire venir un proche.

Le docteur passe avec d’autres praticiens pour examiner les patients. Ils parlent entre eux mais n’échangent pas une parole avec les patients. Personne n’explique comment va se passer l’opération. Un infirmier emmène les quatre hommes de cette chambre ainsi que les quatre autres de la chambre d’à côté. Les huit hommes seulement vêtus de leur pyjama d’hôpital et l’infirmier doivent traverser la rue dans cette tenue pour accéder à un autre bâtiment ou ils font une radio du thorax, et un examen cardiaque (en prévision de l’anesthésie). À la suite de quoi tout ce petit monde repart encore une fois dans la rue en pyjama pour faire une radio du nez dans un autre building, avant de revenir à leur chambre.

David se fera opérer le lendemain matin (il a demandé à partir de l’hôpital en jurant de se présenter à jeun). Lorsque son tour arrive, il est mis sur un brancard, et on lui fait traverser le parking de l’hôpital afin de pouvoir accéder à un autre bâtiment (heureusement, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, et il ne pleuvait pas). Il est emmené en salle d’opération. La précédente se termine, il prend la suite. Il sera ramené directement dans sa chambre car il n’y a pas de salle de réveil.

Lorsqu’il se réveille après l’opération, il a le nez douloureux et des tubes qui le sortent de partout. Il est plus de dix-huit heures et il n’a pas mangé depuis vingt-deux heures la veille au soir, mais il doit encore attendre six heures avant de manger, en raison des résidus de sang secs qui peuvent l’étouffer. On lui dit également qu’il ne doit pas chercher à bouger.

Suite à son opération, on l’a branché à une machine pour surveiller ses rythmes cardiaque et respiratoire. A 23h30, n’y tenant plus, David se débranche afin de se lever. La machine bipe, mais personne ne vient. Il revient, se rebranche, ni vu ni connu.

Lorsqu’arrive minuit, il demande s’il peut enfin manger, l’infirmière lui répond que ce n’est pas sa responsabilité. De toute façon, les cuisines sont fermées. Lorsqu’il demande de l’aide pour se redresser, l’infirmière demande à la femme de David de tourner la manivelle du lit elle-même.

Malgré cela, les trois jours qui suivent se passent bien, on lui administre 5 litres de perfusion par jour pour aider à la cicatrisation, de sorte que quatre jours après l’opération, il est comme neuf, contre quatre à cinq semaines en moyenne.

Coût de l’opération : environ 20.000 RMB avec l’hospitalisation. Moralité : prévoyez une bonne assurance contre les accidents !

 

sante-hopital-chine-chinois-test

 

Bilan :

Les plus :

- Opération et soins physiques de premier ordre. Beaucoup de médecins chinois choisissent de rester dans le public car ils peuvent effectuer beaucoup d’opérations diverses.

- L’hôpital public coûte beaucoup moins cher qu’une clinique privée.

 

Les moins :

- Le service (ou l’absence de service) qui va de pair avec le coût plutôt bas.

- L’absurdité de devoir changer de bâtiment et de se retrouver en pyjama d’hôpital en pleine rue.

- Le processus un peu long de devoir refaire la queue pour chaque nouvel examen ou prescription. Ce processus risque d’être amélioré puisqu’un hôpital du Zhejiang a introduit la reconnaissance faciale pour diminuer les files d’attente.

 

Notes pour plus tard :

- Faites-vous accompagner d’un sinophone pour communiquer, car les hôpitaux publics ne disposent pas tous d’un accueil anglophone. La plupart des médecins et infirmières ne parlent que chinois.

- Lors d’une première visite, on vous demandera de fournir plusieurs renseignements, ainsi que votre passeport (mieux vaut prendre l’original avec vous).

- Si vous vous faites hospitaliser, la présence d’un proche est indispensable car ce sont eux qui ont la responsabilité d’avertir les infirmiers si quelque chose se passe mal, et pour assister le malade.

- De même, on vous donnera une liste de choses à apporter (bol, baguettes, nécessaire de toilette etc) car rien n’est fourni par l’hôpital.

 

 

Gaëlle Déchelette
Publié le 21 novembre 2018, mis à jour le 22 novembre 2018

Flash infos