Édition internationale

Olivia Richard à Shanghai : "Porter la voix des Français de l'Etranger au Sénat"

À l'occasion de la visite à Shanghai de Olivia Richard, sénatrice des Français de l'étranger depuis 2023, nous avons pu la rencontrer pour parler de sa mission et de ses échanges avec la communauté des Français de Shanghai.

olivia richardolivia richard
Écrit par Didier Pujol
Publié le 28 avril 2025, mis à jour le 30 avril 2025

Les Français de l'étranger ont des défis spécifiques 

 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis sénatrice des Français de l’étranger depuis 2023. Avant cela, j’ai travaillé 20 ans auprès de Robert Del Picchia, sénateur, notamment sur les questions électorales des Français de l’étranger et, plus particulièrement, du vote par Internet. J’ai aussi travaillé 18 mois avec Olivier Cadic après les sénatoriales de 2021, avant de me présenter en tête de liste en 2023.

 

Qu'est-ce qui vous anime dans votre mission de sénatrice ?

Ce qui me motive au quotidien, c’est de faire entendre la voix des Français établis hors de France. Il faut expliquer qu’ils ne sont pas les caricatures d’exilés fiscaux souvent véhiculées en France. Ils ont des défis bien spécifiques : scolarisation des enfants, protection sociale, isolement... Mon rôle est de défendre leurs intérêts et d'améliorer leur représentation électorale.

J'ai grandi dans un environnement international

 

Quel est votre lien personnel avec l'étranger ?

J’ai grandi dans un environnement très international : ma mère a dirigé plusieurs Alliances Françaises en Argentine, et mon père a été directeur d'Air France à l'étranger. Cela m'a donné une compréhension naturelle des problématiques des Français expatriés. Mon engagement vient surtout de mon travail parlementaire de longue date à leur service. Depuis mes 24 ans, date de mon entrée au Sénat, je vis quotidiennement au rythme des Français de l’étranger.  

 

Parmi vos priorités, il semble que le vote des Français de l'étranger soit important ?

Oui. La participation électorale est un grand sujet. Le vote par Internet, mis en place dès 2003, est un progrès important, mais il reste des efforts à faire. Quand il faut parfois parcourir 800 km pour voter, c’est un frein majeur. Il est aussi crucial de renforcer le mandat des conseillers des Français de l'étranger pour donner plus de poids à leur action et inciter les électeurs à voter aux élections consulaires. 

 

senatrice shanghai
Olivia Richard en compagnie de Céline Pozzobon et du docteur Xin CHEN, formé en France aux politiques de santé publique

Les violences aux femmes à l'étranger sont en enjeu

 

Vous travaillez aussi sur la cause des femmes françaises à l’étranger ?

Absolument. En tant que membre de la Délégation aux droits des femmes du Sénat, j’ai constaté que beaucoup de femmes françaises à l’étranger sont exposées à toutes les formes de violences : isolement, violences économiques, conjugales, administratives, mariages forcés, mutilations génitales... Et l’éloignement aggrave souvent leur vulnérabilité. Nous manquons encore de données précises sur leur situation, car l’inscription au registre consulaire n’est pas obligatoire. Le recensement est donc prioritaire, pour permettre la détection puis l’accompagnement. 

 

Quels projets concrets avez-vous portés récemment pour aider ces femmes ?

Plusieurs actions ont abouti. Une convention entre le ministère des Affaires étrangères et la plateforme d’aide Save You a été signée récemment, permettant un meilleur soutien aux femmes victimes de violences. Un guide de « première écoute » à destination des élus a été diffusé. Nous travaillons aussi à dupliquer un dispositif de soutien aux victimes de violences intrafamiliales tel que mis en place à Singapour, qui permet de s’adapter à chaque pays. Je souhaite également que les victimes françaises à l’étranger puissent porter plainte en ligne, car actuellement, la seule voie est d’envoyer un courrier au procureur de Paris – ce qui est archaïque, surtout dans les pays sans service postal fiable.

 

Chasse aux oeufs
Olivia Richard devant le stand du Lycée Français de Shanghai lors de la chasse aux œufs 2025 à la Villa Basset

Les associations de Shanghai sont essentielles

 

Lors de votre voyage en Chine, vous avez aussi rencontré des experts juridiques ?

Oui, à Shanghai, grâce à Céline Pozzobon, conseillère des Français de l'étranger. Nous avons rencontré des avocates locales qui accompagnent des Françaises dans des procédures souvent complexes. Nous avons aussi échangé avec les équipes consulaires sur les besoins d'information et d'accès au droit pour nos compatriotes, notamment sur les questions de santé reproductive.

 

Vous avez rencontré de nombreuses associations à Shanghai ?

Effectivement. Nous avons fait un tour de table avec Solidarité Shanghai, La Ruche, La JEF, l’Association des familles franco-chinoises, Shanghai Accueil, l’UFE… Tous font un travail formidable pour aider la communauté française. Nous avons aussi vu un très beau projet d’exposition photo sur les femmes dans les sciences au Lycée Français de Shanghai, en lien avec les travaux du Sénat sur ce sujet.

 

La Ruche
Rencontre avec le tissu associatif français de Shanghai ainsi que les équipes du Lycée Français de Shanghai

Les Français de Shanghai sont très dynamiques

 

Vous avez également parlé de la communauté d'affaires ?

Oui, la communauté d'affaires française à Shanghai a beaucoup souffert de la crise du Covid. De 14 000 Français il y a dix ans, on est tombé à 6 000 aujourd'hui. Il est crucial d’encourager les jeunes générations à venir en Chine via des stages et des programmes comme les VIE (Volontariats Internationaux en Entreprise). Nous espérons que les facilités récemment accordées à Pékin s’étendront bientôt à Shanghai.

 

Quel bilan tirez-vous de ce déplacement ?

J'ai été impressionnée par le dynamisme de la communauté française malgré les défis. Mon message est clair : il faut être vigilant aux réalités des Français de l’étranger, car nos décisions politiques en France résonnent loin. Il faut aussi que les expatriés s’inscrivent au registre des Français de l’étranger et participent aux élections pour peser politiquement.

Je me déplace tous les mois à l'étranger

 

Quels sont vos projets de déplacement à venir ?

Mon objectif est de faire un déplacement par mois, selon les contraintes de l'agenda parlementaire et familial. Nous prévoyons de retourner en Chine en mars 2026 pour un événement autour de l’événement « He for She » et de la protection de la mer dans la région de Canton, en lien avec des jumelages entre villes françaises et chinoises initiés par les deux vice-présidents de la CCI, dont je salue le dynamisme.

 

Avez-vous d’autres messages pour les Français de l’étranger ?

Il faut continuer à se parler, créer des ponts entre associations, structures consulaires, économiques et conseillers des Français de l’étranger. Et surtout : s'inscrire au consulat et voter ! C’est crucial pour la représentation et l’influence des Français de l’étranger.

 

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