Édition internationale

La Chine se démarque dans la course aux puces électroniques

Alors que les Etats-Unis multiplient les sanctions, la Chine multiplie les innovations.

Chine Puce électroniqueChine Puce électronique
Puce électronique chinoise
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 12 septembre 2025, mis à jour le 10 décembre 2025

L’embargo américain comme catalyseur

Depuis 2019, les sanctions américaines visant des groupes comme Huawei ont bouleversé l’industrie chinoise des semi-conducteurs. Privée de technologies critiques comme celles de Qualcomm ou d’Intel, la Chine a choisi de réagir en investissant massivement pour développer une filière nationale autonome. Pékin a injecté des milliards dans la recherche et la production, tandis que des entreprises comme Huawei HiSilicon et SMIC ont misé sur la conception locale. Résultat : le processeur Kirin 9000S, entièrement chinois, est devenu le symbole d’un tournant stratégique. Parallèlement, la Chine s’est tournée vers des solutions ouvertes comme l’architecture RISC-V et la rétro-ingénierie, avec un objectif clair : s’affranchir des technologies occidentales. Ce basculement ne se limite pas à une réponse défensive. Il révèle une volonté d’innover, de combler le retard accumulé et, dans certains cas, de dépasser les standards existants. Selon plusieurs analystes, les sanctions américaines ont accéléré cette mutation au lieu de la freiner. Ce qui devait affaiblir le secteur chinois l’a finalement poussé vers l’indépendance technologique et a contribué à remodeler l’équilibre mondial des semi-conducteurs.

L’innovation s’accélère dans le domaine

Au-delà des investissements massifs, la Chine innove désormais dans la conception même des puces. L’équipe du professeur Li Hongge, à l’université Beihang, a mis au point une architecture hybride combinant logique binaire et logique probabiliste, presentée en juin dernier au monde. Baptisée HSN, elle réduit la consommation énergétique, renforce la fiabilité et s’adapte parfaitement aux usages de l’intelligence artificielle. Déjà testées dans des systèmes critiques, ces puces montrent que la Chine ne se contente plus d’imiter : elle explore de nouvelles voies technologiques. Des chercheurs de l’Université de Pékin ont présenté en mai dernier une autre innovation : une puce sans silicium, conçue à partir d’oxyséléniure et d’oxyde de bismuth. Selon leurs résultats, elle serait 40 % plus rapide et plus économe que les puces actuelles à trois nanomètres. Surtout, elle pourrait contourner les limites physiques du silicium, qui freinent aujourd’hui la miniaturisation.

Ces innovations, soutenues par des industriels comme la "Semiconductor Manufacturing International Corporation", et par des start-up spécialisées, visent à placer la Chine à la pointe des semi-conducteurs de nouvelle génération. Si elles passent à l’échelle industrielle, elles pourraient rebattre les cartes d’un secteur dominé depuis des décennies par les États-Unis et Taïwan.

Le nouveau marché mondial des semi-conducteurs

En parallèle des avancées technologiques, la Chine restructure toute sa chaîne de valeur. Huit des quarante plus grosses introductions en Bourse récentes à Shanghai concernent des entreprises de semi-conducteurs, signe d’un écosystème en pleine effervescence. Les start-up locales développent des processeurs graphiques pour l’IA, tandis que la production de semi-conducteurs couvre désormais 80 % de la demande intérieure, réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers. Cette montée en puissance inquiète Washington, qui multiplie les restrictions, notamment sur les puces Nvidia destinées à l’intelligence artificielle. Mais chaque sanction semble pousser Pékin à accélérer son autonomie, quitte à remplacer Intel et AMD dans les administrations publiques ou à produire ses propres processeurs pour le cloud et les centres de données. À moyen terme, cette stratégie pourrait modifier les équilibres mondiaux. Si la production de masse des puces sans silicium devient réalité, la Chine pourrait non seulement satisfaire sa demande interne, mais aussi concurrencer les géants historiques sur les marchés internationaux.
 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos