SENSATIONS DE CHINE – Salon de massage et idées reçues

Au sein de la communauté des expatriés, les avis concernant le massage chinois sont sans équivoque : on adore ou on déteste. En effet, cette expérience ne rime ni avec le mot douceur ni avec celui d'intimité, néanmoins elle nous plonge au sein de la culture chinoise.

Aujourd'hui je vous emmène dans un endroit traditionnel, un salon de massage tenu par des malvoyants. Les soins prodigués trouvent leurs origines dans la médecine chinoise.
Envie d'un moment de détente ?

L'entrée du salon de massage (photo TB)

 - Le massage chinois s'effectue par-dessus les vêtements -

Vous me direz heureusement, puisque nous sommes les uns à côté des autres ! En plus de vos vêtements, une serviette est intercalée entre vous et les mains du masseur. En dépit de toutes ces épaisseurs, ne vous inquiétez pas, vous ne perdrez rien de la tonicité du massage.

 - Le massage chinois ne se pratique pas dans le silence -

Ne vous attendez pas non plus à un massage en chambre individuelle avec une musique « bien-être » en fond sonore mais plutôt à ce que votre masseur vous fasse la conversation et vous pose des questions sur votre vie personnelle (d'où viens-tu ? es-tu marié ? pourquoi es-tu en Chine ?) Il est aussi tout à fait naturel qu'il réponde au téléphone tout en continuant son massage, que ses collègues prennent un petit encas (dont l'odeur embaume toute la pièce) ou bien que l'un d'entre eux allume sa cigarette.

 - Le massage chinois est douloureux -

Eh oui ! Il s'agit principalement d'un massage par points de pression. Généralement le masseur sait précisément (sans que vous ne lui disiez) là où vous avez mal. Ces points de pression peuvent être très douloureux, mais c'est une sensation qui peut se résumer à "ça fait mal et ça fait du bien en même temps". La détente vient bien souvent après-coup, et il est tout à fait accepté que vous restiez vous reposer sur votre table de massage un moment, une fois votre massage terminé. Sachez aussi que votre corps s'habitue petit à petit, et que ce type de manipulation peut réellement vous procurer du bien-être à force d'être régulier.

Chaque masseur a son propre style, à vous de trouver les mains qui vous siéent. Aller au salon de massage correspond pour moi à un moment de partage et d'échange. J'aime l'ambiance qui y règne. Certes, c'est une atmosphère qui ne correspond pas à celle d'un massage en Occident, mais cet endroit est chaleureux et vivant. C'est d'ailleurs dans les moments de spleen que j'aime aller y faire un tour. Prenez le temps de vous faire apprivoiser, d'échanger quelques mots avec eux, et je vous assure qu'ils vous réserveront toujours un accueil chaleureux.

Espace massage (photo TB)

Afin de vous faire découvrir un peu plus qui sont ces masseurs, j'ai mené une petite interview auprès de l'un d'entre eux.

Comment t'appelles-tu ?

               | Er Fu (rires)

Depuis combien de temps travailles-tu ici ?

               | Quatre ans.

Comment as-tu appris à exercer ton métier, à maîtriser ces techniques ?

               | Il existe un centre spécial pour aider les gens handicapés, comme moi qui suis malvoyant. A l'intérieur de ce centre, il existe                   une école qui nous permet d'apprendre à masser.

Combien tu effectues de massages en une journée ?

               | Entre sept et huit selon les jours.

Je peux te demander quel est ton salaire mensuel ?

               | (rires) 4000 RMB (l'équivalent de 500 euros) (rires)

Pourquoi il n'y a que des hommes qui travaillent ici ?

               | Parce qu'ici la plupart de nos clients sont des hommes, si jamais il y avait une masseuse, ce ne serait pas pratique.

               | La plupart du temps c'est pour se détendre, et aussi parce que beaucoup d'entre                  eux ont des problèmes au cou ou au dos.

Tu as beaucoup de clients étrangers ?

               | Énormément. La plupart sont des étudiants de l'université du Sichuan et aussi                        quelques professeurs.

Est-ce que tu aimes ce travail ?

               | Aimer ou ne pas aimer, ce n'est pas le problème. Comme nous sommes                        malvoyants, la seule chose que nous puissions faire, ce sont des massages. La                     question d'aimer ou de ne pas aimer ne se pose donc pas. Travailler dans un autre                   domaine ne serait vraiment pas pratique.

 Er Fu (photo TB)

Tatiana Buisson à Chengdu pour Lepetitjournal.com/shanghaiLe mardi 3 juin 2014

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