La gare ferroviaire, de style stalinien, très « années 50 », ne laisse point présager des splendeurs que conserve la ville de Hangzhou. Durement touchée lors de la Révolution culturelle, Hangzhou a repris, depuis les années 1980, ses marques de capitale historique de la Chine des Song du Sud, telle que Marco Polo au XIIIe siècle ou Ibn Battuta au siècle suivant, la découvrirent.
A bord d'un bus local, longeant le nord du lac de l'Ouest (Xihu) jusqu'au temple bouddhiste de Lingyin, on ressent peu à peu une drôle d'impression : à chaque arrêt, des passagers descendent?nulle part ou plutôt en pleine forêt ! Mais où peuvent-ils bien aller? Forêts, rivières, monts, étangs et lac forment l'essentiel des paysages touristiques de Hangzhou. Dans ces massifs touffus, à la suite de la Révolution chinoise de 1911, et jusque dans les années 1940, artistes, négociants enrichis et politiciens, ont érigé de belles villas, aujourd'hui classées, au contact de la nature et de l'eau. Parmi eux, nous pouvons citer le peintre Huang Binhong, la famille Guo, le gangster Du Yuesheng ou bien le président de la Chine nationaliste, Jiang Jieshi (ou Tchang Kai-shek) et son épouse Song Meiling.
La municipalité de Hangzhou sait exploiter, à bon escient, ses reliefs naturels et son patrimoine architectural. Deux bons exemples : l'imposante demeure du businessman Hu Xueyan, construite en 1872 et la rue commerciale de Qinghefang, dans laquelle on prend plaisir à déambuler.
Douce soie, thé fumant et réveil des Song
On peut aussi visiter Hangzhou, par arcs concentriques, d'ouest en est, des collines boisées jusqu'à la ville moderne. Au Musée National de la Soie, le circuit documentaire se clôt judicieusement en fanfare avec sept modèles féminins sur une revue de mode émoustillante. Enveloppé de matière soyeuse, on se dirige alors vers les pentes du Nangao Feng et du Qipan Shan pour humer les arômes du Longjing, un des plus fameux « crus » de thé vert de Chine.
Plus au nord, chaque jour, des milliers de pèlerins et de badauds battent la semelle sur le site rocheux et calcaire de Feilai Feng, ou « Pic volant », en face du temple chan de Lingyin.
Le nirvana semble bien loin des préoccupations des foules. La densité d'appareils photo est impressionnante, plus que le but lui-même de la promenade. Ici, 345 sculptures, représentant Bouddha Amithaba, Guanyin ou des disciples luohan, ont été réalisées dans des grottes aux époques Song et Yuan. Douceur, vivacité, rayonnement, ce sont bien là des trésors de l'art mondial !
François Gonse (www.lepetitjournal.com - Shanghai) - 14 octobre 2008
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