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BOUTIQUE - Spin, la céramique chinoise de Jingdezhen au cœur de la création

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 juin 2016

Spin, c'est une boutique, mais c'est aussi et surtout un univers poétique qui rassemble de jeunes créateurs talentueux tout droit venus de leur province. Visite de l'usine de fabrication, berceau de la créativité de ce petit bijou de magasin.

A une heure de route de Shanghai, on arrive près d'un grand parking, sur une espèce de plateforme sans vie. On nous indique une porte, que l'on pousse. On entre alors dans le temple de Spin dont on reconnaît immédiatement la marque de fabrique : sobriété, chic et souci du détail. Un long corridor, des dizaines d'ordinateurs et des croquis au murs, on nous explique que c'est ici que tout se fait : « on élabore des croquis que l'on envoie à notre directeur artistique à New York. Il valide nos planches et nos idées et nous commençons la création », nous explique Emma, une jeune recrue.

A quelques pas de là, nous entrons dans le hangar de fabrication. Celui-ci s'étend sur 1.000 m2, réparti en zones, chacune étant allouée à une tâche, tout comme chacun des 7 artisans qui travaille à l'usine. Dans ce temple de la perfection et du raffinement, la spécialisation est de rigueur. La 1ère salle est consacrée à la confection des moules, qui subissent ensuite un glaçage avant d'être enfournés. Dans la 2ème salle, on coule la terre dans ces mêmes moules afin d'obtenir la forme désirée. La 3ème étape du processus de fabrication est le trimming, c'est-à-dire le ciselage afin de travailler le détail des créations. S'ensuit ensuite le polissage, après un passage à la drying room (chambre de séchage). Dans la 4ème et dernière pièce, on opère un glaçage par vaporisation, puis l'étape de cuisson, dans des fours allant de 600 à 1300°. Ce qu'on appelle céramique n'est en réalité rien d'autre que la terre cuite recouverte d'un vernis.

Une équipe soudée et épanouie aux multiples talents

Formés à l'Academy of Fine Arts de Beijing ou à l'Université Tonji, ici on donne sa chance aux jeunes designers, pour peu qu'ils aient du talent. Dans cette usine qui redonne a à la céramique de Jingdezhen toutes ses lettres de noblesse, 100 pièces sont produites par jour et l'atelier compte 60-70 nouvelles créations par an. Spin compte 10 usines en Chine, embauchant chacune entre 7 et 10 personnes, soit un total de 100 employés. Les équipes vivent généralement sur place et recréent à leur manière une vie de famille en alliant dans la bonne humeur travail et vie en communauté. « Il y a une bonne ambiance, nous vivons comme une famille», confie Emma le sourire aux lèvres. Derrière cet empire, un homme, le Dr Guo, le même homme qui détient les restaurants Shintori et People 7. L'homme reste dans l'ombre et préfère faire la part belle à ses 9 designers qu'il souhaite promouvoir.

Vivre en poésie

Dans la boutique, le portrait de chaque artiste est d'ailleurs affiché, afin que les clients puissent mettre un visage sur le designer qui est à l'origine des créations exposées. Parmi eux, Emma, Shanghaienne de 23 ans, un diplôme de design industriel en poche, vit à l'usine depuis un an. Son acolyte Li Kai, originaire du Hunan, a le même âge et est diplômé en céramique ; ensemble, ils partagent une douce complicité qui fait chaud au c?ur. Timidement, tous deux dévoilent leurs créations, Emma nous présente un ravissant bol à thé avec incrustation de feuille, tandis que Li Kai dépose sur la table une série de petits bols assortis en un camaïeu de roses : « Ce sont des bols à saké, les bols vont de rose clair à rose foncé, l'idée par là étant de montrer l'évolution de la couleur que prend notre visage à mesure que l'on ingurgite l'alcool ! ».

Nous évoquons leur vie au quotidien et leur motivation. Emma est aussi souriante que touchante : « Ici nous apprenons la technique mais aussi une philosophie de vie. Les gens sont plus importants que les choses. Notre but n'est pas uniquement le design, notre mission est de toucher le c?ur des gens. Ici, et avec le Dr. Guo, nous apprenons à vivre en poésie. Changer, évoluer et grandir, tout cela est charmant ». 

Raphaëlle CHOËL www.lepetitjournal.com/Shanghai. Vendredi 15 février 2013

Informations boutique : voir notre rubrique bons plans

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 14 février 2013, mis à jour le 8 juin 2016
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