Depuis 1996, Yann Le Bail habite en Corée du Sud. Une aventure qui l'a "transformé" alors que le pays était en pleine mutation. Rencontre à Buam-dong, son quartier favori, où calme et nature règnent.
Situé entre le mont Bugaksan et Inwangsan, le petit quartier de Buam-dong semble paisible ce dimanche. Loin du brouhaha de la capitale, les petits cafés longeant l'avenue principale laissent échapper de douces odeurs par delà leurs fenêtres. C'est au café où se rend souvent Yann Le Bail, le Club espresso, ouvert depuis 1990, qu'on le rencontre. "C'est un peu la Corée qui m'a choisi", démarre Yann Le Bail.
Arrivé en 1996, et alors fraîchement diplômé, il travaille en tant que lecteur de français dans une université en province, à proximité de Daegu. "À l’époque, j’envoyais des lettres, les seuls informations que j’avais, c’était par la télévision coréenne", se rappelle-t-il. Un changement de taille puisque la péninsule sortait tout juste de régimes autoritaires, et signait l'arrivée du président Kim Young sam trois ans auparavant. "Je suis arrivé au moment de son ouverture et de sa démocratisation."
Professeur de français, figurant, professeur de mathématiques
Mais partir à l'aventure a aussi son lot de découvertes et parfois aussi de désillusions. "Je suis arrivé dans un pays qui n’avait pas les mêmes valeurs que la France et c'était très bien. Je me suis rendu compte que les valeurs françaises que je pensais universelles ne l'étaient pas", ajoute t-il. Dans la petite ville de Gyeongsan - côté sud-est - la situation n'a pas toujours été simple. "Il y avait peu d’étrangers à l'époque."
Une intégration au premier abord difficile, mais qui s'est amélioré avec le temps, d'abord en rencontrant celle qui allait devenir son épouse, puis en ouvrant son bar de quartier. "Je faisais parti de la guilde des commerçants, je n'étais plus l’étranger du coin. Ils ont réalisé que j'étais là pour rester et pour m’intégrer", se souvient-il.
"Ça a transformé ma vie, ça m’a ouvert au monde et ça m'a permis de relativiser mes valeurs"
Au cours de la balade à travers de petits passages secrets étroits et tortueux, Yann Le Bail parle avec passion de cette zone qu'il a déjà exploré maintes fois, "riche en histoire, belle, calme et avec un charme fou". Celui où il s'est installé avec sa famille avant que l'endroit ne devienne populaire. Parmi les souvenirs de son installation, un reste encore d'actualité aujourd'hui. "En 1996, il y avait des miroirs partout, ça m'avait choqué. Puis finalement j'ai compris qu'une des valeurs principales ici, c'est les apparences. Les grosses voitures, la chirurgie, le maquillage..."
Et quand on lui demande des conseils pour se préparer à vivre dans la péninsule, il faut d'abord se préparer à affronter ses problématiques et différences : "Ce n'est pas un pays de bisounours. Il y a des dangers, des personnes mal intentionnées comme en France. Il ne faut pas baisser sa garde notamment quand on est une femme." Puis également souligner ses nombreux avantages et changements comme la sécurité ou ses progrès sur l'écologie. Pour lui, "La Corée du Sud, ça a transformé ma vie, ça m’a ouvert au monde. Ça m'a permis de relativiser mes valeurs. Il y a d’autre façon de voir le monde et de l’approcher, on reçoit une leçon d’humilité par rapport au pays d'où l'on vient."
À voir à Buam-dong :
- CU, le convenience store où a été tourné le drama coréen Love Alarm.
> 237-8 Buam-dong, Jongno-gu, Seoul
- Sanmotoonge (산모퉁이), le café où a été tourné le drama Coffee prince (2007).
> 153 Baekseokdong-gil, Buam-dong, Jongno-gu, Seoul, South Korea
- Jahamun tunnel et ses escaliers, utilisé dans Parasite, film palmé d'or, réalisé par Bong Joon ho.
> 219, Jahamun-ro, Jongno-gu, Seoul, Korea
- Pavillon Bugak Palgakjeong, pour une jolie vue sur Séoul.
> 267, Bugaksan-ro, Jongno-gu, Seoul
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