Pour tenter de freiner la progression spectaculaire du coronavirus, le gouverneur de São Paulo, João Doria, a présenté de nouvelles mesures de restriction, faisant passer tout l’État en zone rouge ou orange pendant au moins deux semaines. Ce faisant, il a réaffirmé sa ligne d’action, à la fois protectrice et adossée à la science, à l’exact opposé du président Bolsonaro, qu’il n’a jamais cité.
Il avait des trémolos dans la voix quand il a affirmé, après un court silence : « sans vie, il n’y a pas d’économie ». Numéro d’acteur, comme disent les détracteurs de l’ancien présentateur de télévision, ou conviction profonde ? En tout cas les mesures annoncées (cf. ci-dessous) ne trompent pas sur la hiérarchie posée, et le message a été martelé tout au long de la conférence de presse que le gouverneur João Doria a tenue, ce samedi 23 juin, en compagnie des coordinateurs du comité d’urgence et de trois de ses secrétaires d’État (santé, développement économique et éducation).
Dans un partage des rôles savamment organisé, médecins et politiques ont en effet tous déroulé le même argumentaire : compréhension, compassion même, à l’égard des acteurs économiques de tous les secteurs, qui vont encore souffrir des restrictions imposées. Mais à São Paulo, a insisté le gouverneur, ce sont « la science et la médecine qui déterminent le chemin à suivre pour protéger des vies. » Et de souligner pour qui n’aurait pas compris le message que son État « ne fait pas un gouvernement populiste, condescendant, qui cède aux pressions, qui abandonne les citoyens. »
Saturation du système de santé d’ici 4 semaines
Cette conférence de presse s’est déroulée sur un fond préoccupant à plus d’un titre. D’abord un début de campagne de vaccination chaotique au niveau fédéral, et qui n’a pu commencer, comme s’est plu à le rappeler João Doria, que grâce au vaccin produit par l’Institut Butantan de São Paulo en partenariat avec le laboratoire chinois Sinovac. Six millions de doses ont ainsi pu être distribuées dans tout le pays, et 5 millions attendent encore d’être « libérées » par l’Anvisa, l’agence nationale de vigilance sanitaire nationale. Encore une pique à peine voilée contre les atermoiements du gouvernement face au vaccin.
Ensuite, il y a la progression spectaculaire du virus qui fait craindre, si rien n’est fait et si les comportements ne changent pas, une saturation du système de santé d’ici quatre semaines, comme l’ont montré, à force de courbes et de chiffres, les secrétaires d’État au développement économique et à la santé. En effet, là où il avait fallu cinq mois pour atteindre les pics du mois d’août dernier, il n’a fallu que 45 jours depuis début décembre pour retrouver les mêmes chiffres : plus de 11.000 nouvelles contaminations et plus de 200 morts par jour.
A São Paulo comme ailleurs, on a en tête les images du cauchemar sanitaire de l’État de l’Amazone. Un argument de plus pour justifier les mesures prises, malgré leur impopularité et leur impact économique. Car à Manaus, comme l’a rappelé le gouverneur Doria, il y a eu des manifestations contre les mesures de protection, et les autorités ont finalement cédé. « São Paulo ne va pas céder, São Paulo va protéger » a-t-il conclu.
19ème actualisation du Plan São Paulo : les principales mesures
CLASSIFICATION DES REGIONS
- Tout l’État de São Paulo est classé en zone orange ou rouge selon les régions pendant les deux prochaines semaines au moins.
- Tout l’État de São Paulo est classé en zone rouge de 20h à 6h, ainsi que les week-ends et les jours fériés.
Le seuil de classement en zone rouge est abaissé : 75% d’occupation des services d’urgence contre 80% auparavant.
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SANTÉ
- Réactivation de l’hôpital de campagne d’Héliopolis.
- Ouverture de 450 nouveaux lits d’infirmerie.
- Ouverture de 306 nouveaux lits dans les services d’urgence.
ECOLES
- La rentrée présentielle des écoles relevant de l’État de São Paulo (escolas estaduais) est repoussée au 8 février. Mais ces écoles ouvriront le 1er février pour la formation des enseignants et l’accueil des familles.
- Dans les écoles de l’État de São Paulo, l’obligation d’un tiers des cours en présentiel est rabaissée aux phases verte et jaune.
- Désormais, pendant les phases orange et rouge, la présence des élèves n’est pas obligatoire ; la décision est laissée à l’appréciation des parents.
- Les écoles municipales ou privées (comme le Lycée Français Pasteur) sont, elles, autorisées à ouvrir dès le 1er février.