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RICHESSES NATURELLES - Le Brésil, assis sur une mine d’or et de diamants

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 25 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

 

Quatre siècles après avoir été la mine d'or de la couronne portugaise, le sous-sol du Brésil est à nouveau convoité. Grâce aux nouvelles technologies, permettant d'extraire l'or et les pierres précieuses des grandes profondeurs et à la valorisation de ces ressources sur le marché mondial, le Brésil se relance dans la course aux métaux précieux. Il pourrait redevenir l'un des dix principaux producteurs d'or et de diamants du monde. A condition de faire fi d'une partie de ses réserves naturelles protégées

Novembre 2011, les écologistes découvrent l'existence d'un accord discret entre le Gouvernement Fédéral et des parlementaires visant à amputer la réserve de la Serra da Canastra, dans le Minas Gerais, de 40% de sa superficie, afin de permettre la mise en exploitation de deux mines de diamants. Colère des protecteurs de l'environnement, qui voient en cette mesure la première attaque d'une offensive généralisée contre la préservation de la forêt brésilienne au nom d'une "nouvelle course aux métaux précieux". Les deux puits devant être forés à la Serra de Canasta risquent en effet d'affecter les sources du Rio São Francisco qui prend naissance à cet endroit avant de partir arroser tout le Nord-Est du pays.

Diamant et or en pagaille ?
Argument des écologistes auquel la "Qualimarca Comercio de Exportação", à qui serait octroyé l'aire d'exploitation, rétorque qu'elle va créer 1.300 emplois et financer des projets sociaux grâce aux retombées financières des mines. Après une courte passe d'armes au Sénat, le projet a été renvoyé à plus tard. Il devrait être rediscuté avant la fin de l'année 2012. Ni ses promoteurs, ni les autorités ne veulent se priver des richesses potentielles que ces mines semblent pouvoir produire: grâce à l'apport de Canastra 1 et Canastra 8, le Brésil pourrait extraire (dans la plus pessimiste des hypothèses), 2.6 millions de carats annuellement, ce qui lui ferait devancer la Namibie, (2.2 millions de carats par an), le huitième producteur mondial.

Cependant, le diamant demeure peu de chose, comparé aux réserves d'or des grandes profondeurs, recensées dans le Centre-Ouest et en Amazonie; des réserves qui sont susceptibles de déclencher un nouveau "cycle de l'or". Vers la fin des années 1980, le Brésil était le premier producteur du monde, mais il a régulièrement perdu des positions pour se retrouver, en 2010 à la treizième place, avec un volume de 62 tonnes extraites des gisements légaux.

La fin de l'orpaillage artisanal
Dans les années 1980, l'essentiel du métal précieux était récolté dans les rivières ou à faible profondeurs par des armées d'orpailleurs artisanaux. On se souvient des images spectaculaires des 40.000 garimpeiros qui s'entassaient le long des parois abruptes de la mine de Serra Pelada (Voir Vision Brésil n°8, octobre 2009). Cet or de surface est désormais épuisé, il faut maintenant aller le chercher en profondeur, au moyen de techniques industrielles de pointe dont seules les grandes multinationales, comme la canadienne Yamana Gold ou la sud-africaine Anglo Gold Ashanti, disposent.

Le Brésil s'est donc petit à petit désintéressé de son or et s'est fait distancer par ses concurrents, la Chine en premier lieu, avec 341 tonnes/an, l'Australie, 259 tonnes/an, les Etats-Unis, 240 tonnes/an et l'Afrique du Sud, 192 tonnes/an. A partir de 2008, le Département National de Recherches Minières, le DNPM s'est réveillé. Le prix du métal précieux ne cessait en effet de se valoriser sur le marché mondial : 540% de hausse en 10 ans. Les autorisations de prospection ont commencé à pleuvoir, 2.819 mines industrielles sont maintenant en exploitation et 1.270 nouvelles autorisations de prospection ont été délivrée en 2011.

Avec cela, la production d'or brésilienne a représenté 5% des ventes extérieures du pays en 2010, juste derrière le minerai de fer, qui assure encore 80% des exportations annuelles. Et d'après le DNPM, le Brésil n'exploite actuellement que 12% de son potentiel de production d'or. Il pourra en extraire 503 tonnes annuellement lorsque la capacité installée sera pleinement disponible. Autant dire une fortune. Les industriels du secteurs ne s'y sont pas trompés, qui envisagent d'investir 2,4 milliards de US$ d'ici 2015.

Le minerai de fer aussi
Mais cette course aux richesses du sous-sol ne s'arrête pas à l'or ou aux pierres précieuses. Le secteur du minerai de fer est lui aussi en pleine effervescence. A cause d'un rééquilibrage nécessaire entre le marché du minerai brut et celui de l'acier travaillé. La demande en minerai est en effet en constante augmentation, en raison notamment des besoins de la Chine, où même si la croissance a ralenti, la consommation reste élevée, alors que les ventes d'acier laminé vers les Etats-Unis et l'Europe sont en chute libre, conséquence de la crise économique qui frappe ces pays. Aujourd'hui, la tonne de minerai de fer vaut plus sur le marché mondial que la tonne d'acier, un paradoxe !

Usiminas, Gerdau, Arcelor Mittal et la CSN (Compagnie Sidérurgique Nationale), les 4 grands fournisseurs d'acier brésiliens, réorientent donc leurs activités et investissent dans l'exploitation minière, un secteur qui était jusqu'à présent totalement aux mains de la multinationale Vale, brésilienne elle aussi et n°1 mondial du minerai de fer. L'objectif de ces 4 conglomérats de la sidérurgie est d'arriver à l'autosuffisance en minerai d'ici 2015 pour faire baisser le coût de leur approvisionnement en matières premières afin de continuer à dominer le marché intérieur de l'acier au Brésil. 12 milliards de US$ devraient être investis pour cela.

Un secteur minier prometteur
L'un dans l'autre, entre réorientation des activités traditionnelles et redéploiement de l'extraction des métaux et pierres précieuses, l'économie brésilienne devrait pouvoir compter sur un développement de son secteur minier dont la contribution au PIB devrait croître, à condition que les cours mondiaux continuent d'être orientés à la hausse. Cela s'ajoutera aux bénéfices potentiels du pétrole des grandes profondeurs, dont on ne connaît pas encore le volume exact et, dans un futur plus lointain, à des ressources supplémentaires qui pourraient être exploitée au fond de la mer, le long du plateau continental.

De premières prospections font en effet état de grandes richesses dans différents types de métaux, mais les techniques d'exploitation industrielles sont encore loin d'être au point. Et dans ce domaine, le choix d'une technologie est délicat car tout projet d'exploitation industrielle des fonds marins déclenche une bataille pour la préservation de l'environnement face à une activité minière extractive intensive.

Jean-Jacques FONTAINE (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 25 septembre 2012

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