Édition internationale

GASTRONOMIE – La cachaça, petit plaisir brésilien

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Appelée aussi selon les régions pinga ou cana, entre autres noms doux, la cachaça fait figure de boisson officielle du Brésil, aux côtés des très sages café et Guarana. Un alcool si profondément ancré dans l'histoire du pays que celui-ci a décidé de le célébrer chaque 13 septembre

Ce dont on ne se doute pas en sirotant tranquillement une caïpirinha, c'est de l'importance historique, économique et culturelle que cet alcool a pu avoir. Pour en connaître l'origine, il faut remonter au XVIe siècle, et à l'arrivée des colons portugais. Avec eux débarque sur le territoire brésilien la canne à sucre, venue d'Asie du Sud. Sa culture est mise en place dès 1532, et bientôt le sucre devient le produit le plus exporté du Brésil.??

Durant le processus de fabrication du sucre, les esclaves, après avoir récolté la canne à sucre et mis le jus recueilli par écrasement des tiges à bouillir, obtenaient une mousse sur la couche supérieure, qui était ôtée, afin d'obtenir un sucre très pur. Cette partie était appelée "cagaça" et servie aux animaux ou recueillie dans des pots de terre. Lorsqu'elle était conservée, s'engageait alors un processus de fermentation qui donnait naissance à un liquide à forte teneur en alcool, que les esclaves prirent bientôt l'habitude de consommer. La découverte et l'appréciation de cette boisson s'élargit à toutes les capitaineries, et dès 1572 les alambiques sont présents sur presque l'ensemble du territoire brésilien. Cette eau de vie devient la source d'un commerce florissant, et sert de monnaie d'échange pour acheter de nouveaux esclaves.

La cachaça comme résistance au colon
Pourtant les Portugais ne voient pas d'un bon ?il le succès de ce breuvage, qui fait concurrence aux vins et à la "bagaceira " (eau de vie) rapportés de leur propre pays, diminuant d'autant les revenus de la Couronne. Cette dernière tenta dès lors de freiner la production et la consommation de la rivale en lui appliquant de très fortes taxes ou en l'interdisant purement et simplement. De ce fait, elle devient le parfait symbole de résistance à l'empire et un signe de revendication nationaliste.?



A partir du milieu du XIXe siècle, alors que le Brésil est dorénavant indépendant, la caféiculture devient prépondérante sur ses terres. Les propriétaires terriens et producteurs s'enrichissent considérablement ; ils rejettent peu à peu les coutumes rurales pour se tourner vers les produits de consommation étrangers, cherchant à vivre à l'européenne. La cachaça reste consommée par les populations les plus pauvres. Il faudra attendre la révolution culturelle de 1922 pour la réhabiliter et en faire une fierté nationale. Ce mouvement artistique veut en effet faire naître une vraie culture brésilienne, qui ne se référerait pas systématiquement à l'Europe. A partir de là, sa réputation croît au même rythme que l'amélioration de son procédé de création : les préjugés tombent et elle est reconnue comme un alcool de qualité.

Il existe au Brésil plus de 5.000 marques de cachaça, qui produisent un volume annuel de 1,3 milliards de litres, d'après l'Association Brésilienne de Boissons.

Mode d'emploi de la caïpirinha en images

Le cocktail le plus connu fait à base de cachaça est la caïpirinha. C'est Ricky du bar de la Marina de Tibau do Sul (Rio Grande do Norte) qui se charge de nous expliquer pas à pas l'art et la manière de réussir la caïpirinha ! Il en prépare la version traditionnelle, à base de citron vert, mais il est possible de la réaliser à partir de kiwi, ananas, litchi, fruits rouges, citron jaune, caju, etc.

Quelques marques recommandées : la 51 (très bon marché, et tout à fait convenable pour préparer un bon cocktail), la Tulha (excellent rapport qualité/prix), la Sagatiba si chère à Seu Jorge, la Germana et la Espirito de Minas (deux valeurs sûres !).



Amélie PERRAUD-BOULARD (www.lepetitjournal.com ? Brésil) jeudi 15 septembre 2011

lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 15 septembre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos