Le lycée Pasteur de São Paulo présente l’exposition « Amazônia », réunissant des images du photographe indigéniste Renato Soares. Ouverte au public jusqu’au 31 mai, la galerie de photographies entraîne le curieux à la découverte des peuples amérindiens du Brésil. Nous avons rencontré Renato Soares lors du vernissage qui s’est tenu au Lycée français.
Renato Soares, les photographies que vous exposez montrent différents peuples amérindiens du Brésil, notamment du Xingu, pouvez-vous nous expliquer votre lien avec cette région et ses habitants ?
J’ai déjà rencontré plus de 80 groupes amérindiens au Brésil, mais le Xingu, c’est la carte postale du Brésil. Ils sont fascinants en raison de leur esthétique hors du commun. Cela plus de vingt ans que je vais dans le Xingu, c’est une longue histoire. Je suis allé sur ces terres après la rencontre du « sertanista » Orlando Villas Bôas qui est à l’origine du parc du Xingu créé en 1961, avec ses frères et l’anthropologue Darcy Ribeiro. Orlando a été mon mentor et m’a permis d’appréhender le monde amérindien. Il n’existe pas de formation pour devenir indigéniste. C’est en vivant avec eux que j’ai compris leurs rituels, la manière dont ils communiquent.
Pouvez-vous nous décrire les peuples qui vivent dans le Xingu ?
Sur les terres indigènes du Xingu, il y a 16 groupes ethniques différents, parmi lesquels 5 ne font pas partie de la culture du Alto Xingu, la portion sud du parc, car à sa création, certaines tribus y ont été déplacées. Les ethnies qui vivent dans le Xingu sont les suivantes : Aweti, Ikpeng, Kaiabi, Kalapalo, Kamaiurá, Kĩsêdjê, Kuikuro, Matipu, Mehinako, Nahukuá, Naruvotu, Wauja, Tapayuna, Trumai, Yudja, Yawalapiti. Malgré les échanges intenses entre les différents peuples du parc, chacun conserve sa propre langue, comprenant 7 familles linguistiques.
Les Amérindiens du Xingu ont tous une parenté entre eux, car des mariages intertribaux sont organisés. Ils partagent tous une culture très similaire, marquée par certaines différences. Les échanges entre tribus existent depuis plus de 1000 ans. Après s’être combattus, ils ont commencé à faire des échanges et du commerce entre eux, en créant un grand état. Par exemple, pendant la saison sèche, les femmes accomplissent le rituel Yamurikumã, invitant des femmes d’autres villages.
Comment les Amérindiens appréhendent-ils le monde ?
Selon les Amérindiens, les terres n’appartiennent à personne, c’est eux qui appartiennent à la terre, il n’existe pas un Dieu-créateur de tout. Avant qu’ils existent, tout existait déjà. La terre, les arbres, les animaux sont des entités de grandes importances.
L’indien va pêcher et, sur la route, il mange un fruit, fait un trou dans la terre et plante le noyau. Peu à peu, une forêt apparaît.
Pendant une expédition avec les kayapó, nous avons marché des jours dans la forêt. À la recherche d’eau et de fruits, les Indiens m’ont alors expliqué la chose suivante : lorsque l’on trouve ces arbres-là dans la forêt, on sait que c’est nos parents qui les ont plantés, il y a des centaines d’années en arrière. C’est comme un code, si l’on trouve ces arbres, cela signifie qu’il y a de l’eau, des fruits ou des plantes médicinales à cet endroit. Ils ont créé ce système ingénieux. Ce sont les Indiens qui ont planté l’Amazonie, depuis des milliers d’années, de génération en génération.
Exposition « Amazônia » de Renato Soares
Lieu : Lycée pasteur, Unité Vergueiro à São Paulo
Date : Du 20 au 31 mai 2022