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Zéro déchet : la résolution 2021 ? Des Français l’ont fait au Chili

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Markus Spiske - Source : unsplash.com
Écrit par Naïla Derroisné
Publié le 31 décembre 2020

Des lois pour réduire l’usage du plastique, quelques boutiques qui vendent en vrac, même si le Chili est encore loin du "zéro déchet", le concept a quand même fait son apparition dans le pays. Quelques Français et Françaises se sont lancés dans l’aventure : témoignages.

"En extérieur, les gens se moquaient de moi car je jetais mes déchets dans la poubelle". C’est l’expérience qu’a vécu Isabelle Jarry la première fois qu’elle est arrivée au Chili en 2001. Elle est venue travailler comme volontaire dans l’observatoire d’astronomie Paranal au sud d’Antofagasta. Cette maman de trois enfants raconte : "La babysitter leur apprenait à jeter discrètement les déchets dans le caniveau". Entre le moment où Isabelle est arrivée au Chili et aujourd’hui il y a eu du progrès "mais il y a encore un gros travail d’éducation à faire pour réduire la forte quantité de déchets dans le pays", souligne-t-elle.

Les gens qui font du zéro déchet, ce sont des fous ! 

Ce n’est pas au Chili qu’Isabelle a découvert le concept du zéro déchet mais en Allemagne en 2003 où elle a vécu quelque temps après son expérience chilenne. "Ça a été un gros contraste pour moi car en Allemagne ils possèdent 8 poubelles pour le recyclage, pour les verres de différente couleur, pour les plastiques etc. Au début j’ai pensé que c’était exagéré. Puis on s’habitue." En revanche, le zéro déchet pensait-elle à l’époque "c’était extrême, c’était des fous ces gens-là !" Le concept a néanmoins fait son chemin petit à petit dans l’esprit de l’astronome : "Le problème du recyclage c’est qu’on produit quand même des déchets et qu’on dépense beaucoup d’énergie dans le processus de transformation. Cela a un coût et une empreinte carbone."

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Markus Spiske - Source : unsplash.com

 

Après son expérience allemande, Isabelle est revenue s'installer au Chili, où elle vit depuis lors à Peñalolen. Mais elle n’est pas passée au zéro déchet d’un coup, elle a fait les choses petit à petit. La scientifique, méthodique et organisée aime l’efficacité : "Ce que j’ai commencé à faire c’est analyser ma poubelle pour voir quels étaient les déchets qu’on produisait le plus", explique-t-elle. Résultat, ce sont les pots de yaourts et les bouteilles en plastique qu’Isabelle et sa famille jetaient en masse : "J’ai acheté une yaourtière et on a tous commencé a utiliser des gourdes. Exceptionnellement j’autorise mes enfants à acheter des boissons gazeuses, pour des anniversaires par exemple. Et dans ces cas-là on privilégie les bouteilles en verre."

Pour ses fruits et légumes Isabelle fait partie de la coopérative Huellas Verdes où elle se procure des aliments biologiques, cultivés au Chili et sans emballages. Enfin, "acheter en vrac c’est la dernière étape", selon elle. Pour le riz et les légumineuses elle se rend dans des boutiques qui font du vrac. Il en existe quelques-unes à Santiago. Il est également possible de trouver du riz et des légumineuses en vrac sur les marchés. Certaines assemblées de quartier s'organisent également pour acheter en gros et se répartir ensuite les aliments entre voisins. 

Le mode de vie zéro déchet plus compliqué en région

Pauline Bondelu habite au Chili depuis deux ans et demi. En juin elle a déménagé à Talca, dans la région del Maule, à trois heures de Santiago vers le sud. Avant cela elle vivait dans la capitale, dans la commune de Providencia : "À Santiago j'avais pas mal d’options pour mener une vie zéro déchet. Il y a des boutiques qui vendent en vrac, des boutiques qui font du bio et aussi des indépendants qui lancent leur business 'zéro déchet' ", raconte-t-elle. À Talca, Pauline a dû s’adapter car "rien de tout cela n’existe", a-t-elle constaté. "On essaye de réduire au maximum nos déchets. On a un petit potager dans notre jardin mais pour les pâtes et le riz j’ai dû retourner dans les supermarchés." 

Pauline est maman depuis peu et là encore ça s’est corsé lorsqu’elle a déménagé. "Dans la capitale je trouvais des couches biodégradables. À Talca non. Pour les vêtements j’ai gardé contact avec un réseau sur Santiago où les gens s’échangent les vêtements pour enfants", poursuit-elle. En fait, il s'agit de fouiller conseille Pauline : "Il faut demander, chercher sur les réseaux sociaux, Instagram... Car en réalité, il y a pas mal de choses intéressantes qui se font à Talca au niveau du bio et du zéro déchet, mais il faut les trouver."

Pour le mode de vie zéro déchet au Chili il faut avoir de l'argent.

Pauline tout comme Isabelle l’ont constaté, le zéro déchet est encore très loin des préoccupations des Chiliens et des Chiliennes. "Je connais très peu de Chiliens qui s’intéressent au zéro déchet", confie Isabelle. Quant à Pauline l’idée est venu d’elle : "C’est grâce à moi que mon copain chilien a connu le zéro déchet et il s’est motivé pour s’y mettre. Sa famille vit en campagne donc ils cultivent leurs propres fruits et légumes, mais en parallèle ils consomment beaucoup de boissons sucrées dans des bouteilles en plastiques."

Le zéro déchet est une démarche qui s’installe petit à petit dans le pays mais les commerces qui se développent autour de ce concept s’orientent vers une clientèle aisée financièrement. "Actuellement il faut quand même avoir un peu d’argent pour avoir ce mode de vie au Chili", concède Pauline. Et Isablle d’ajouter : "Ici, si quelqu’un veut passer au zéro déchet, il y a des solutions mais c’est encore réservé aux gens sensibilisés à la thématique et avec des moyens financiers car certain magasin de vrac sont un peu chers", complète Isabelle.

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