Pourquoi les Chiliens et les Chiliennes célèbrent tant le 18 septembre ? En quoi cela met en lumière une appartenance nationale rare ? Il est certain que le mois de septembre rayonne dans le calendrier chilien. Nous pouvons légitimement affirmer que tous les habitants du Chili ont un point en commun : ils semblent tous être impatients de célébrer le fameux « dieciocho », mais pour quelle raison cette célébration a-t-elle lieu ?


Des vacances nationales
Au Chili, le 18 et 19 septembre sont des jours fériés, et le mois de septembre dans son entièreté représente une fête tant nationale que patriote.
Le 18 septembre célébré se réfère à celui de l’année 1810, où la première junte du gouvernement autonome du Chili se forma. En effet, à cette époque, l’Espagne fut occupée par des forces françaises, ainsi les criollos (espagnols nés au Chili) ont vu l’opportunité de former le premier gouvernement indépendant du Chili. Techniquement, cela ne fut qu'une première étape à la réelle indépendance du pays, car celle-ci fut proclamée le 12 février 1818. Mais cette première réunion d’un gouvernement autonome chilien, face au royaume et à la puissante occupation espagnole sur le territoire chilien, marque un tournant historique, et donc source de célébration nationale.
Le 19 septembre, qui est également un jour de fête, est nommé le Jour de Gloire de l’armée du Chili. Cette fois-ci, il est l’occasion de célébrer le point de départ du développement des forces militaires. Ces forces sont donc saluées et honorées pour leur engagement dans la lutte ayant conduit à l’indépendance du pays. En effet, la Défense et la souveraineté du pays sont mises à l’honneur, et ceci de façon très sérieuse. En témoigne la loi chilienne qui stipule qu’il est obligatoire, aux citoyens, d’installer le drapeau national devant leur maison, édifice… Et cela au risque d’amende ! Le gouvernement a même publié un guide sur comment et quand installer le drapeau national.
De plus, chaque année, de nombreux défilés militaires ont lieu dans tout le pays, et la Gran Parada Militar qui prend place à Santiago, témoigne elle aussi de l’importance qui est donnée au jour commémoré.

Le défilé militaire prend place, qui a pour but de montrer, voire de prouver, la puissance de l’armée. On y aperçoit également de nombreuses démonstrations tant militaires que culturelles, comme les parachutistes qui survolent la capitale, ou bien les nombreux danseurs de cueca qui s’y prêtent au jeu.
Les fondas : lieu de fêtes familiales et traditionnelles
Pour fêter correctement ces fêtes, les Chiliens ont de nombreuses traditions. Sur l’ensemble du pays, de nombreuses fonda sont mises en place. À l'intérieur de ces « kermesses » on retrouve tant des jeux (comme le tir à la corde, le rodéo, des cerfs-volants, ou même une loterie) que des stands de restauration. Tous les âges y sont conviés, et chacun est garanti de trouver son passe-temps favori et de partager des moments familiaux et amicaux mémorables.
Les fondas sont aussi lieu de traditions culinaires. Des stands infinis de asado (barbecue) sont à retrouver dans les fondas de la capitale, notamment comme celle du parc O’Higgins, ou celle de la commune de la Reina. À ne pas oublier, le cocktail phare des fêtes patriotes : le terremoto, tremblement de terre en espagnol (un cocktail fait de vin pipeño, sirop de grenadine et d’une boule de glace à l’ananas) qui se trouve de partout durant cette période si festive. Il est vrai que ce cocktail signe encore un marqueur de l’histoire du Chili. Ce fameux terremoto tire son nom du tremblement de terre de 1985, mais plus généralement de l’activité sismique du pays.

De plus, la place qu’occupe la cueca dans les fondas mérite d’être pleinement reconnue. La danse nationale du Chili et ses rythmes sont tout aussi honorés. Toutes les générations dansent (en tenues traditionnelles ou non) ensemble, grands-parents et petits-enfants, parents et enfants… De nombreux musiciens y donnent le rythme, et dès que les voix chantées débutent, les danseurs commencent leur chorégraphie. La danse folklorique marque encore une fois l’importance des traditions présentes, et le souhait de les garder vivantes mais aussi de les transmettre.
Un renforcement de l’identité nationale
Il va de soi que ces fêtes témoignent d’un fort vivre-ensemble, d’une unité nationale et d’un marqueur de traditions riches et nombreuses. L’importance donnée au discours et à l’attente impatiente de célébrer ces fêtes évoque un fort sentiment au Chili d’autonomie et d’émancipation nationale, face au passé taché de répressions coloniales.
Il paraît évident que ces fêtes ont un caractère libérateur, et leur célébration suscite un sentiment de gloire nationale. La Chilenidad (mot désignant l’identité chilienne) semble être à son apogée, et toutes les pratiques culturelles qui distinguent les Chiliens et Chiliennes du reste du continent latino-américain, mais aussi du monde, sont valorisées avec une vigueur renouvelée, et le désir de les faire perdurer unit la nation dans un même élan de fierté.
Tous les symboles de la culture chilienne sont donc à retrouver durant la semaine de célébrations entourant le 18 septembre, ce qui marque le caractère unique et tant attendu du mois de septembre. En effet, le mois de septembre semble réellement venir renforcer le sentiment de fierté nationale des Chiliens. Il n’y a pas de doute que l’identité nationale se fortifie suite à ces jours de vacances aux couleurs de la patrie et l’attente du prochain dieciocho se fait considérablement attendre.
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