Pour les musulmans pratiquants du Chili, la fête du ramadan se déroulera, pour la deuxième année consécutive, en confinement. Alors qu’on estime que dans le monde, une personne sur quatre croit en l’Islam, le Chili fait figure d’exception avec bien moins de 1 % de musulmans dans le pays.
Ce 13 avril marquait le début du ramadan, le mois le plus sacré de l’Islam. Au Chili, ce sont uniquement 3 300 personnes, soit à peine 0,02 % de la population chilienne, qui vont se plier aux exigences du quatrième pilier de l’Islam. Pendant ce mois, les musulmans se recentrent sur leur relation avec Dieu, respectant un jeûne depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. La charité et la prière étant également des valeurs essentielles lors du ramadan.
Con motivo del inicio del sagrado mes de #Ramadan les deseamos reciban todas las bendiciones y recompensas. ? #Ramadan2021 #رمضان_كريم pic.twitter.com/iGoUwQTMDr
— Comunidad Musulmana de Chile (@CMusulmanaChile) April 13, 2021
Une arrivée musulmane qui remonte à la découverte de l’Amérique
Les premières traces de l’arrivée de musulmans au Chili se retrouvent dès le débarquement des colons espagnols. Parmi l’équipage de Diego de Almagro, celui qui a découvert le Chili, se trouvait Pedro de Gasco, un maure espagnol convertit de force au catholicisme. Mais il fallu attendre 1856 pour voir naître une réelle communauté musulmane au Chili. Conséquence de la guerre de Crimée et du déclin de l’Empire, beaucoup de populations ottomanes émigrèrent à travers le monde, dont certaines en Amérique latine. Quelques dizaines de personnes, puis des centaines, et au début du 20e siècle on comptait environ 1 500 musulmans sur le territoire andin. En 1926, fut ainsi fondée la Société d’union musulmane du Chili. Et c’est en 1989 que fut inaugurée la Mezquita As-Salam de Santiago, première mosquée du pays. À ce jour on en compte cinq : trois dans la Région Métropolitaine, une à Iquique et une autre à Coquimbo.
Deuxième ramadan confiné pour la population musulmane au Chili
Cette année au Chili, la célébration du ramadan sera très similaire à celle de l’année dernière. "Les mosquées sont fermées et les rassemblements sont interdits", explique Gonzalo Silva, président de l’Association de culture islamique du Chili, interrogé par lepetitjournal.com Santiago. Et d’ajouter : "Cela n’est pas un obstacle pour les fidèles car ils sont plutôt habitués à prier en solitaire du fait du peu de mosquées qu’il y a dans le pays." Toutefois, il estime que ce qu’il y a de plus regrettable c’est "de ne pas pouvoir [se] retrouver pour rompre le jeûne en fin de journée", un moment traditionnellement très convivial pour les croyants. "Personnellement, je célébrerai Ramadan avec mon épouse et mes enfants, en attendant que la situation se normalise d’ici l’année prochaine", conclut Gonzalo Silva.
Être musulman au Chili
Vivre sa foi musulmane n’est pas toujours facile au Chili. En raison du peu de personnes pratiquantes, il est souvent compliqué de trouver des infrastructures pour prier. "Certaines grandes villes chiliennes n’abritent aucune mosquée", rappelle Gonzalo Silva. Il observe tout de même des améliorations sur la prise en compte de la communauté musulmane au Chili : "Fort heureusement ces dernières années, le nombre de produits halal a augmenté. Grâce au Centre de Certification Halal du Chili, nous pouvons nous fournir en viande dans presque tous les supermarchés du pays ce qui a grandement facilité la vie des musulmans locaux."
Aujourd’hui, la principale difficulté pour les musulmans pratiquants du Chili, sera de célébrer le ramadan en confinement, et ce, pour la deuxième année consécutive. Pour pallier cet isolement, les autorités musulmanes du pays appellent leurs fidèles à rompre le jeûne en visioconférence avec leurs proches, ainsi qu’à suivre l’appel à la prière via Radioislam.cl.