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L’expédition Tara, une collaboration franco-chilienne inédite au service de l’Océan

le voilier de la mission tara france chilile voilier de la mission tara france chili
Capture d'écran sur le site de la Fondation Tara Océan
Écrit par Naïla Derroisné
Publié le 11 juin 2021, mis à jour le 11 juin 2021

Le 8 juin était célébrée la journée mondiale de l’Océan, l’occasion pour lepetitjournal.com Santiago de vous présenter le bilan de la mission scientifique Tara qui s’est récemment achevée au Chili. De la Patagonie, en passant près des côtes de Valparaíso, ou encore en s’arrêtant à Iquique, l’équipage franco-chilien du voilier Tara a prélevé plus de 3 500 échantillons d’eau de mer.

Quels sont les services que nous rend l’Océan ? Vous êtes-vous déjà posés la question ? En premier lieu, il nous permet de nous alimenter, puisqu’encore aujourd’hui une grande partie de l’humanité se nourrit des produits de la mer. Aussi, en captant le dioxyde de carbone qui se trouve dans l’atmosphère, l’Océan le transforme ensuite en oxygène. Il joue donc un rôle capital pour le maintient de la vie sur notre planète bleue. Et les changements climatiques qui s’opèrent aujourd’hui, en raison des activités humaines, menacent chaque jour un peu plus le bon fonctionnement de l’Océan.

En quoi consiste l’expédition du voilier Tara ? 

Depuis 2003, la goélette Tara, de la fondation française du même nom, parcourt les mers de la planète pour étudier et comprendre l’Océan ainsi que l’impact du changement climatique sur cet écosystème. "À terre, la Fondation Tara Océan, première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France, mène une révolution scientifique", précise le communiqué de presse que nous avons reçu.

Stéphanie Thiébault est la directrice de l’Institut écologie et environnement du CNRS. Elle explique que : "L’Océan est intimement lié au climat, c’est l’une des clefs pour comprendre les impacts du changement climatique, mais les inconnues sont encore trop nombreuses concernant les mécanismes mis en œuvre. La recherche manque étonnamment de données d’observations et d’expérimentations sur le long terme…" L’objectif de l’expédition Tara 2020-2022 est donc de pallier ce manque en prélevant le maximum d’échantillons d’eau de mer, et ce, dans le but de dresser le portrait du Microbiome de l’Océan. Autrement dit, d’étudier "la communauté microbienne évoluant au sein d’un habitat bien défini."

"Nous avons aujourd’hui une bonne vision de la composition du microbiome océanique, par contre nous en savons très peu sur ses fonctions", précise Chris Bowler, directeur du comité scientifique de la Fondation Tara Océan. "La question n’est pas tant de savoir "qui est là ?", mais plutôt "qui fait quoi ?", poursuit-il. Si l’on ne sait pas comment la communauté microbienne fonctionne dans son ensemble, difficile de savoir comment va réagir l’océan face à un changement comme l’augmentation des températures."

 

 

Le travail des scientifiques ne consistera donc pas seulement à prélever de l’eau de mer, mais également à analyser les "paramètres physico-chimiques de l’eau comme la température, la salinité, l’acidité ou encore le taux d’oxygène ; et puis aussi les polluants, la présence de nutriments ou encore les déchets plastiques…" Tout sera étudié de la même manière que les micro-organismes eux-mêmes.

La goélette Tara au Chili

Avant de rentrer au port de Lorient, en Bretagne, le voilier scientifique doit parcourir 70 000 kilomètres sur les eaux de l’Océan Atlantique et de l’Océan Pacifique, et réaliser 21 escales autour des continents latino-américains et africains. Ces derniers mois, la goélette Tara a parcouru 4 000 kilomètres près des côtes chiliennes, effectué 5 escales et prélevé plus de 3 500 échantillons d'eau de mer.

Le voilier scientifique a d’abord remonté les nombreux fjords de Patagonie pour étudier l’apport de l’eau douce provenant des glaciers. Puis, du côté de Iquique, dans le nord, les scientifiques se sont intéressés aux "zones pauvres en oxygène". "Nous savons que la concentration en oxygène modifie complètement le profil du microbiome, et donc par conséquent toute la vie qui en dépend : poissons, cétacés, oiseaux marins, etc", explique le chercheur italien Daniele Iudicone, co-directeur de la mission Microbiomes. Enfin, toujours dans le nord du Chili, les scientifiques-matelots ont également fait un arrêt auprès de la pompe à carbone de la multinationale Engie, parmi les plus productives de la planète mais qui contamine également les eaux du secteur.

 

 

Le Chili est l’un des pays les plus impliqué dans cette aventure avec neuf institutions scientifiques, regroupées au sein du consortium chilien CEODOS, qui cherchent également à mieux comprendre le microbiome de l'Océan. Au total, se sont près de 200 scientifiques, de différentes nationalités, et issus de 21 disciplines différentes, qui collaborent autour du projet Tara. Et tous soulignent l’importance de cette expédition pour mieux connaître le microbiome de l'Océan. Chris Bowler, le directeur du comité scientifique de la Fondation Tara Océan, donne un exemple : "On peut tout à fait faire le lien avec le microbiome humain, ces milliards de micro-organismes qui vivent notamment dans notre intestin. Ce microbiome est crucial pour notre santé, jouant sur la digestion, la résistance aux pathogènes, et même notre bien-être psychologique ! Sans lui, nous ne pourrions tout simplement pas survivre. Il en est de même pour l’océan : son microbiome lui est absolument indispensable."

Le voilier Tara devrait terminer sa mission en 2022. Mais désormais, en raison notamment de l’urgence climatique, des expéditions du même type seront organisées tous les 5 ans. 

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