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Le Chili perd trois places au classement de Reporters Sans Frontières

un journaliste dans la rue film avec sa cameraun journaliste dans la rue film avec sa camera
Jana Shnipelson - Source : unsplash.com
Écrit par Naïla Derroisné
Publié le 22 avril 2021, mis à jour le 22 avril 2021

L'organisation vient de publier son classement mondial de la liberté de la presse pour 2021. Alors que l’année dernière, le Chili occupait la 51e place, il est aujourd’hui redescendu à la 54e position, sur un total de 180 pays.  

"Malgré une relative stabilité démocratique, le Chili reste en proie à des problèmes de corruption et souffre encore des relents de la dictature militaire." C’est par ces mots que Reporters Sans Frontières qualifie la liberté de la presse au Chili en 2021. L’organisation internationale vient tout juste de publier son classement annuel sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. Et le Chili a perdu 4 places par rapport à l’année dernière. En 2021, il se retrouve donc à la 54e position dans le classement.  

"Le secret des sources est régulièrement mis à mal"

Dans son rapport, Reporters Sans Frontières conclut qu’au Chili "dans un contexte de forte concentration de la presse, le pluralisme fait défaut et les médias communautaires ne parviennent pas à assurer la pérennité de leurs activités, limitant gravement le débat démocratique dans le pays." L’organisation pointe également du doigt la corruption de la classe politique. Un exemple récent vient appuyer ce constat. Fin mars, le média chilien Interferencia révélait les pressions exercées par Magdalena Díaz, conseillère du président Sebastián Piñera, sur le patron d’un grand groupe de communication, dont fait partie la chaîne de télévision La Red. Lors d’un appel téléphonique, Magdalena Díaz s'est plainte auprès du dirigeant que sa "chaîne virait trop à gauche" et qu’une "telle ligne éditoriale pouvait porter atteinte à la démocratie et générer des divisions dans le pays." Cet appel a été passé peu de temps après la diffusion sur La Red d’une interview réalisée avec Mauricio Hernández Norambuena. Cet ex-opposant à Augusto Pinochet est actuellement en train de purger une peine de 30 ans de prison pour l’assassinat de Jaime Guzmán et l’enlèvement de Cristián Edwards.  

un journaliste de la television film avec sa camera
Matt Chesin - Source : unsplash.com


Reporters Sans Frontières explique également qu’au Chili "le secret des sources est régulièrement mis à mal". Et, de nouveau, un exemple récent vient confirmer les observations de l’organisation. Début 2021, le journal d’investigation CiperChile démontrait dans une enquête comment l’armée chilienne est parvenue à espionner de manière illégale le téléphone du journaliste Mauricio Weibel. Ce dernier a révélé, il y a quelques années, l’un des plus importants scandales de corruption au sein de l’armée.   

Au Chili même le ministre de la Santé s’en prend à la presse 

Dans le contexte de la crise sanitaire, le Chili s’est démarqué sur la scène internationale pour son impresionnante campagne de vaccination massive. Mais le gouvernement chilien a également été critiqué par rapport à sa gestion globale de l’épidémie. Et le ministre de la Santé, Enrique Paris, n’a pas très bien accueilli ces remarques. Le 31 mars dernier, il s’est attaqué au Washington Post et au New York Times suite à la publication de deux articles mettant en cause la responsabilité de l’état dans la flambée des cas de contaminations à la covid-19 ces dernières semaines. Enrique Paris a soutenu que ce qui était avancé par les journalistes était "faux". L’association des correspondants du Chili s’est empressée de répondre dans une déclaration publique : "La presse étrangère ne fait que mettre en lumière une réalité que de nombreux journalistes ont pu constater sur le terrain."  

les policiers du chili sont mobilises dans la rue
Jorge Fernández Salas - Source : unsplash.com


RSF termine son rapport en rappelant qu’au Chili, les journalistes qui couvrent les manifestations "sont fréquemment pris à partie, agressés et manquent de protection". Lors du mouvement social de 2019, l’Institut National des Droits Humains du Chili a recueilli plusieurs témoignages de journalistes victimes d’agressions de la part des forces de l’ordre.    

Le cône sud du continent américain dans le bas du classement

Chez les voisins latino-américains, le panorama n’est guère meilleur en ce qui concerne la liberté de la presse. De manière générale, la tendance est plutôt à la régression. L’Argentine a perdu 5 places par rapport à l’année dernière, et se situe aujourd’hui à la 69e position. Le Pérou perd également une place et se retrouve 91e dans le classement. Même si la Bolivie gagne 4 places elle n’est reste pas moins à la 110e position et se trouve au coude-à-coude avec le Brésil qui, lui, est descendu de 4 étages et occupe la 111e place. Sur le continent sud-américain, seul l’Uruguay fait figure d’exception en se situant à la 18e place du classement RSF.    

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