Dans cette interview exclusive, l'humoriste nous raconte les coulisses de cette aventure américaine pas comme les autres. Entre les quiproquos avec un musicien de jazz homonyme, ses improvisations avec un public 50% francophone/50% anglophone, et ses réflexions sur ce qui nous rend si délicieusement français (spoiler : notre capacité à râler puis à nous vanter), Paul Taylor livre un témoignage savoureux sur l'art de faire rire par-delà les frontières.


Entre cultures, clins d’œil et clashs d’accents
LPJ: Vous êtes actuellement en tournée en Amérique du Nord avec "F*** Me I’m French!". Quelle est l’ambiance sur scène ?
Paul Taylor: L’ambiance est vraiment top, vraiment. Le seul truc un peu embêtant au début, c’est que je n’avais pas compris qu’il y avait déjà un Paul Taylor, un jazzman, assez connu aux États-Unis. Du coup, à chaque spectacle, il y a quelques personnes qui viennent en pensant que c’est lui. Je dois gérer ça dans la salle… . Maintenant, j’en rigole en début de show : je demande si tout le monde est bien là pour me voir, moi.
LPJ: Jouer aux États-Unis, devant un public aussi divers, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Paul Taylor: C’est difficile à dire, parce que d’une certaine manière, ça ne change pas tant de choses. Ce que ça m’apporte, c’est une sorte de validation : ça me prouve que je ne suis pas nul dans ma langue natale !
J’ai toujours joué en bilingue, et là, faire rire des Américains en anglais, c’est rassurant. En français, je me débrouille bien, mais je ne suis pas encore 100 % à l’aise pour faire un spectacle complet. En anglais, je retrouve ma zone de confort.
Je me suis aussi demandé quel était mon vrai niveau d’humoriste comparé aux Anglais ou aux Américains. Et la barre est haute ici : aux États-Unis, le stand-up a une histoire de 50 ans, donc forcément, le niveau est costaud. J’avais peur de ne pas être à la hauteur, mais pour le moment ça se passe super bien. Aucun retour négatif, que des gens contents — certains me connaissaient déjà, d’autres m’ont découvert avec surprise et ont aimé l’univers.
Aujourd’hui, je dirais que mon public est à peu près 50 % francophone et 50 % anglophone. Et parmi les anglophones, 80 % sont Américains. Ce qui est beau, c’est que dans la salle, tout le monde est au même niveau. Les différences s’effacent. C’est un peu comme entre le Québec et la France : des approches culturelles différentes, mais un humour qui circule bien.
LPJ: Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment décririez-vous ce spectacle en quelques mots ?
Paul Taylor: C’est un spectacle sur ma vie d’expatrié en France, racontée à travers les absurdités du quotidien. Je me moque beaucoup des Français, mais c’est une moquerie pleine de tendresse — et un peu de jalousie aussi.
Pendant les Jeux Olympiques, par exemple, les Français n’ont pas arrêté de râler sur tout : l’organisation, les logements, les transports… Et à la fin, tout le monde disait que c’était “le meilleur événement jamais organisé” ! Ce retournement de veste, c’est typiquement français, et franchement, j’en suis jaloux. Nous les Anglais, même quand on a fait les Beatles, on s’excuse encore d’exister. On n’ose pas se vanter !
J’aime bien dire que mon spectacle, c’est me moquer des Français parce qu’ils sont trop à l’aise dans leurs contradictions — et me moquer de moi-même, évidemment. Et oui, j’ai mangé des grenouilles.
LPJ: Vous vivez en France depuis 2009 et vous adorez vous moquer des Français. Comment réagissent-ils ?
Paul Taylor: Très bien, en fait. Les gens rient avec moi, même quand je me moque de leur accent ou de leurs habitudes. L’autre jour, j’ai taquiné une spectatrice qui, après 14 ans en expat, avait encore un accent super fort. Elle a ri avec tout le monde, et ça a mis une super ambiance.
Le plus beau, c’est que tout ça crée un sentiment d’unité. On est tous là, avec nos différences, à rigoler ensemble. C’est un peu comme une thérapie de groupe entre expats !
LPJ: L’interaction avec le public semble centrale dans vos spectacles. Est-ce que vous improvisez souvent ?
Paul Taylor: Oui, énormément. Je passe souvent les dix premières minutes à discuter avec le public. Je leur demande pourquoi ils sont venus, ce qu’ils font ici, pourquoi ils ont quitté leur pays. Ça m’inspire et ça me nourrit. Et puis, les gens ne savent pas qu’ils vont faire partie du show — mais une fois qu’ils le découvrent, ils adorent. Toute cette partie-là est 100 % improvisée. C’est ce qui rend chaque date unique.
LPJ: Le stand-up anglo-saxon et le stand-up à la française ont des codes très différents. Comment naviguez-vous entre les deux ?
Paul Taylor: C’est drôle, parce que je suis Anglais, mais je navigue entre les deux avec une certaine aisance. J’ai pas toutes les références culturelles françaises, mais j’en ai assez pour jouer avec. Et j’apporte aussi une énergie plus directe, plus rythmée, très anglo-saxonne.
C’est un peu comme si on était à table entre amis, et qu’on passait la soirée à gentiment se moquer les uns des autres, les accents, les habitudes, les comportements. Mais toujours dans la bienveillance.
LPJ: Depuis le début de la tournée le 18 juin, avez-vous un souvenir marquant ou une anecdote à partager ?
Paul Taylor: Oui, forcément ! Lors de ma première date à Orlando, 4 personnes de sont levés et sont partis dès mon entrée sur scène. Ce n'est qu'à la fin de mon spectacle que le promoteur local m'a expliqué qu'il y a avait un Paul Taylor, Jazzman connus aux Etats-Unis et que ces autre personnes pensaient voir sur scène ce musicien et pas un humoriste British qui ressemble à Harry Potter
Et puis, il y a aussi ce couple à Chicago qui croyait aussi venir voir le musicien de jazz Paul Taylor. Et comme j'explique au début du spectacle que c'est un spectacle d'humour, ce couple, qui avaient décidé de rester, m'a lancé : “T’as intérêt à être bon !” Finalement, ils sont restés jusqu’au bout… et ils ont adoré. C’est devenu une blague que je reprends au début de chaque show !
LPJ: Est-ce votre première tournée aux États-Unis ?
Paul Taylor: Oui, c’est ma première vraie tournée ici. J’étais venu à New York pour quelques petits shows, mais rien d’organisé comme cette tournée. Je suis super heureux !
Cela dit, j’ai beaucoup voyagé aux États-Unis avant, à l’époque où je bossais chez Apple et je faisais de la formation. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai eu le déclic pour le stand-up. Quand Steve Jobs est décédé, puis peu après mon beau-père, je me suis dit : “Ça fait longtemps que j’ai envie de m’amuser sur scène. C’est maintenant ou jamais.” Et j’ai sauté le pas.
LPJ: Un petit mot pour les Français et francophones expatriés qui viendront vous voir ?
Paul Taylor: À tous les Français : je suis venu vous apporter une petite bouffée d’air frais de votre pays. On se moque, on s’amuse, on se reconnaît… et surtout, on rigole ensemble. Venez, vous allez aimer ça !
Les billets sont disponibles sur www.piaff.org

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