Chaque année, le 31 octobre, des hordes de petits fantômes, sorcières et super-héros envahissent les rues à San Francisco et dans la Bay Area. Mais d'où vient exactement cette tradition qui mêle mystère, sucreries et citrouilles grimaçantes ?


Une fête venue d'Irlande
L'histoire d'Halloween remonte à plus de 2000 ans, au festival celte de Samhain (prononcé "sow-in"). Célébrée en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles, cette fête marquait la fin des récoltes et le début de l'hiver, considéré comme la période sombre de l'année.
Les Celtes croyaient que la frontière entre le monde des vivants et celui des morts s'amincissait durant cette nuit. Pour apaiser les esprits errants, ils allumaient de grands feux et portaient des costumes – souvent des peaux d'animaux – censés les protéger des influences maléfiques.
Quand le christianisme s'est répandu en Europe, l'Église a tenté d'absorber ces traditions païennes. Au 8ème siècle, le pape Grégoire III a établi la Toussaint (All Saints' Day) le 1er novembre. La veille est devenue "All Hallows' Eve", qui s'est transformée peu à peu en "Halloween".
Le "Trick or Treat" : une tradition américanisée

Si Halloween trouve ses racines en Europe, c'est aux États-Unis que la fête prend sa forme actuelle. Les immigrants irlandais, fuyant la Grande Famine des années 1840, apportent leurs traditions avec eux.
La pratique du "trick or treat" (des bonbons ou un sort) s'inspire de plusieurs coutumes :
- Le "souling" médiéval, où les pauvres frappaient aux portes pour recevoir des "soul cakes" (gâteaux des âmes) en échange de prières pour les défunts
- Le "guising" écossais, où les enfants déguisés offraient chansons ou spectacles contre nourriture ou pièces
- Les farces traditionnellement associées à la nuit d'Halloween en Amérique du Nord
C'est dans les années 1950 que le "trick or treat" devient un phénomène national américain. Les fabricants de bonbons saisissent l'opportunité commerciale et la tradition se standardise : les enfants costumés sonnent aux portes, prononcent la formule magique et repartent avec des friandises.
Deux continents, deux visions d'Halloween
Aux États-Unis, une industrie florissante
Halloween représente aujourd'hui un marché colossal outre-Atlantique. Les Américains dépensent environ 3 milliards de dollars en bonbons chaque année pour cette occasion – la deuxième plus grosse vente de confiseries de l'année, après Pâques. En moyenne, chaque foyer distribue entre 2 et 3 kilos de bonbons, avec une nette préférence pour les Reese's Peanut Butter Cups, les M&M's et les Snickers.
Mais c'est surtout l'industrie des décorations qui impressionne. Des magasins entiers sont dédiés à Halloween pendant deux mois. Les quartiers résidentiels se transforment en véritables attractions : maisons converties en manoirs hantés, jardins envahis de pierres tombales et de squelettes géants, toiles d'araignées monumentales. Dans ces quartiers très décorés, certains foyers accueillent 500 à 1000 visiteurs en une seule soirée ! Les familles s'y préparent en achetant jusqu'à 15 kilos de bonbons et viennent parfois de loin, attirées par la réputation du lieu.
Où trouver les meilleurs costumes pour Halloween dans la Bay Area
En France, une fête qui ne prend pas
Le contraste avec la France est saisissant. Malgré quelques tentatives d'importation dans les années 1990 et 2000 par les enseignes de grande distribution et les marques de confiseries, Halloween n'a jamais vraiment conquis le cœur des Français.
Plusieurs raisons expliquent cette résistance. La proximité avec la Toussaint – fête religieuse importante en France – crée une confusion. Là où les Américains célèbrent le côté ludique et festif, les Français associent cette période au recueillement et à la mémoire des défunts. Difficile de concilier citrouilles grimaçantes et visites au cimetière.
Beaucoup y voient aussi une importation commerciale américaine de trop, une énième fête consumériste sans lien avec la culture locale. Cette perception a freiné son adoption, contrairement à d'autres traditions anglo-saxonnes mieux acceptées.
Résultat : pas de maisons transformées, pas de courses effrénées dans des magasins spécialisés. Quelques supermarchés proposent bien des masques et des citrouilles en plastique, mais l'offre reste anecdotique. Certains enfants se déguisent encore et sonnent aux portes dans les grandes villes, mais beaucoup de foyers ne préparent aucun bonbon. La fête reste marginale, célébrée par quelques irréductibles ou dans le cadre de soirées privées entre amis.
De Samhain aux citrouilles : une tradition qui divise
D'une célébration mystique celte à une fête commerciale américaine, Halloween a parcouru un long chemin. Aujourd'hui, elle révèle autant qu'elle divise : symbole d'une communauté qui se rassemble d'un côté de l'Atlantique, perçue comme une intrusion culturelle de l'autre. Une tradition qui, visiblement, a trouvé son terreau idéal aux États-Unis, mais qui peine encore à convaincre l'Hexagone.
Et vous, que faites-vous à Halloween? Donnez-nous votre avis en commentaire.

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