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Wangechi Mutu à la Galleria Borghese, entre mythes et réalités

Pour la première fois avec “Poemi della terra nera”, la Villa Borghese consacre une exposition entière à une artiste féminine vivante, célébrant le pouvoir transformateur de l’art de Wangechi Mutu.

khadija Farahkhadija Farah
Crédits : Photographie de Wangechi Mutu par Khadija Farah

Dans la lignée de son engagement en faveur de l’art contemporain, la Galleria Borghese consacre l’exposition “Poemi della terra nera” à l’artiste américano-kenyane, Wangechi Mutu, du 10 juin au 14 septembre. Célébration de la poésie, du mouvement et de l’ancrage, il s’agit de la première exposition consacrée par le musée à une artiste féminine vivante.

Entre poésie et réalités matérielles

Le titre de l’exposition renvoie à la pratique créative de l’artiste. Profondément ancrées dans le temps présent, avec ses réalités sociales et politiques, ses œuvres naviguent également entre mythe et poésie. Regroupant sculptures, installations et vidéos, le travail de Wangechi Mutu interroge les notions de hiérarchies et les catégories figées. Son art se dessine dans le mouvement, les suspensions, les fragments, proposant un dialogue entre l’imagination de nouvelles mythologies contemporaines et l’autorité symbolique des structures institutionnelles.

Redéfinir l’espace muséal

Dans la lignée de ce dialogue, l’exposition s’étend dans les différentes salles de la Galleria Borghese, ainsi que sur sa façade extérieure, redéfinissant les limites de l’institution muséale. Les rapports de pouvoirs sont bouleversés, de même que l’idée de significations univoques. Les œuvres de Wangechi Mutu invitent à repenser le musée comme un organisme vivant et non une entité figée, comme un corps en mouvement et en transformation perpétuelle. Le parcours expositionnel reconsidère la Galleria Borghese comme terrain fertile pour l’imagination et le pouvoir transformateur de la création. Transcendant les perspectives et les époques, l’artiste met en lumière la possible coexistence des récits et des mythologies. Elle invite le spectateur à porter son regard non plus uniquement sur ce qui est exposé, mais davantage sur ce qui a été enlevé, silencié ou invisibilisé.

Une exposition en deux sections

 Deux sections complémentaires composent le parcours expositionnel. Un premier versant déployé à l’intérieur du musée agrémente légèrement les collections permanentes. Les sculptures et installations en suspension de Wangechi Mutu ne font pas d’ombre aux autres œuvres de la Villa Borghese, mais plutôt les enrichissent par leur présence délicate et éthérée. Le regard du visiteur se voit subtilement réorienté, de nouveaux champs de perceptions sont ouverts. Les matériaux utilisés (bronze, bois, plumes, papier, eau, terre, cire) apparaissent comme sujets de l’exposition à part entière, dépositaires d’une poésie singulière. Ils viennent interroger l’immanence des matériaux traditionnels présents dans le musée (marbre, stuc) et leur opposent une beauté organique et éphémère, riche d’une mémoire ancestrale. La seconde section de l’exposition prend place sur la façade muséale et dans les jardins secrets de la Galleria Borghese. Plusieurs sculptures de bronze y sont exposées, accompagnées de documents iconographiques et vidéos. Bouleversement de l’habituel ordre et calme du site, les œuvres de Wangechi Mutu insufflent un souffle de vie nouveau, à mi-chemin entre le mythe et l’empreinte humaine. Présence spirituelle, altérité et ambiguïté se confondent dans une expérience rare et poétique.

Informations pratiques
Fini le14sept.

Jusqu'au 14 sept. à 19:00

Adresse

Piazzale Scipione Borghese, 5
RM
roma

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