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YANNICK LOUARN - "La difficulté pour faire du vrai business au Brésil, c’est qu’il faut rencontrer les gens personnellement"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 6 juin 2016, mis à jour le 8 février 2018

Tous les 10 km, cinq tonnes de déchets sont abandonnées sur le bord des routes. Pour lutter contre ce fléau, Yannick Louarn, un globe-trotter français à l'affût de bonnes idées a trouvé une solution : le Petitbag, un sac de collecte de déchets pour voiture. Le projet a d’ailleurs reçu le Trophée régional du développement durable et de la RSE avec la mention Coup de Cœur du jury le 23 mars dernier en France. Lepetitjournal.com s’est entretenu avec le concepteur de Petitbag qui nous présente son parcours, fait le bilan de l'action de Petitbag et nous révèle les difficultés du business au Brésil.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
Yannick Louarn 
: J’ai commencé ma carrière dans le sport en tant que moniteur de ski. Je suis ensuite entré chez Decathlon, mon travail était de tester des matériaux. J’ai eu un parcours très intéressant dans cette entreprise car j’ai toujours travaillé sur des projets innovants, que ce soit sur des ouvertures de grands magasins, des structurations de gamme ou encore des lancements de nouveaux concepts. J’ai également travaillé pour des enseignes de vente à distance telles que 3 Suisses pendant 10 ans. J’ai toujours adoré apporter des nouveautés à l’ensemble du monde. Par ailleurs, l’idée d’apporter des Petitbag, c’est-à-dire des sacs de collecte de déchets pour voiture, m’est apparue il y a quelques années lorsque j’étais parti surfer au Brésil. C’est alors que je me suis associé avec un fabricant brésilien et nous avons mis en place une dynamique pour rapporter ce concept en Europe. J’ai travaillé pendant trois ans depuis le Brésil sur la mise en place de ce lancement européen. Le concept a été lancé en 2013 avec l’idée d'équiper toutes les voitures du monde d’un sac de collecte de déchet. En France, nous avons fait des présentations auprès du marché B to B sur des salons. Le 23 mars dernier, Petitbag a d’ailleurs gagné le Trophée régional du développement durable et de la RSE avec la mention  coup de Cœur du Jury en France.

Quel est votre concept ?
Aujourd’hui, en Europe et ailleurs, cinq tonnes de déchets sont abandonnées tous les 10 km au bord des routes.  Il y a une raison très simple à cela : la voiture est le seul lieu de vie où il n’y a pas de collecte de déchets car les constructeurs l’ont négligemment oublié. C’est dans cette optique qu’il nous est apparu important de développer ce concept de "Petitbag", et ce d’une façon intelligente, c’est-à-dire que nous avons présenté ce projet à l’ensemble des collectivités territoriales afin qu’elles demandent aux entreprises de leur territoire de s’en équiper et de l’utiliser comme un vecteur de communication. Petitbag se donne pour mission de stimuler le comportement des automobilistes depuis l’habitude de leur voiture afin de traiter définitivement le problème des déchets au bord des routes.

En quoi ce produit est-il écologique ?
Depuis trois ans, notre entreprise s’est engagée dans le développement d’un projet d’écoconception qui vise à protéger l’environnement. Nous nous sommes fixés comme objectif de récolter plus de 150 tonnes de déchets. D’autre part, Petitbag, est un sac de collecte de déchets pour voiture qui est lui-même réutilisable, lavable et recyclable. Le produit est un polymère synthétique, c’est-à-dire qu’il est confectionné à partir de bouchons recyclés. Au Brésil, on l’appelle "sac poubelle" alors qu’en Europe nous avons dû retravailler le positionnement du produit pour l’appeler "sac de collecte des déchets" car l’appellation "sac poubelle" n’était pas très vendeur.

Quelles sont les clés de réussite dans un business au Brésil ?
Au Brésil, ce qui est important pour réussir, c’est de se faire un réseau sur place car quand on arrive, on est un peu tout seul. Pour ma part, j’ai pu compter sur le soutien du réseau des Bretons à Sao Paulo et sur la famille de ma compagne brésilienne avec qui j’étais à l’époque. J’ai également travaillé avec des écoles brésiliennes pour apprendre la langue, ce qui m’a permis d’aller sur le terrain et de pouvoir échanger avec des professionnels. Ensuite, il est important d’avoir une idée très claire de ce que l’on va faire. Faire au Brésil, c’est faire quelque chose de brésilien.

Comment gère-t-on l’interculturalité au Brésil ?
Il faut faire l’effort de s’intégrer le plus tôt possible. Au niveau culturel, je n’ai pas trouvé qu’il était difficile de s’adapter car les modes de vie sont relativement proches. D’autre part, les Brésiliens sont très curieux d’apprendre à connaître la culture française, ce qui encourage les échanges entre les deux cultures.

Le personnel brésilien arrive-t-il à s’adapter aux exigences des Français ?
Ils veulent toujours en faire plus. Une fois que la relation de confiance est établie avec le personnel brésilien, les employés travaillent très bien. La difficulté pour faire du vrai business au Brésil, c’est qu’il faut rencontrer les gens personnellement. Il est indispensable de se faire inviter dans les soirées, de serrer des mains, etc. Sans cela, vous n’arrivez à rien.

Qu’est-ce qui est le plus contraignant au Brésil pour un Français ?
D’un point de vue personnel, il m’a été difficile d’accepter les différences d’évolution entre la France et le Brésil. Au Brésil, les contrastes de richesses et de niveau de vie sont énormes au sein de la population. Il y a encore énormément de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. D’un point de vue professionnel, je trouve que les Brésiliens sont très exigeants en termes administratif et que les connections entre les villes sont relativement complexes en termes de logistique. Il est souvent compliqué de faire venir la marchandise si on ne connaît pas la filière.

Propos recueillis par Pauline RAGUE (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 7 juin 2016

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Publié le 6 juin 2016, mis à jour le 8 février 2018

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