Édition internationale

JEAN-PAUL LEFEVRE - "L’Alliance française offre un complément pour la vie"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 février 2015

A son retour de Paris pour le colloque annuel de la Fondation Alliance française, où un nouveau président, Jérôme Clément, a été présenté, le délégué général de l'Alliance française au Brésil, Jean-Paul Lefevre, a accordé un entretien au Petitjournal.com pour évoquer les nouveautés à venir pour 2015.

Qu'est-ce qui va marquer 2015 pour l'Alliance française de Rio ?
L'Alliance française de Rio a été créée en 1885, cela fait donc 130 ans, c'est la première Alliance française installée au Brésil. Depuis 1885, l'Alliance française continue à développer une activité ininterrompue avec aujourd'hui un développement intéressant. Nous avons 11 filiales, une a été fermée à la fin de l'année dernière à Campo Grande, et deux ont été ouvertes au Jardim Botânico et à Freguesia, dans le quartier de Jacarepagua. Maintenant nous sommes présents sur un beau réseau au niveau de la ville.

Quelques indices sur la programmation culturelle offerte aux Cariocas en 2015 ?
Nous avons une programmation culturelle importante en étroite relation avec ce qui sera fait pour les commémorations des 450 ans de la ville. On aura quelques belles opérations, avec notamment la huitième édition de notre bloco Ulala Balancê samedi à Copacabana pour le carnaval, le Rhinocéros de Eugène Ionesco en mai (en étroite collaboration avec la Cidade das artes, l'ambassade et le consulat), ainsi que notre partenariat phare avec le festival de cinéma Varilux qui se développe dans plus de 40 villes au Brésil, dans 70 cinémas, soit 97.000 spectateurs.  Ce sont les Alliances françaises qui sont les relais dans le domaine de l'organisation et de la production du festival Varilux dans toutes ces villes. Il y a également le Prix Photo Web, qui continue à progresser. Quelques données pour 2014 : 741 candidats, 55 photographes sélectionnés, 2.514 photos, 1.335 votes en ligne, 13.578 consultations du site. Nous espérons continuer à le faire grandir en 2015. Et puis le festival de la Chanson française : en 2014, c'était 12 villes, 160 chanteurs, 2.650 spectateurs, avec une finale à Rio. On refera la finale à Rio, au théâtre de la Maison de France pour les 130 ans, où l'on a été accueilli en 2014.

En ce qui concerne les cours, quelles nouveautés pour 2015 ?
Les deux nouvelles filiales - important pour notre implantation dans la ville ? ainsi que la mise en place d'une nouvelle

méthode pour toutes les Alliances françaises du Brésil et donc celle de Rio. L'Alliance française de Rio est un peu le "carro chefe" du réseau, c'est un laboratoire, c'est elle qui expérimente les nouveautés. Nous développons le cours à distance, qui reste l'un de nos axes essentiels de développement, comme tout ce qui est lié au numérique, les cours online comme l'on dit en bon français. Cela s'explique aussi parce que les gens ont besoin de pouvoir travailler chez eux, sur leur lieu de travail ou ailleurs.  La ville est de plus en plus complexe. Nous voulons donner la possibilité aux gens à la fois de pouvoir apprendre à distance, mais également de participer à des cours hybrides,  avec des cours en présentiel, en complément des cours à distance.

Le jeune public est toujours votre cible en développement ?
Oui, nous développons à Rio de nombreux projets et partenariats pour gagner les moins de 12 ans. Le gros de nos élèves aujourd'hui, ce sont les 18-35 ans, ils représentent 70% de nos effectifs. On est très content, car ce sont des étudiants, des jeunes actifs, mais on veut essayer de retrouver le tout jeune public qui a fréquenté l'Alliance française dans les années 1980. L'idée c'est avoir ces élèves en dehors de l'Alliance française, dans un premier temps dans les écoles. Le premier partenariat a été monté avec l'Escola Nova, c'est l'école où vont les enfants des employés de la chaîne de télévision Globo. Nous avons lancé un projet avec eux, où nous donnons des cours de français dans les locaux de leur école. L'objectif, c'est de faciliter l'apprentissage du français pour les enfants sans qu'ils aient besoin de se rendre à l'Alliance française.

Les cours de portugais sont également mis en avant ?
Nous avons ce cours de portugais depuis un certain temps déjà, mais on ne recherchait pas les élèves, on attendait que les gens nous demandent, on ne communiquait pas dessus. Au milieu de l'an dernier, nous avons commencé à rechercher ces élèves dans les entreprises, au consulat, dans les endroits où il existe une concentration d'expatriés. L'un de ces exemples, c'est le partenariat que nous venons de lancer avec Lepetitjournal.com pour annoncer ce cours. L'Alliance française donne ainsi des cours de portugais langue étrangère, plutôt pour les francophones et nous avons une vraie compétence dans ce domaine. Cela peut intéresser par exemple les entreprises françaises qui ont des collaborateurs, des cadres ou pour leur famille qui arrive et qui s'installe au Brésil. Il faut qu'ils sachent que l'Alliance française peut très bien les accueillir pour leur donner ces cours. Pour l'instant, c'est l'Alliance objectif qui les propose. Cette Alliance s'occupe de ce type de cours à la carte (individuel, collectif) et travaille avec les entreprises. C'est un axe que l'on peut développer encore, il y a une réelle demande.

L'Alliance française est toujours bien présente dans le milieu universitaire ?
Nous avons en effet monté des partenariats avec les universités. Il s'agissait de faire sortir l'Alliance française de ses murs. Nous avons commencé avec l'école d'ingénierie de l'UFRJ pour les accompagner dans la poursuite d'un cursus ou d'échanges universitaires avec les universités françaises. L'IMPA (Institut de mathématiques) est aussi pour nous un partenaire très important. Les écoles de mathématiques françaises et brésiliennes sont extrêmement liées depuis longtemps, d'ailleurs la Médaille Fields de mathématiques l'an dernier a été décernée au Brésilien Artur Avila qui est un pur produit de cette relation entre l'IMPA et l'Ecole Normale Supérieure. Nous offrons également la possibilité aux étudiants de la FGV de pouvoir suivre des cours de français afin de compléter leur cursus. L'Alliance française reste aussi un pilier essentiel du programme "Ciências Sem Fronteiras". Nous offrons une formation à distance pour 10.000 étudiants qui vont partir en France dans le cadre de ce programme. Il y a déjà eu deux appels à candidatures et nous avons reçu 30.000 candidats pour le premier. Il y a énormément de demande et d'intérêt, c'est très positif pour l'Alliance française. Nous travaillons enfin avec les institutions gouvernementales, de l'État, municipales brésiliennes.

Selon vous, le français peut regagner ses lettres de noblesse au Brésil ?
La culture française, c'est un différentiel pour le monde professionnel, en raison  des échanges importants entre la France et le Brésil. L'Alliance française est une ouverture sur la culture. Elle rassemble et fédère des personnes désireuses de partager des valeurs humanistes et attachées à la diversité culturelle. L'Alliance française offre un complément pour la vie, les personnes qui parlent français gagnent un statut culturel, une attitude différente. Pour les Brésiliens, apprendre le français, c'est vraiment s'ouvrir à autre chose. La majorité de nos élèves étudie de leur plein gré, sans aucune obligation professionnelle, c'est un goût assumé et affirmé. C'est ce que dit notre campagne de publicité, "Faça diferente, faça francês" : c'est faire un choix, marquer et affirmer son attitude personnelle, sa façon de penser, sa façon d'agir. C'est pouvoir échapper à la standardisation. Ce que nous véhiculons comme valeur, ce n'est pas une attitude contre la mondialisation, car tout le monde la vit, mais c'est ne pas en être victime, pouvoir garder son libre arbitre et pouvoir faire autre chose. Pendant que tout le monde est dans la voiture, pourquoi ne pas prendre sa bicyclette ou pendant que tout le monde mange des hamburgers, pourquoi ne pas manger un croissant ? C'était cela un peu l'idée de la campagne : "Sors de la masse".

Propos recueillis par Damien LARDERET (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 10 février 2015

lepetitjournal.com Rio
Publié le 9 février 2015, mis à jour le 10 février 2015
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