Après l'assassinat du footballeur colombien Andres Escobar en 1994, Jürgen Griesbeck, un Allemand basé en Colombie, s'est demandé comment un sport tel que le football pouvait inspirer autant de violence. Il a alors eu l'idée de promouvoir les valeurs de respect et de solidarité en utilisant ce même sport. "Street Football World", plateforme internationale dédiée à la mise en relation des nombreuses organisations utilisant le football pour améliorer la société, est née en 2002. Lepetitjournal.com s'est rendu à l'antenne carioca de l'ONG pour en savoir plus.
Les associations utilisant le football pour faire du social sont légion au Brésil, l'ONG allemande "Street Football World", qui a été lancée après une première initiative menée avec succès à Medellin (Colombie) par son créateur Jürgen Griesbeck, s'est ainsi donnée pour mission de les rassembler.
Le bureau de l'association à Rio, ouvert en 2011, se compose d'une équipe qui n'a cessé de s'agrandir. Il compte aujourd'hui dix personnes qui ont en charge de coordonner les nombreux projets de football social au Brésil. Street Football World pratique le consulting, le soutien logistique et financier ainsi que l'accompagnement de la "communauté d'apprentissage", nom donné à un rassemblement d'une vingtaine d'associations brésiliennes qui se rencontrent régulièrement dans le but de partager leurs expériences respectives autour du football social.
Evénements durant le Mondial
Cette plateforme s'insère pleinement dans un climat associatif bouillonnant au Brésil et où le football, sport-roi, est souvent utilisé à des fins pédagogiques. Avec des partenaires tels que la Fifa, Street Football World prévoit une série d'événements lors de la Coupe du Monde, notamment une exposition sur les femmes intitulée "Mulheres em campo, driblando préconceitos" qui se tiendra du 4 au 20 juillet au Musée de la République, à Catete.
Lepetitjournal.com était présent lors de la quatrième réunion de la communauté d'apprentissage qui s'est tenue à Santa Teresa. A cette occasion, un match de football pas comme les autres était organisé. Ce dernier utilisait la méthode "football3" dans laquelle le match se déroule sans arbitre et les règles sont élaborées par les équipes elles-mêmes. Celles-ci sont basées sur la solidarité, le respect et l'entraide. Ce n'est qu'à la fin du match, après un moment de concertation sur le comptage des points, que l'on sait quelle équipe a gagné. Un but peut, par exemple, compter plus si l'action qui l'a permise a été le fruit d'actions solidaires. Aussi quand le football3 est utilisé, les équipes sont mixtes, ce qui permet d'ajouter une dimension plus paritaire au jeu.
Plébiscité par les enfants
L'esprit de ce football est bien différent de celui que l'on connaît, la logique de coopération est préférée à une logique de compétition. Les enfants, en élaborant eux-mêmes leurs propres règles, deviennent de véritables protagonistes du jeu. Il y a une forte idée de leadership juvénile sous-jacent à ce projet sportif. Cette méthode, qui est utilisée dans tout le Brésil par les diverses organisations présentes ce jour-là, porte ses fruits : les enfants qui auraient essayé le football3 le préfèrent souvent au football traditionnel. L'ambition de cette communauté est ainsi de diffuser cette méthode dans les écoles publiques.
Street Football World organisera d'ailleurs pendant la Coupe du Monde, lors de la dernière semaine du mois de juin, un forum global sur ce thème et invitera des jeunes du monde entier qui travaillent sur le football et les projets de développement. Mirella Domenich, responsable du bureau de Street Football World à Rio, voit déjà depuis son arrivée dans l'organisation, il y a 14 mois de cela, des évolutions positives et encourageantes pour la suite. Changer le monde par le football semble bien possible et malgré les nombreux défis que ce programme doit relever, tel que conquérir les politiques publiques, l'ONG a de beaux jours devant elle.
Neïth ASSOGBAVI (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 1er mai 2014
*Légende photo : Julia Boardman, stagiaire depuis cinq mois au bureau de Rio de Street Football World
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