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JO 2016 – Un an après, Rio ne répond plus

L'extérieur du mythique stade du Maracaña, devenu obsolète.
Écrit par Vincent Villemer
Publié le 8 septembre 2017, mis à jour le 10 août 2017

L'extérieur du mythique stade du Maracaña, devenu obsolète.

Il y a juste un an, c'était toute la planète qui fêtait les Jeux Olympiques à Rio de Janeiro. Désormais, la métropole brésilienne est enfouie dans la crise et la violence.

C'est certainement le symbole le plus marquant de la triste décadence que connaît Rio de Janeiro depuis un an. Toutes les installations sportives ayant coûté une somme pharaonique à l'Etat sont délaissées. Stades fantômes, différents sites et arènes à l'abandon, coffres de publics vides et scènes de guérilla dans les rues cariocas, voilà l'éventail malheureux de la Cité Merveilleuse. La fête olympique n'est qu'un souvenir abstrait et laisse un goût plus qu'amer pour les habitants.

Des sites abandonnés

Parmi tous les sites construits pour les J-O, seul le centre olympique de tennis reste en activité, et encore. L'arène de 10 000 places est utilisée de manière très ponctuelle et concerne un public réduit. Face au faible engouement qu'il suscite, il n'est ouvert au public que le week-end, mais il est surtout devenu un lieu de balade pour les riverains du quartier. Un peu plus loin de là, se dresse l'Arène du futur, et le constat est saisissant. Très bel édifice ultramoderne, il a été bâti pour accueillir les matchs de Handball dans le cadre des J-O, mais pas seulement. L'Etat avait eu la judicieuse idée de recycler ces beaux bâtiments afin de leur redonner une utilité et une fonction à l'avenir, qui pourraient profiter aux habitants de Rio. La mairie avait donc proposé de démonter les installations et de les transformer en écoles municipales, l'idée semblait brillante sur le papier, mais faute de budget, le projet est au point mort. Voici l'illustration du manque d'organisation et de l'incompétence dont fait preuve le gouvernement. Pire que ça, les Cariocas ont le sentiment d'être totalement méprisés par l'Etat. Pour le reste des installations olympiques, dont les chantiers ont coûté plus de deux milliards d'euros, leur gestion a été confiée au secteur privé mais pour le moment, aucune entreprise ne s'est manifestée. Un désintéressement total de l'Etat qui s'explique par des caisses publiques devenues vides.

Autre site olympique laissé à l'abandon.

La Cité Merveilleuse en faillite

C'est un fait, les coffres publics de Rio sont vides. La cause ? La pire crise économique de l'histoire du Brésil qui frappe actuellement tout le pays. Engrainé dans la corruption, l'Etat de Rio est désormais en faillite. Un vrai drame économique, marqué notamment par la fermeture exceptionnelle de l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro. En effet, la prestigieuse enceinte a gardé ses portes closes le jour de la rentrée, début août. Pourquoi ? À cause de la grève totale des professeurs et du personnel qui ne perçoivent plus leur salaire depuis avril. Une crise qui provoque des conséquences fatales pour la santé du Brésil. Car le secteur éducatif n'est pas le seul concerné par ce problème. Tous domaines confondus, ce sont plus de 200 000 fonctionnaires qui sont privés de leur rémunération, et c'est sans compter tous les paiements en retard qui touchent principalement les autorités comme la police. Chez les habitants, l'indignation et la colère s'amplifient face à la situation critique qu'ils subissent. Un sentiment d'autant plus compréhensible car le gâchis est incommensurable. Les pouvoirs publics ont dépensé sans compter pour les J-O à défaut d'investir dans les services basiques et vitaux pour la population. Dans la Cité Merveilleuse, la facture pour l'organisation des Jeux s'élevant à 14 milliards d'euros ne sera sûrement jamais digérée par le peuple carioca.

Montée de la haine et de la violence

En toute logique, une situation aussi inacceptable et scandaleuse que celle-ci provoque la haine et la révolte du peuple. Se sentant délaissés, non respectés, voire même indirectement attaqués par l'Etat, de nombreux habitants trouvent refuge dans la violence, qui est multipliée dans les favelas. Samedi dernier, 5000 militaires étaient déployés dans plusieurs favelas de Rio pour arrêter des braqueurs présumés. Une grosse opération contre le crime organisé qui s'est soldée par l'arrestation de 23 personnes et la mort de deux suspects ainsi qu'un policier. La violence, générée par les contrastes sociaux et le contrôle des favelas par les narcotrafiquants, a toujours existé à Rio, mais elle s'est amplifiée. Coïncidence ou non, depuis les J-O, les trafiquants de drogue se sont lancés dans une reconquête territoriale sanglante. Chiffres à l'appui, depuis le début de l'année 2017, 3 457 homicides ont été recensés dans l'Etat de Rio. Face à la situation économique et sociale du Brésil, les grands groupes de narcotrafiquants profitent de cette fragilité extrême pour agir et taper fort.

Entre l'indignation et la colère envers le gouvernement, et la peur de sortir de chez soi dans ce climat hostile et violent, les Cariocas sont au bout du gouffre. Si il y a à peine quelques années, l'idée d'accueillir les Jeux Olympiques était un rêve pour tous les Brésiliens, aujourd'hui, il n'en restera qu'un cauchemar dans leur mémoire.

Vincent VILLEMER www.lepetitjournal.com/Rio de Janeiro Jeudi 10 Août 2017

vincent villemer
Publié le 8 septembre 2017, mis à jour le 10 août 2017

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