

Basé au Panama, le président de TV5 Monde Amérique Latine et Caraïbes, en poste depuis 12 ans, était à Rio cette semaine pour célébrer le partenariat conclu depuis le mois dernier avec Cinémaison, la cinémathèque du consulat de France. Il a accordé un entretien au Petitjournal.com.
Lepetitjournal.com : En quoi consiste ce partenariat ?
Frédédic Groll-Bourel : TV5 Monde est la chaîne qui défend la francophonie, le Français, et c'est un média de télévision au Brésil qui offre un contenu très orienté sur le cinéma. Le partenariat avec Cinémaison est tout à fait cohérent puisque nous visons le même public à travers des contenus, des programmes, des films qui sont en phase avec ceux qui y sont diffusés. Nous sommes le premier diffuseur de films français en Amérique Latine, hormis les complexes de cinéma, et donc c'était très intéressant pour nous de pouvoir toucher le public de Cinémaison qui est, à peu de choses près, le même que celui de TV5 Monde, et avoir une visibilité en permanence dans cette salle.
Quelle est la place de TV5 Monde au Brésil ?
Dans six mois, la chaîne aura 30 ans et cela fait 17 ans qu'elle est diffusée au Brésil. On est diffusé via les cinq opérateurs de télévision à péage (satellite, câble, etc.) et cela représente deux millions de foyers qui reçoivent TV5 Monde à travers tout le pays. C'est une bonne réception pour une chaîne non-brésilienne et sous-titrée seulement 12 heures par jour en portugais. On essaye de toucher un public toujours plus local en augmentant le sous-titrage et via une programmation fédératrice, avec un contenu orienté généraliste (info, cinéma, sport, documentaire, programmes éducatifs, art de vivre). C'est cela la position de TV5 Monde aujourd'hui, un vrai média qui est une alternative et une complémentarité avec les autres chaînes brésiliennes ou internationales. Cette programmation a beaucoup évolué depuis sa création en 1984 où c'était le média de la francophonie, véhiculaire de la culture francophone et de la langue française. En termes de positionnement, on a désormais un aspect vraiment unique, le seul média 24h/24 diffusé en langue française au Brésil.
Par rapport aux autres pays d'Amérique Latine, comment se place le Brésil pour TV5 Monde ?
C'est le premier marché c'est-à-dire le premier pays en termes de volume d'abonnés à recevoir la chaîne, et c'est aussi le pays où nous avons le plus de spectateurs locaux non-francophones. 80% de notre public brésilien n'est pas francophone, ce qui est énorme par rapport à d'autres pays de la région même historiquement très francophiles comme l'Argentine, la Colombie, le Pérou ou le Chili. Donc clairement aujourd'hui, nous cherchons à fédérer et recruter ce profil, car pour nous, le public francophone est d'ores et déjà acquis, même s'il faut toujours le fédérer car il y a la concurrence d'Internet pour l'accès à des contenus audiovisuels.
Y a-t-il une programmation spécifique pour le Brésil ?
Oui et non. La spécificité, c'est le sous-titrage en portugais. Pour ce qui est du contenu, c'est le même pour toute l'Amérique Latine. Du Mexique au Chili, ce sont les mêmes programmes (films, événements sportifs, infos, etc.) à la même heure, mais avec un sous-titrage adapté. Les programmes "sous-titrables" sont d'une manière générale ceux que nous cherchons le plus à développer, ainsi que ceux liés à l'aide à l'enseignement de la langue française, qui est l'origine, comme je le disais, de la création de TV5 Monde. Aujourd'hui, beaucoup d'institutions, au Brésil et ailleurs, utilisent notre chaîne comme outil pour aider les professeurs ou les étudiants.
Quels sont les programmes préférés du public brésilien sur TV5 Monde ?
Les documentaires ! Ce sont les programmes les plus regardés, ce qui est aussi le cas dans d'autres pays. Les programmes autour de l'art de vivre (mode, décoration, cuisine, gastronomie) sont très suivis aussi, ainsi que le cinéma.
Comment se passe la concurrence avec les autres chaînes étrangères ?
Toute chaîne est concurrente, même une chaîne de news brésilienne, tout simplement parce que c'est de l'audience en moins pour nous. Il y a aujourd'hui environ 250 chaînes dans une offre de télévision à péage, donc on se bat avec les 249 autres. Notre légitimité, c'est de pouvoir dire aux opérateurs que nous avons des téléspectateurs. Je fais souvent l'analogie avec une grande surface où si vous ne vendez pas votre produit, tôt ou tard, vous n'allez plus être référencé. Parfois, on existe de manière marginale chez certains opérateurs et parfois on est placé avec les meilleures chaînes, c'est le cas au Brésil, parce qu'on a un public qui est demandeur grâce à une francophilie très prononcée, plus qu'au Mexique ou au Honduras par exemple. On insiste ainsi beaucoup sur le marché brésilien, défendant nos acquis et augmentant notre visibilité, car chaque jour, il y a plus de chaînes et donc moins de place sur les réseaux.
Propos recueillis par Corentin CHAUVEL (www.lepetitjournal.com - Brésil) vendredi 22 novembre 2013







