Alors que la parenthèse des décibels de la Cidade do Rock s'est refermée dimanche pour laisser place au bruit des marteaux piqueurs des chantiers olympiques, Lepetitjournal.com distribue les bons points de l'édition historique qui a marqué les trente ans du festival carioca.
Sept jours de festival, 140 spectacles, plus de 90 heures de musique non stop... Rock in Rio a fêté ses trente ans en grande pompe. De nouveau, pour le second week-end, il y en avait pour tous les goûts, entre le reggae de Cidade Negra et le métal brutal de Ministry, en passant par le charme des divas pop Katy Perry et Rihanna. Hollywood s'est même invité à Rio, avec Johnny Depp à la guitare, pour faire tomber les groupies comme le Mötley Crüe des grands jours.
Il y a eu des rires, des larmes, une chaleur torride de 40 degrés en milieu de semaine, et un orage dantesque le dernier jour : tous les ingrédients réunis pour un événement mémorable, digne de l'héritage de l'édition de 1985, qui a révolutionné la façon d'envisager la musique live au Brésil.
Le millésime 2015 a aussi eu quelques bémols, comme le côté toujours ultra commercial, avec les sponsors envahissant le moindre centimètre carré, et le choix quelque peu répétitif des têtes d'affiche (Metallica pour la troisième fois de suite, rebelote pour Elton John, Rihanna, Katy Perry, Slipknot et System of a Down).
Malgré les difficultés d'accès à la Cidade do Rock et les confusions du système de bus spéciaux et de BRT, les fans en redemandent et les organisateurs ont déjà confirmé les deux prochaines éditions. Vivement 2017 !
Notre Palmarès du Rock in Rio :
Meilleur concert du Palco Mundo : Queen
Dès le premier soir, les fans ont pu revivre les plus grandes heures de 1985. Freddie Mercury n'était plus là pour faire le show comme il y a trente ans, mais le jeune Américain Adam Lambert s'est approprié avec brio le répertoire et a conquis les sujets de sa majesté. Le guitariste Brian May et le batteur Roger Taylor ont les cheveux blanc, mais ils ont gardé la pêche, faisant taire les mauvaises langues qui s'attendaient à du réchauffé.
Meilleur concert du Palco Sunset : Hommage aux 450 ans de Rio
Le Sunset a réservé de belles rencontres aux fans qui ont fait l'effort de venir plus tôt, mais les organisateurs ont gardé le meilleur pour la fin. On ne savait pas trop quoi attendre de cet hommage à l'anniversaire de Rio, mais les artistes cariocas ont bluffé leur monde, montrant que la Cidade Maravilhosa a du talent et de l'émotion à revendre. Toutes les facettes de la ville ont été passées en revue, de la plage aux favelas, en passant par le Fla-Flu au Maracanã, et il y a même eu une touche contestataire, avec le rap militant de Gabriel o Pensador. Le tout sous des trombes d'eau, histoire de tordre le cou aux clichés du Rio sea, sex and sun... Le Palco Sunset a été conçu pour que le soleil se couche derrière la scène, mais la vision de la foudre en arrière a donné une touche d'autant plus spectaculaire.
Meilleure ambiance : Elton John
Autant Sir Elton était peu à l'aise il y a quatre ans, coincé entre Katy Perry et Rihanna, cette fois, l'ambiance de la soirée des vétérans britanniques lui allait comme un gant. Avant l'entrée en scène de Rod Stewart, c'était touchant de voir des couples de tous âges danser et chanter à l´unisson les succès de ce monstre sacré.
Meilleur look : Floor Jansen (Nightwish)
Si Rihanna est loin d'avoir fait l'unanimité avec son baggy jaunâtre, la chanteuse de Nighwish a arboré un ensemble noir
Meilleure reprise : Whole lotta love (Hollywood Vampires)
Si Johnny Depp monopolisait les attentions et apparaissait sans arrêt sur l'écran géant, le festival de classiques du rock revisité par les Hollywood Vampires a connu son point d'orgue sur une reprise de Led Zeppelin, avec un duo explosif au micro, entre la voix caverneuse d'Alice Cooper et la pêche revigorante de Lizzy Hale, chanteuse du groupe Halestorm, qui s'était produit quelques heures plus tôt sur le Sunset.
Meilleur come-back : Queens of Stone Age
En 2001, le bassiste Nick Oliveri s'était présenté au Rock in Rio nu comme un ver et avait été arrêté pour attentat à la pudeur. Quinze ans plus tard, Oliveri a été remplacé par Michael Schuman, et le groupe californien a préféré défrayer la chronique avec ses riffs raffinés, pour se mettre dans la poche le public exigeant de System of a Down.
Meilleur solo de guitare : Kiko Loureiro
Comme Steve Vai est hors-concours, la palme revient au guitariste d'Angra, qui a encore éclaboussé le Sunset de son talent a montré qu'il mérite d'avoir été choisi pour rejoindre le mythique Megadeth, un transfert annoncé en grande pompe par le groupe lors du concert et célébré par les fans comme si l'attaquant de leur club fétiche rejoignait Neymar et Messi au Barça.
Meilleur pogo : Lamb of god
Comme leur nom ne l'indique pas, les métalleux de Virginie sont tout sauf de doux agneaux. Alors quand ils demandent aux fans de former le plus grand "circle pit" (cercle de pogo) au monde, Rock in Rio s´exécute.
Quelques minutes avant de se présenter en ouverture de Rihanna, le jeune Britannique de 23 ans a donné le ton, en publiant sur Instagram une photo de lui-même dans sa loge, plaqué contre le mur, comme tétanisé par l'enjeu. Malgré son apparente timidité, il a relevé le défi sans peur et sans reproche, avec une voix captivante et des hommages bien sentis à Mavin Gaye ou Amy Winehouse pour compenser son manque de répertoire.
Meilleur espoir féminin : Aluna Francis (AlunaGeorge)
Avec le producteur électro George Reid, Aluna a été appelée au pied levé pour remplacer la Suédoise Robyn, et elle n'a pas déçu. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la jeune Londonienne n'a pas froid aux yeux. Elle a bravé l'orage de dimanche soir en mini-short et mini-top, et n'a pas hésité à déserter la partie couverte pour avancer sur le podium du Palco Mundo et danser sous la pluie.
Louis GENOT, photos de Luana MARTINS (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 29 septembre 2015
- Voir notre diaporama des meilleurs moments du second week-end de Rock in Rio
- Lire notre entretien avec Steve Vai
|
Rihanna vs Katy Perry, le clash des divas pop Dans cette catégorie, difficile décerner un prix, tant les deux chanteuses ont livré des prestations diamétralement différentes. Rihanna, tout en sobriété, misant sur son charme naturel et sa voix envoûtante, tandis que Katy était portée par un arsenal d'effets spéciaux digne d'un péplum survitaminé. Presque trop sûre d´elle, la sex-symbol des Barbades s'est contentée d´un show minimaliste. Arrivée avec ?seulement' une demi-heure de retard (ses fans l'avaient attendue pendant plus de deux heures il y a quatre ans), elle a expédié sa setlist en 1h15, presque une heure de moins que Katy. Pour ce qui est de la garde-robe, Riri ne s'est pas trop foulée non plus. Avec son baggy (pour le coup, pas sexy pour un sou) assorti à une cape jaune, l'ensemble a même été comparé à l´affreux ciré arboré par Axl Rose, quand il s´est produit sous le déluge avec les Guns lors d'un précédent Rock in Rio. Katy, elle, a changé de vêtements (et de perruque) neuf fois et les fans en ont eu pour leur argent. Une performance bariolée, dansante et pleine de punch, mais Rihanna l´envoie dans les cordes, même sans forcer, avec son groove irrésistible. Cela dit, même si elle ne possède pas ce talent inné, la Californienne avait les astres pour alliés. La pluie diluvienne s´est arrêtée juste avant son entrée sur scène, pour dévoiler une éclipse lunaire, touche féerique inespérée pour clore en beauté le festival. |







