A Rio depuis quatre ans et demi, cette Française originaire de la région parisienne a suivi son mari en expatriation dans le secteur parapétrolier en compagnie de leurs deux filles. Elle a occupé diverses responsabilités au sein de l'association francophone Rio Accueil, dont celle de l'atelier cuisine, depuis 2013, qui a abouti ce mois-ci à la publication d'un recueil de recettes et photos, avant un prochain retour en France.
Lepetitjournal.com : En quoi consiste l'atelier cuisine de Rio Accueil ?
Laurence Hernandes : Ouvert à tous les adhérents, nous nous réunissons une fois par mois. Je détermine un thème si personne d'autre n'en propose et nous nous retrouvons un jour en semaine chez l'un ou l'autre des membres pour cuisiner. Et à la fin, nous dégustons ! Nous sommes dans la transmission de savoirs culinaires. De temps en temps, nous varions un peu en allant au marché aux poissons de Niteroi par exemple, ce qui permet aux gens qui viennent d'arriver de découvrir d'autes lieux. Je les emmène aussi dans des restaurants locaux comme Espirito Santa, à Santa Teresa, Severyna de Laranjeiras ou encore la Feira de São Cristovão.
C'est un atelier qui doit avoir du succès ?
Nous sommes toujours une dizaine et cela m'arrive de refuser du monde ou de reprogrammer des ateliers supplémentaires quand ils ont énormément de succès ! Il y a aussi une autre initiative mise en place , que j'affectionne beaucoup et qui fonctionne très bien, c'est une grande soirée, biannuelle, pour les couples, qui réunit environ 50 personnes. La personne qui ne travaille pas cuisine et le ou la conjoint(e) nous rejoint le vendredi soir pour la dégustation. Nous avons déjà fait des choses magnifiques, que nous ne referons sans doute jamais. La prochaine "Soirée de l'Atelier" sera sur le thème de l'Espagne, le 27 novembre. Ce sera d'ailleurs ma dernière participation à l'atelier cuisine qui sera ensuite repris par Caroline Weisrock.
Quel type de cuisine abordez-vous ?
Tous les types de cuisine sont abordés, nous décidons en fonction des compétences des personnes qui se proposent, en
Vous êtes la chef en cuisine ? Comment cela se passe-t-il concrètement ?
Non, la chef est en général la personne qui propose l'atelier. Pour ma part, j'édite les recettes, je mets une photo pour montrer à quoi le plat doit ressembler et chacun met ensuite la main à la pâte. Il faut d'ailleurs que la personne qui gère l'atelier soit très attentive à ce que chacun fait, pour ne pas s'éparpiller. Elle est la chef d'orchestre et j'ai moi-même beaucoup progressé sur ce plan-là. Et cela se passe toujours dans la bonne humeur et avec le sourire.
Et à l'issue de ces trois ans d'atelier va donc naître ce livre, que peut-on y retrouver ?
Il y a tous les ateliers que j'ai animés depuis que je les ai repris. C'est un livre avec toutes nos recettes, mais aussi beaucoup de photos qui ont été prises au cours de ces séances : un condensé de souvenirs. J'ai voulu qu'il soit gai, à l'image de ce que nous avons vécu ici et qu'il marque la fin d'une aventure : la boucle est ainsi bouclée.
Parlons des produits, est-il possible d'aborder toute la cuisine française avec ce que l'on trouve au Brésil ?
Je dirais qu'il est possible de faire 80% de la cuisine française ici donc nous n'avons pas à nous plaindre. Rio a de très beaux marchés, presque tous les légumes de France ainsi que tous les exotiques locaux. Pour les ateliers, je recherche de toute manière tout ce qu'il est possible de faire avec ce que l'on trouve à Rio. Par exemple, l'une des recettes qui a eu le plus de succès, ce sont les queues de crevettes au gingembre et dés de mangue sur toast de pain d'épice.

Non, pas du tout. Aujourd'hui, j'aime les plats principaux que sont la moqueca et la feijoada par exemple. Je trouve cependant un peu dommage qu'avec tous les beaux produits dont les Brésiliens bénéficient, ils ne varient pas plus leur cuisine, nous trouvons beaucoup de bolinhos, de pasteis. C'est très bon, mais cela ne correspond pas du tout à notre culture. Ils pourraient jouer beaucoup plus sur les saveurs avec toute la richesse de leurs légumes, de leurs poissons? Il me semble que le principal objectif de la cuisine traditionnelle brésilienne est, encore aujourd'hui, de nourrir et non pas de découvrir. Tant de gens ne mangent pas encore à leur faim qu'il n'est pas possible de comparer nos habitudes culinaires avec celles de ce pays. En France, nous sommes souvent dans le loisir alors qu'ici, nous sommes encore souvent dans l'alimentaire et forcément cette situation influence fortement la cuisine.
Quelle est la saveur ou le plat local que vous préférez ?
J'ai appris à faire une crème de maracuja délicieuse. Il est très intéressant de travailler un fruit que nous ne sommes pas habitués à utiliser dans la cuisine française.
Vous recommandiez les marchés de Rio, lesquels en particulier ?
Oui, ils sont vraiment magnifiques, aussi bien pour les yeux que pour le ventre. Je ne fais quasiment mes courses qu'au marché. Donc, il y a celui de la praça General Osorio (Ipanema), celui de Laranjeiras que j'aime bien parce qu'il est plus typique avec des fruits, du tabac, des noix que nous n'avons pas l'habitude de voir dans les marchés d'Ipanema ou de Leblon. Puis une relation de confiance s'instaure avec les maraîchers, les marchands de viande et de poisson. Je vais toujours aux mêmes et je les présente aussi aux nouveaux Français qui arrivent, cela les aide.
Quelles sont les bonnes adresses que vous recommandez pour bien manger à Rio ?
Dans le haut de gamme, j'adore Olympe (Lagoa), j'aime bien aussi Brigite's (Leblon). Il y a également Cipriani au Copacabana Palace, magique, ou encore Le Pré Catelan, au Sofitel (Copacabana). Dans le Centro, j'aime beaucoup Casa Paladino, un petit botequim très beau dans lequel on change complètement de monde. Ce n'est pas donc pas tant pour la gastronomie, qui est simple, que pour l'ambiance. Dans le même quartier, il y a aussi King Crab, dont le rapport qualité-prix est assez génial, on est servi très généreusement pour un prix défiant toute concurrence, et tout cela au calme.
Pour finir, quel bilan de ce séjour de quatre ans et demi à Rio qui prend fin bientôt ?
Magnifique, j'adore Rio, mes filles aussi qui ont décroché le gros lot en passant leur adolescence ici, cette vie les a marquées. Pour ma part, j'ai rencontré plein de gens grâce à Rio Accueil et découvert un pays très attachant. Je retiens du rire aussi, beaucoup, les gens réussissent toujours à avoir le sourire, même quand cela ne va pas du tout. Entendre les personnes applaudir pour le coucher de soleil, c'est simplement génial, j'aimerais que les Français prennent un peu de cela, se réjouir de la beauté et du bon moment. Pour bien réussir son expatriation, il faut d'ailleurs ne pas buter sur ce qui ne va pas ici, de l'absence de mouchoirs ou de sucre en morceaux en passant par l'attente du réparateur ! Cela fait partie du temps de l'expatriation de s'adapter. Puis quand je regarde la mer, je pense à mes amis qui travaillent en région parisienne et je me dis que j'ai eu beaucoup de chance.
Propos recueillis par Corentin CHAUVEL (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 18 novembre 2015
*Légende photo : Laurence Hernandes (au centre - photo 1)
|
infos pratiques Le livre de l'Atelier Cuisine 218 pages - format A5 couleurs - reliure spirale R$ 130 Prévente jusqu'à jeudi : laurence.hernandes@live.fr. |







