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AUX ORIGINES DU CARNAVAL DE RIO - Le bal masqué, influence du Carnaval de Paris

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 15 mars 2013

Des bals masqués de l'aristocratie parisienne à la fête populaire du Sambodrome, on remonte aux origines françaises du Carnaval de Rio.

Aux origines du Carnaval de Rio : le bal masqué, influence du Carnaval de Paris 

Le Carnaval de Rio de Janeiro est indéniablement la fête culturelle la plus connue et la plus grande du monde. Pourtant, peu de gens connaissent son histoire et encore moins ses origines. Avant que la samba devienne le rythme officiel du carnaval, avant que les premiers cordoes attirent des foules gigantesques dans les rues de Rio, avant que le sambodromo accueille les écoles de samba, le Carnaval de la "cidade maravilhosa"  prend naissance avec  les grands bals masqués, organisés  à la fin du XIXe siècle par la haute société brésilienne, à l'image des bals parisiens qui avaient lieu lors du carnaval de Paris,  autrefois d'une grande influence. 

Aux toutes origines du Carnaval de Rio
Le Carnaval vient à l'origine d'une fête chrétienne qui marquait une période de fête avant le début du carême, connue comme période de jeune et de discipline religieuse. Le carnaval se fête originairement pendant une longue période : de l'épiphanie (6 janvier) au jour du mardi gras  (date mobile du mois de février).

 L'origine du carnaval de Rio est donc bien européenne, importés par les portugais qui fêtaient "l'entrudo", voulant aussi dire l'entrée en carême. Les lancements de Limoes de cheiro sur les gens dans la rue, boule de cire remplie d'eau parfumé au citron, étaient d'usage dans la première moitié du XIXe siècle. 

Cependant après l'indépendance du Brésil en 1822, l'élite carioca chercha à s'éloigner de la culture lusophone et s'identifia très vite à la culture française. 

Même si le Carnaval  existait déjà à Rio à travers les coutumes du Portugal,  Il  a bel et bien pris de l'ampleur à la fin du XIXe siècle avec la mode des bals, reproduits sur le modèle des somptueux bals de la bourgeoisie parisienne qui avaient lieu pendant le Carnaval de Paris.

Le Carnaval de Paris
Le Carnaval de Paris fut pendant cinq siècles l'un des plus important au monde. Il commença dès le moyen âge avec la tradition chrétienne du carême et du mardi gras et  c'est  pendant cette période que les français avaient pour coutume d'organiser des bals, des festins ou de célébrer des mariages. 

Le Carnaval  existait dans les rues  grâce au développement des goguettes, des "diners chantants" où se retrouvaient les parisiens tous au long de l'année, inventant ou reprenant des chansons dédiées au carnaval.  En 1902, on comptait des centaines de goguettes à Paris. Mais il y avait aussi des cortèges  de personnes déguisées, appelées "les promenades des masques", qui attiraient des foules énormes à la fin du XIXe siècle allant jusqu'à devoir interrompre la circulation des véhicules sur les grands boulevards durant le jour du mardi gras.  

Que se soit sous la Monarchie ou sous la République, l'engouement pour le Carnaval et les bals ne diminue pas jusqu'aux années 20, où la 1ère guerre mondiale et le manque de moyens firent disparaître progressivement l'esprit de fête des rues de Paris. 

Les bals de Paris : un phénomène mondain
Le carnaval de la capitale séduisait toutes les couches de la société et notamment  l'aristocratie qui se plaisait à organiser des magnifiques bals déguisées dans les théâtres et les opéras, afin de rivaliser en élégance et en excentricité, tout en échangeant des mondanités. 

Les bals masqués remontent à  l'époque médiévale et furent une véritable mode dans toute l'Europe de la Renaissance.  Mais Le bal devint  la fête nocturne officielle du carnaval quand le régent créa une ordonnance le 31 décembre 1715, autorisant la tenue de bals masqués publics à l'opéra pendant la période du carnaval. Les bals iront jusqu'à être reçus à l'Opéra Garnier à partir de 1875. 

Principalement un phénomène mondain, les bals masqués  au caractère luxueux et enchanteur se distinguaient du carnaval de rue, où les classes populaires se pressaient par centaines pour festoyer et danser dans les rues de Paris. 

La gaieté parisienne
Quoi qu'il en soit,  cette période incarnait la gaieté parisienne et la festivité : les confettis et les serpentins  ont été utilisés pour la première fois à Paris en 1891. On disait que la seine les lendemains de batailles de confettis, ressemblait à une banquise multicolore. 

Mais c'est aussi une période de grande frivolité : "nul mari ne songe à sa femme durant le carnaval" furent les paroles d'une célèbre chanson du carnaval. C'est en 1840, qu'est introduit dans les bals le "cancan", ancêtre du french cancan, considéré comme une danse scandaleuse, car les femmes portaient des culottes fendues.  

Des bals aux groupes carnavalesques
C'est à la même période qu'est organisé en 1840, le premier véritable bal masqué de Rio de Janeiro à l'Hôtel Italia  dans le cadre des festivités du carnaval, fréquentés par les riches cariocas. Les bals masqués introduits à Rio imitaient parfaitement le glamour et le luxe des bals qui existaient dans la capitale française. Ils seront organisés au Teatro Municipal, copie de la Comédie Française, jusqu'en 1975 et seront l'occasion de convier des célébrités. 

Mais la bourgeoisie carioca  ira beaucoup plus loin, en déplaçant les bals dans des wagons ouverts défilant dans la rue, une opportunité de s'exhiber dans de riches déguisements pour le plaisir du public. De nombreuses sociétés carnavalesque virent le jour, en s'organisant toujours plus (notamment par la présence de la police qui intégrait les défilés) et s'opposant au désordre du carnaval populaire. En 1855, est crée le Congresso das sumidades carnavalescas, club considéré comme l'un des premiers groupes carnavalesques à défiler dans une ville brésilienne. Il permit la naissance de dizaines d'autres clubs qui, en peu de temps, disputaient déjà l'espace du centre de la ville pendant les jours du carnaval, dans un esprit de compétition pour les meilleurs costumes et  les meilleurs allégories.

 Avec les somptueux costumes que l'on peut admirer des écoles de sambas mais aussi avec un carnaval organisé et civilisé, incarné par le défilé dans le sambodromo, les bals mondains d'origine parisienne ont laissé un grand héritage au Carnaval de Rio.

Gabrielle HARTMANN ( www.lepetitjournal.com Rio de Janeiro) vendredi 15 mars 2013

 

lepetitjournal.com Rio
Publié le 15 mars 2013, mis à jour le 15 mars 2013
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