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Retour sur le Festival du film espagnol

Spanish Film FestivalSpanish Film Festival
Retour sur le Festival du film espagnol
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 12 août 2022, mis à jour le 12 août 2022

Vitrine du cinéma  espagnol et aussi d’Amérique du sud, ce festival permet accéder à un bel échantillon d’art, culture et langage hispanique.

 

Maixabel

Maixabel de Iciar Bollain

Tiré de l’histoire réelle de Maixabel Lasa, la veuve de Juan María Jáuregui, un homme politique assassiné par l’organisation terroriste ETA en 2000. Onze ans plus tard, elle reçoit une demande inhabituelle : l'un des auteurs du crime a demandé à lui parler dans la prison de Nanclares de la Oca (Álava), où il purge sa peine après avoir rompu ses liens avec le groupe terroriste. Malgré ses doutes et son immense douleur, Maixabel accepte de rencontrer en face à face la personne qui a assassiné son époux.

Dans un pays où le fantôme du terrorisme est encore très présent, ce film est un challenge, comprendre les meurtriers, accepter leur repentance, leur pardonner c’est encore surement beaucoup demander.

Maixabel s'engage dans une démarche éthique de haute voltige.

Le réalisateur met en évidence des détails surprenants, les assassins du mari de Maixabel n'avaient pratiquement aucune idée de qui il était, ce qui souligne à quel point ils n’étaient que des points dans une machine bien rodée.

Le film est un peu long au début, outre l’assassinat de Juan María Jáuregui et le procès où les accusés contestent haut et fort l’autorité de la justice espagnole. Nombres de scènes sont un peu superflues, on en vient à se demander où cela va bien nous mener jusqu’à ce qu’un saut dans le temps nous fasse retrouver les détenus qui ont pris de la distance avec l’organisation et purge calmement leur peine. Quand l’un d’eux demande à rencontrer la veuve de sa victime via une médiatrice, le film prend une tout autre tournure émotionnelle, et le parcours de la réconciliation est en route. Cette réconciliation est somme toute assez facile, le parcours psychologiques peu développé, ce qui dommage. Les rencontres de Maixabel avec les assassins de son mari sont profondes et touchantes et magnifiquement interprétées.

Maixabel

Pour la petite histoire, lors de la dernière cérémonie sur la tombe de son mari, l’une des chanteuses est la veuve réelle de Juan María Jáuregui.

 

Beyond the summit

Beyond summit (La cima) de Ibon cormenzana

En manque de neige et de montagnes, ce film a tout de suite attiré mon attention, même si par expérience les films sur la haute montagne peuvent très vite tourner au navet de la pire espèce.

Celui nous raconte l’histoire de Mateo qui se lance un défi de taille ; gravir l'une des montagnes les plus dangereuses de la planète, l'Annapurna afin de respecter une promesse qui lui tient à cœur. Lors de son ascension, au niveau du camp de base, il a un accident qui le laisse inconscient et blessé. Quelques heures plus tard, il est secouru par Ione, une alpiniste chevronnée qui après avoir atteint son objectif (gravir les 14 sommets au monde qui dépassent 8000 mètres) passe l'hiver en ermite dans un refuge pour échapper a ses démons. Happés par leurs tourments intimes respectifs, ces deux personnages cohabitent tout d’abord par la force des choses et vont vivre une aventure qui va les amener à se confronter aux limites humaines.

Les paysages qui apparaissent dans le film sont impressionnants, d’une grande beauté. Fort heureusement le film se focalise sur le traumatisme de la perte d’un être cher qui partageait une même passion et le désir d’honorer sa mémoire à travers cette passion quitte à tout surmonter pour continuer à exister. En face du traumatisme de Mateo, Ione elle cherche un but pour continuer à vivre alors qu’elle a déjà gagné son combat.

Elle fait de Mateo son nouveau challenge : s’assurer qu’il reste en vie.

Beyond the summit

Le film parvient à raconter ce qu'il y a de plus profond dans la vie et de plus douloureux, il dit ses tristesses et ses joies, de manière voilée par des silences, des attitudes toutes en retenues. Malheureusement il y aussi des moments où cette retenue échappe au réalisateur qui en étant trop explicite devient moralisateur, on avait presque oublié le sac à dos ridiculement petit qui contient la tente, le duvet et tout le matériel de montagne, je voudrais le même…

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