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La tête dans les étoiles

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Écrit par Marie Philippe
Publié le 22 septembre 2020, mis à jour le 22 septembre 2020

Le 16 août dernier l’astéroïde 2020 QG passe au-dessus de l’Antarctique sans avoir été détecté au préalable. Il devient le corps céleste n’ayant pas impacté la Terre le plus proche jamais enregistré. Nous sommes parti à la découverte d’un des endroits où l’on peut observer les astres de plus près; l’observatoire de Perth.

Enfant j’ai toujours imaginé que tous les observatoires astronomiques étaient isolés du monde à l’image de Concordia en Antarctique. L’image d’un vieil astrophysicien vivant en ermite avec son gigantesque télescope en haut de sa tour m’accompagnait lorsque j’ai poussé les portes de l’observatoire de Perth. Situé à Bickley sur les hauteurs des Perth hills, l’observatoire est isolé au milieu de la forêt afin de le protéger de la pollution lumineuse de la ville. A la plus grande des surprises de mon imaginaire, c’est dans un bâtiment à l’architecture stricte des années 1960 que j’ai été accueillie. Je découvre une entrée aux murs lambrissés décorés de guirlandes lumineuses aux couleurs des différentes planètes du système solaire, des canapés bleu roi et deux télescopes; un blanc immense et un plus petit, un chasseur de comètes.

Matthew Woods est un des principaux volontaires qui dirige l’observatoire de Perth ; il a saisi l'occasion de rejoindre l’équipe de volontaires il y a six ans après avoir lu l’annonce dans le journal : “J’ai postulé à la toute dernière minute, je craignais qu’ils se rendent compte que mes connaissances en astronomie n’étaient pas si importantes que cela.” confesse-t-il avec un sourire. Passionné par son engagement au sein de l'observatoire il en connaît désormais les moindres détails si bien qu’après une discussion autour d’une tasse de thé j’en savais plus à propos du lieu, des étoiles et des projets de télescopes dans l’Hémisphère sud que je ne l’aurais jamais imaginé. Êtes-vous prêt pour une aventure astronomique ?

Observatoire de Perth

La mission initiale du Perth observatory était la définition de la position exacte de la ville de Perth par rapport au méridien de Greenwich. Construit en 1896, soit seulement huit ans après que le méridien origine soit choisi comme la référence internationale en terme de longitude, les chercheurs de l’observatoire de Perth avaient pour mission de définir l’exacte latitude et longitude de la ville afin d’en déduire le créneau horaire.

Un endroit unique pour la recherche astronomique

Perth possède par ailleurs une position unique pour les observatoires de l'Hémisphère sud; il se trouvait être la seule source de données astronomiques entre l’Afrique du sud et les Etats d’Australie de l’Est jusqu’à ce que le gouvernement décide la suspension des recherches en 2013 pour coupes budgétaires. L’observatoire de Perth contribua à ces heures à des co-découvertes importantes dans le domaine astronomique. De part sa longitude et latitude unique, Perth a été doté au cours des décennies du XXe siècle de puissants télescopes américains pour participer à des recherches qui ne pouvaient qu’être menées dans la capitale d’Australie Occidentale. Étant l’un des meilleurs endroits au monde pour observer la très célèbre comète Halley, visible à l’oeil nu une fois tous les soixante-seize ans seulement dans l’Hémisphère sud, l’observatoire de Perth participa en 1986 à plus de 10% des recherches effectuées sur cet astre céleste en partenariat avec l’Université du Maryland (USA). Une décennie auparavant l’Observatoire de Perth avait co-découvert les anneaux d’Uranus grâce aux télescopes à caméra digitale

Par ailleurs Perth et le Western Australia demeurent des places centrales dans l’observation du ciel dans l’Hémisphère sud; à 800 km au Nord-Est de Perth le désert de Murchison accueille le “Murchison Radio-télescopes observatory”(MRO). Le MRO sont des télescopes ultra puissants implantés un peu partout dans le monde pour observer l’Univers. Ils font partie d’un projet international, le “Square Kilometre Array” (SKA), présent dans onze sites isolés autour du globe comme le désert Karoo en Afrique du Sud.

Observatoire de Perth

Ces télescopes nouvelle génération, qui seront complètement opérationnels d’ici la fin de cette décennie, ont la capacité d’explorer les origines l’Univers grâce aux très basses fréquences. Ce projet ambitieux a déjà participé à la co-découverte de la plus grosse explosion d’un trou-noir jamais enregistrée, en partenariat avec le chandra X-Ray observatory (NASA), le India’s Giant Metrewave Radio Telescope (GMRT) et le ESS-Newton de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Pour vous donner une idée de la puissance de ces télescopes, cette explosion eu lieu près de la galaxie Ophiuchus, située à pas moins de 390 millions d’années lumières de la Terre.

Contempler les étoiles en amateur à l’observatoire de Perth

Désormais dédié à une fonction pédagogique et culturelle grand public, l’Observatoire de Perth est ouvert toute l’année pour des tours nocturnes - “Night Sky Tours” qui suivent l’actualité du calendrier céleste ; ciel sans étoile, soirs de pleine lune... Le vendredi 2 octobre l'événement dédié à l’observation de la pleine lune sera centré sur la place de notre satellite dans la mythologie et vous permettra de jeter un oeil à cet astre via les télescopes. Les volontaires encadrent également des animations pour les élèves et enfants pendant les jours de semaines, des évènements spéciaux comme l’observation de la Voie lactée en août, des tours privés ou encore des adoptions d’étoiles. Vous pouvez retrouver tous leurs évènements et tours en ligne sur leur site internet. Comptez 45$ par adulte pour un tour classique et 50$ par adulte pour la nuit spéciale d’Halloween. Après avoir été fermé pendant plus de trois mois dû au Covid-19, le support des locaux a été immense depuis la réouverture et les tours nocturnes sont souvent totalement réservés un mois en amont.

La meilleure saison pour profiter du ciel étoilé serait l’hiver

N’étant pas familière du sujet, Matthew Woods m’a expliqué patiemment comment le calendrier céleste fonctionne. L’observation des étoiles suit deux saisons; l’hiver et l’été. Dans le jargon astronomique il s’agit de la période du Sagittaire et la période de Perseus.

L’hiver serait le meilleur moment de l’année pour observer les étoiles ; les nuits étant plus longues le ciel a tendance a être plus sombre et les étoiles plus visibles. De plus , n’étant pas capable de retenir l’humidité, l’air froid est plus sec que l’air chaud si bien que l’atmosphère est souvent moins brumeuse en été qu’en hiver, rendant le ciel bien plus clair. Si nos soirées d’été sont bien plus agréables pour se perdre dans les étoiles pendant des heures, c’est bien en hiver que le potentiel de l’expérience serait à son apogée. Equipez-vous et profitez !

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