Le 5 juin prochain vous allez pouvoir voter pour le premier tour des législatives, le petit journal a interrogé les candidats de la 11eme circonscription des français établis hors de France afin de vous aider à faire votre choix.
Aujourd’hui Dominique Vidal nous répond.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Notre objectif est d’empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique de casse sociale et environnementale. La nomination d’Elisabeth Borne comme première ministre montre bien qu’il entend rester sur sa ligne politique ultralibérale. Je suis fière de représenter la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale(NUPES) avec Franck Pajot, enseignant et responsable syndical. C’est une candidature citoyenne, une candidature d’union à gauche tant attendue. Elle soulève l’espoir d’une véritable alternative avec de grandes réformes : la reconstruction et le développement des services publics, le SMIC à 1500 euros nets, la retraite à 60 ans à taux plein, le remboursement de tous les soins prescrits à 100 %, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune.
N’oublions pas que les plus grandes avancées sociales ont été réalisées sous des gouvernements de gauche. Une majorité de progrès aura pour priorité une justice sociale, une France solidaire et la lutte contre les dérèglements climatiques. Cette majorité permettra de marginaliser au maximum le poids des idées racistes, xénophobes et nationalistes de l’extrême-droite.
Quel est votre rapport avec la 11ème circonscription des français établis hors de France?
Je suis journaliste. J’ai vécu en Chine cinq ans, correspondante de presse du journal L’Humanité. J’ai travaillé dans de nombreux pays de notre circonscription de l’Afghanistan à l’Indonésie. J’y ai couvert un grand nombre d’évènements : des campagnes électorales, des conflits, des situations de crise, des catastrophes humanitaires et écologiques. Ce sont des expériences de terrain uniques qui m’ont permis des rencontres avec les populations locales comme avec nos concitoyens établis hors de France à titres variés , que ce soit dans les milieux économiques et entrepreneuriaux , dans l’engagement humanitaire ou dans nos réseaux éducatifs . Ce travail de terrain m’a permis d’apprécier la richesse et le dynamisme des communautés françaises dans toute leur diversité ainsi que de mesurer les enjeux sociaux, économiques et géostratégiques de cette immense circonscription.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?
Ce sont justement mes expériences de terrain qui me rendent insupportables ces décisions visant à la disparition du corps diplomatique et à la réduction drastique de postes consulaires. Le désengagement de l’État dans ces services publics surcharge le travail des agents consulaires que je tiens à saluer. Cette politique est hautement préjudiciable à la capacité à venir convenablement en aide à nos concitoyens en temps de crise comme dans leurs démarches courantes. Il faut inverser la logique et renforcer ces services .Nos compatriotes établis hors de France ne peuvent pas être considérés comme des citoyens de seconde zone.
La pandémie de Covid-19 nous a prouvé à quel point l’accès à la sécurité sociale et aux vaccins sont des enjeux prégnants. Ils doivent être garantis pour tous les Français quel que soit leur lieu de résidence. C’est pourquoi nous défendons la création d’un fonds de solidarité pérenne pour les Français de l’étranger.
Mon expérience m’a également permis d’apprécier le rôle de notre système éducatif à l’étranger. C’est pourquoi je fais de l’accès de toutes et tous à l’éducation au sein de l’école française une autre priorité. Pour conserver la qualité de cette éducation j’entends favoriser la création de postes d’enseignants et l’accueil de tous les élèves au service de cantine.
Au cours de mes nombreuses rencontres, j’ai aussi pu prendre conscience de l’importance du rôle que la France peut et doit jouer dans le monde dans le sens de la sécurité collective et humaine.
Comment voyez-vous le mandat de député ?
Le député est un représentant de la nation à l’écoute de ses concitoyens .Ce qui exige un engagement entier afin d'être au plus près de leurs attentes et de leurs demandes. Pour être au plus proche et développer un lien étroit avec eux, j’entends m’appuyer sur le réseau des élus consulaires de chaque pays, sur notre réseau d'ambassades et sur les services publics consulaires. J’effectuerai des déplacements sur les lieux de résidence de mes compatriotes pour les rencontrer directement. Je veux aussi créer un cadre régulier d’échanges en ligne pour leur rendre compte de mon mandat et voir comment porter au mieux leurs intérêts.
Je nommerai un représentant dans chaque pays afin de pouvoir répondre efficacement et rapidement aux sollicitations et interpeller le gouvernement sur les préoccupations et les propositions des Françaises et Français établis hors de France.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ? Et plus particulièrement ceux de l’Australie.
Les défis sont aussi grands que l’est notre circonscription qui comprend 49 pays d’Europe orientale, d’Asie et d’Océanie. Nous avons le triste privilège de compter sur ce vaste territoire une guerre ouverte en Ukraine et de graves montées des tensions, notamment en Zone Indo- Pacifique. Ce qui nous amène à réfléchir sur ce que doit être l’engagement de la France, membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies, dans le développement de relations internationales apaisées et dans la construction , avec tous les partenaires, de cadres communs de coopération et de sécurité collective qui répondent aux intérêts de tous et de chacun.
Personne ne contestera que l’enjeu le plus éminent de la période avec celui de la paix, concerne la crise climatique dont les impacts touchent durement toutes les régions du monde et dévastent la planète. En Australie, vous êtes « aux premières loges », selon la formule consacrée, des effets de cette crise avec un cycle récurrent d’incendies et de fortes inondations.
Une planification écologique s’impose pour bâtir une alternative politique et sociale au service du bien-être et de la préservation de la planète. Ce qui signifie une transformation radicale de nos modèles de production et de consommation dégagées de la rentabilité financière et de repenser le monde en termes de « biens communs ».
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Je travaille avec toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans la NUPES dans un esprit constructif. Le choix de mon suppléant Franck Pajot, enseignant au lycée français de Pékin et responsable syndical, est une manifestation de ma volonté d’union. Je suis en contact avec les élus consulaires de nombreux pays de la circonscription, et mon comité de soutien se mobilise à la hauteur des enjeux que représentent ces élections.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
Je veux défendre l’universalité des droits égaux entre Français établis hors de France et les Français de la métropole, égalité des droits pour la protection sociale, les retraites, la fiscalité, l’éducation. Les services consulaires doivent être rétablis et renforcés en nombre suffisant. L’accès aux soins doit être universel, notamment en ce qui concerne les vaccins. Pour ce faire le financement de la CFE doit être assuré par l’Etat.
Nous devons défendre la qualité de notre système éducatif synonyme d’égalité des chances et de réussite académique. La première action d’Emmanuel Macron en 2017 a été de réduire le budget de l’AEFE de 33 millions d’euros. Cela a provoqué une baisse du personnel (20% de baisse du plafond d’emploi pour les enseignants titulaires expatriés et 7% pour celui des enseignants résidents entre 2017 et 2021) et une augmentation des frais de scolarité pour les familles qui sont particulièrement élevés dans notre circonscription.
Il faut en finir avec les tentatives à peine déguisées de privatisation de la formation d’enseignants recrutés locaux.
Toutes les mesures prises par Emmanuel Macron découlent du désengagement de l’Etat et de la casse des services publics.
Comme députée, je tiendrai à interpeller le gouvernement chaque fois qu’il sera nécessaire sur les exigences de mes concitoyens établis à l’étranger, sur les fermetures des Alliances françaises qui porte atteinte au rayonnement culturel ainsi que sur les grandes questions de sécurité collective et humaine auxquelles nous devons impérativement répondre.
Il y a-t-il quelque chose que vous souhaitez rajouter ou dire à nos lecteurs vivant en Australie ?
Avec la réouverture des frontières, la vie a repris en Australie et je sais que nombreux sont ceux qui, durant ces mois de pandémie, ont souffert de pas avoir pu se rendre auprès de leurs familles. Je sais aussi que la communauté française reprendra ses activités avec tout le dynamisme qui la caractérise.
Je n’oublie pas cependant que l’étendue du pays est un challenge pour elle. Le fait qu’il n’y ait qu’un seul consulat général basé à Sydney ne facilite pas les démarches et la proximité avec les représentants de la France. D’autant plus que la région consulaire s’est élargie ces dernières années. Je tiens d’ailleurs à saluer le travail de l’ensemble de nos agents consulaires. Ce déficit de représentation des services publics est préjudiciable à l’exercice de la citoyenneté, comme en témoigne pour une large part l’abstention massive, lors des élections présidentielles.
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