Fabriqués à la main, ces objets résonnent d’un certaine familiarité. Une forme d’art qui connecte les gens et passe outre les barrières de la langue.
Une collaboration entre le Fremantle Art Center et la John Curtin Art gallery où sont exposés un grand nombre de pieces variées, en complément à ses expositions plusieurs evenements et expositions satellites sont aussi proposés afin de faire découvrir au plus grand nombre histoires et messages véhiculés par cette forme d’art.
La mise en œuvre de cette série d’expositions a été fortement perturbée par le Covid : impossible de se rendre dans les pays impliqués, impossible pour les artistes de se déplacer, transport des pièces à exposer plus compliqué, plus long et plus cher.
John Curtin Gallery à Bentley
L’exposition de John Curtin gallery vous accueille avec l’œuvre de Melissa Cameron, joaillière à Perth : un savant assemblage de morceaux de tôle ondulée récupérés de son abris de jardin qui représente l’immeuble de Rio Tinto, côte à côte avec une avalanche de larmes toujours découpées dans la tôle ondulée. Cette une réponse à la destruction des grottes Juukan, pleine d’amertume et de tristesse, donne le ton : l’artisanat n’est pas un art mineur.
Vient ensuite les crottes de vache en céramique blanche dont la collecte et le séchage constitue le travail des femmes, elles seront utiliser pour alimenter le feu et préparer les repas. Pour l’avoir vu faire, ses femmes bien souvent s’occupent en même temps à d’autres taches. Leur quotidien est bien diffèrent de ce que nous vivons tous les jours et la blancheur de la céramique contraste avec la pénibilité de ce travail.
Chaque œuvre raconte une histoire, certaines évidentes, d’autres plus obscures. Celle des tapis de sol et de selle en laine de chèvre et chameau évoque un monde dessué mais pas dénué d’esthétique, un monde voué à disparaitre.
Toutes pièces ont une beauté esthétique et émotionnelle qui ne vous laissera pas indiffèrent. Il ne vous restera alors qu’à vous diriger vers le Fremantle art center pour vous replonger dans cet univers haut en couleur.
Fremantle Art Center
L’installation de Susie Vickery « The curious five go surfing » raconte l’histoire de cinq femmes curieuse et aventureuses qui se déguisent en homme pour partir à l’aventure, une aventure pour changer le monde. Jeanne Baret fait partie de celles-ci. Cette française fut la première femme à faire le tour du monde avec l’expédition de Bougainville (1766-1769).
Vous aurez l’occasion d’évoluer dans un couloir au couleur de Batik parsemé de personnages et animaux brodées, de messages, de marionnettes mécaniques que vous pourrez mettre en mouvement. Chaque détail à son importance et contribue à un voyage fascinant.
Au fond du long couloir, vous découvrirez la « pièce aux trésors » de Ishan Khosla intitulé en Hindi « Exil de la forêt ». Regroupés sous l’effigie d’un animal totem, vous retrouverez des objets que vous avez surement vus, utilisés lors de vos voyages. Familiers, ils prennent une autre dimension, sortis de leur contexte. Cette installation nous rappelle la fascination de l’homme pour les animaux et le risque, si nous ne faisons rien, de ne plus les voir que sous forme de logos.
Nous vivons dans un monde qui change, qui change vite, n’allons-nous pas y perdre un peu de nous-même ?
Sky Cave à PICA
Amy Perejuan-Capone nous présente une exposition très personnelle et paradoxale : voler est aux antipodes d’une réclusion au confins d’une grotte.
Cette exposition est tout d’abord un hommage à son père qui fut un pionnier et artisan du vol en deltaplane, puis l’occasion de partager avec ce dernier des souvenirs, un savoir-faire et surtout l’opportunité de passer du temps ensemble, chose qui a pris une grande importance en ces temps de pandémie.
Six deltaplanes sont installés dans l'atrium, chacun « baptisé » d’un mot cher à Amy : Love, Freedom, Fear, Aura, Flow et Death. Ces mots symbolisent son rapport au vol et à la vie.
Ces mots seront réutilisés dans la salle suivante où des harnais de vol ont été recomposés et gisent tel des cadavres, chacun sur une table. Ces harnais vous rattachent à la vie quand vous êtes en vol.
Un Deltaplane à moteur git dans la dernière salle. Une aile cassée, il fait face à une vidéo prise en vol avant l’invention de la GoPro. Ce deltaplane appartenait à un ami de son père aujourd’hui décédé (pas en delta) et évoque de nombreux souvenirs d’une longue amitié et d’une passion partagé.
Tous les murs sont tapissés de papier doré. Ils représentent les murs de la grotte, cette grotte qui symbolise maladie mentale et dépression dont a souffert Amy.
Se libérer des chaines de la dépression à travers la maîtrise d’un art et techniques, à travers l’amour, le partage et le gout de l’aventure, c’est ce que nous fait partager Amy.
Ces expositions, outre nous montrer de beaux objets et belles réalisations nous rappelle aussi la nature éphémère de notre quotidien que seule l’art et la mémoire pourra faire survivre.