Scène incroyable depuis près d'une semaine à Taipei, où des centaines d'étudiants occupent le Parlement de Taïwan, et des milliers de manifestants sont dans la rue. La raison de leur colère : un accord de libre-échange économique avec la Chine continentale. Les protestataires dénoncent un texte qui conduira selon eux à des pertes d'emploi sur l'île, avec l'arrivée importante de travailleurs chinois. Surtout, mardi dernier, le gouvernement taïwanais a refusé, contrairement à ce qu'il avait dit, de laisser le Parlement revoir article par article les termes de l'accord. Goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les étudiants ont donc investi le Parlement le mardi 18 mars au soir, et réclament dorénavant l'adoption d'une loi offrant plus de contrôle sur tout accord futur avec Pékin. Mais selon certains économistes, ce n'est pas l'accord, conclu dès 2010 et traduction de la réalité des échanges déjà importants entre Pékin et Taipei, qui nourrit la contestation, mais bien la méfiance toujours très forte face à une Chine que beaucoup de Taïwanais voient encore comme une menace pour la démocratie.
La tension n'a ensuite fait que grimper après la réaction des autorités taïwanaises, fortement critiquées dans la presse. Ils ont tout d'abord refuser de discuter avec les étudiants, et la police est intervenue avec des canons à eau pour déloger certains étudiants. De violents affrontements ont fait une soixantaine de blessés graves. Le président pro-Pékin Ma Ying-jeou a finalement accepté de rencontrer les contestataires, invitant ses leaders à venir le voir à son bureau. Reste à savoir si les discussions permettront de conduire à un accord, et à la reprise du travail législatif dans un Parlement vidé de ses nouveaux occupants.
Joseph Chun Bancaud (lepetitjournal.com/pekin) Mercredi 26 mars 2014
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