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Antoine Lopez : « L’Alliance Française de Kunming moteur francophone du Yunnan."

Attaché d’administration de l’État détaché du ministère de la Transition écologique, Antoine Lopez dirige depuis 2024 l’Alliance Française de Kunming, dans la province du Yunnan. Dans un contexte post-crise, il travaille à la mise en conformité juridique de l’établissement, tout en consolidant son rayonnement linguistique et culturel dans la région. Entretien.

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Écrit par Alliance Française de Kunming
Publié le 13 octobre 2025, mis à jour le 2 novembre 2025

Je suis arrivé en Chine en 2008

Depuis quand êtes-vous en Chine, et qu’est-ce qui vous a amené à Kunming ?

Je connais la Chine depuis longtemps : j’y ai vécu entre 2008 et 2014, comme lecteur de français à l’Université d’Économie et de Commerce Extérieur à Pékin. J’y suis revenu en 2024 dans un cadre bien différent pour diriger l’Alliance Française de Kunming.

J’ai été attiré par la mission : relancer une Alliance jeune, dans une région peu francophone mais importante, et poser des bases solides pour les années à venir. C’est une fonction de direction exigeante, mêlant diplomatie culturelle, gestion associative et animation de réseau.

Quel est votre parcours avant ce poste de direction ?

Je viens de la fonction publique. Après plusieurs années au CNED comme chargé d’ingénierie de formation, j’ai intégré le ministère de la Transition écologique où j’ai travaillé comme attaché d’administration, en charge notamment de la stratégie budgétaire et du pilotage des marchés.

Ce profil de gestionnaire s’est naturellement croisé avec ma passion pour la coopération internationale et l’enseignement. Je suis aussi titulaire d’une licence de chinois, ce qui m’aide beaucoup dans la compréhension du contexte local.

L'Alliance Française de Kunming a huit ans

Quelles sont les spécificités de l’Alliance Française de Kunming ?

C’est une structure relativement récente : elle a été fondée en 2017 en partenariat avec l’Université du Yunnan. Située sur l’ancien campus Donglu, elle dispose de beaux locaux et d’un ancrage universitaire solide. Après une longue fermeture liée à la pandémie, elle a pu rouvrir pleinement en 2023. Nous sommes désormais dans une phase de reconstruction stratégique.

Nos principales missions restent les mêmes que pour toutes les Alliances : enseigner le français et diffuser les cultures francophones. À Kunming, cela passe par une offre de cours variée (en ligne, en présentiel, VIP, cours pour enfants), un accent sur les certifications (TCF, TEF) et une programmation culturelle dynamique.

Justement, quelles sont les priorités que vous avez définies depuis votre arrivée ?

Trois priorités structurent mon action :

  1. Stabiliser juridiquement l’établissement : l’obtention d’un cadre légal conforme reste une exigence forte. Cela implique un dialogue constant avec les autorités chinoises et nos partenaires universitaires.
  2. Développer un centre de certifications linguistiques à rayonnement régional. Nous voulons devenir un point de référence pour les candidats aux examens officiels, notamment ceux en lien avec la mobilité internationale (immigration, études, etc.).
  3. Renforcer notre visibilité locale grâce à une communication plus active, des partenariats ciblés et une présence accrue sur les réseaux numériques (Ouverture d’un site internet, LinkedIn, WeChat, Xiaohongshu, Douyin…).

Le français est vu comme une langue de distinction

Comment est perçue la langue française à Kunming ?

Très positivement. Le français est souvent perçu ici comme une langue de distinction, un « plus » culturel ou professionnel. Ce n’est pas encore une langue de masse, mais il existe une vraie appétence, notamment parmi les étudiants intéressés par les études en France ou au Canada.

Notre défi est de convertir cette curiosité en parcours d’apprentissage durable. Cela passe par une offre pédagogique claire, progressive et orientée vers des objectifs concrets : examens, projets d’études, valorisation sur le marché du travail.

Quelles activités culturelles mettez-vous en place ?

Nous organisons régulièrement des projections, conférences, concours, soirées thématiques… L’objectif est de créer un espace francophone vivant, en synergie avec nos cours. En 2024, nous avons organisé plus de 40 événements culturels, souvent en partenariat avec l’université ou d’autres institutions locales.

Nous serons également très impliqués dans le Mois de la Francophonie 2025, avec des événements autour de la littérature, des femmes francophones, du cinéma et de la jeunesse.

Innover pour fidéliser les apprenants

Quels sont les défis que vous identifiez à court et moyen terme ?

Le premier défi est institutionnel : assurer la reconnaissance pleine et entière de notre Alliance dans le paysage éducatif local, ce qui conditionne à la fois notre stabilité juridique et notre capacité à nous développer.

Le deuxième est pédagogique et économique : dans un marché restreint, avec une concurrence privée parfois intense, il faut innover pour fidéliser les apprenants et assurer l’autofinancement de la structure.

Le troisième est culturel et humain : faire vivre une Alliance, c’est aussi animer une équipe, incarner des valeurs, créer du lien entre les mondes. C’est une mission à la fois administrative et profondément humaine.

Et pour conclure, comment voyez-vous l’avenir de l’Alliance Française de Kunming ?

Avec optimisme mais lucidité. L’AF de Kunming a un rôle à jouer dans le sud-ouest de la Chine. Nous devons capitaliser sur notre ancrage universitaire, affirmer notre utilité sociale et culturelle, et nous adapter à un monde en mutation.

Mon ambition est claire : faire de cette Alliance un acteur structurant de la francophonie en Chine intérieure, à la fois agile, professionnel et fidèle à l’esprit du réseau.

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Publié le 2 novembre 2025, mis à jour le 2 novembre 2025

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