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JEUNE EXPAT - Le marché du travail en Chine, entre fascination et désillusion

Écrit par Lepetitjournal Pékin
Publié le 28 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Avec le Brésil, la Russie et l'Inde, la Chine fait partie des pays émergents, attirant ainsi chaque année les jeunes diplômés français. Pourtant, l'expatriation en Chine reste un défi à tous les niveaux

Beijing Business District (Photo Wikipédia)

Selon les derniers chiffres des autorités consulaires, la Chine est le onzième pays d'accueil de la communauté française expatriée, avec plus de 30 300 personnes enregistrées en 2011, concentrée dans les grandes villes comme Shanghai, Pékin, Hong-Kong et Canton. Le taux de chômage, relativement bas par rapport aux chiffres français, (6,5% contre 10,3%), séduit un nombre considérable de Français pour tenter leur chance en Chine.

La Chine fascine

La Chine est considérée comme un "eldorado", face à une Europe en crise, un pays exotique où tout semble possible. Son expansion économique et son niveau de vie relativement bas attirent chaque année davantage d'étrangers. Que ce soit pour ses possibilités professionnelles, ses nombreuses surprises quotidiennes : "Quand je me balade ici, j'ai l'impression que chaque jour je vais voir quelque chose d'insolite", nous confie Mickael, 21 ans, stagiaire français en informatique à Pékin. Pour sa richesse culturelle, la Chine apparaît comme une issue à la précarité professionnelle en augmentation constante en France.

Les expatriés ne choisissent pas forcément la Chine de prime abord, mais se laissent happer par l'exotisme et le dynamisme de ce pays : "Au départ, je n'avais aucun attrait pour la Chine, bien au contraire. J'ai fait 4 mois d'études à Suzhou (ndlr : ville de la province de Jiangsu, située à l'est de la Chine) grâce à mon école de commerce en 2009. Et je suis très vite tombé amoureux de la Chine" rapporte Rémi, 25 ans, expatrié depuis 3 ans et travaillant dans une entreprise spécialisée dans le commerce du vin à Shanghai. Globalement, ce qui entraine les jeunes diplômés à s'expatrier, c'est "la curiosité, et une envie de découvrir une autre culture. Je n'avais aucune affinité pour ce pays, et c'est en arrivant à Dalian dans le Nord-est de la Chine que j'ai eu un coup de foudre" explique Olivier, qui tente depuis peu de monter sa propre agence de marketing, après avoir travaillé dans diverses entreprises chinoises.

Mickael, stagiaire en informatique (Photo LB)

Difficultés du monde professionnel chinois

Pourtant, nombreux sont les expatriés qui stagnent, certains en recherche d'emploi ou au chômage et qui effectuent des petits boulots qui n'ont aucun rapport avec leur domaine de compétences. "J'ai un Bac+5 en Arts, de l'expérience dans le domaine culturel, je parle parfaitement anglais et j'ai même quelques notions de mandarin. Je ne comprends pas ce qu'ils recherchent? ", déclare Sarah, 29 ans, vivant à Pékin depuis un an. Elle a enchaîné diverses missions d'intérim, dans la traduction, l'administration ou même l'enseignement de la langue anglaise, où le contrat ne dure pas plus d'un mois. "Ici, pas d'emploi sans visa de travail. Mais pas de visa de travail sans emploi? Soit il faut déjà être sur place pour trouver un travail donc avoir un visa touristique, soit être déjà invité par une entreprise, ce qui est paradoxal. Et bien souvent, les demandeurs d'emplois ont peu de temps avant l'expiration de leur visa, ce qui les pousse à accepter un travail bien en-dessous de leurs qualifications", précise Rémi, qui a lui aussi connu la recherche assidue de stages et d'emplois dans le domaine du commerce.

La concurrence est rude, puisque la plupart des diplômés venant en Chine sortent de grandes écoles de marketing et de commerce, avec l'espoir de percer. Jeune actif dans le domaine du marketing, Olivier décide de lancer un site sur le marketing en Chine : "Il est difficile de travailler dans un grand groupe en Chine, et les PME recrutent davantage. Le marché du travail en Chine est compétitif mais reste très dynamique". Les étrangers se heurtent aussi à la barrière de la langue : l'anglais reste la langue de prédilection dans le milieu professionnel chinois, mais le mandarin, langue difficile à apprendre sur place, permet de communiquer dans la vie quotidienne, et son apprentissage permet de se distinguer par rapport à d'autres candidats.

La Chine comporte des codes culturels différents de ceux de la France, que le jeune diplômé ne connait pas forcément avant de quitter son pays natal, et qu'il lui faut assimiler en peu de temps, pour s'adapter aux coutumes locales. Ainsi, Stéphane Fière, auteur de Double Bonheur, nous conte dans son roman, les illusions d'un expatrié français en Chine. Le personnage principal travaille en tant qu'interprète au consulat de France de Shanghai, et se retrouve confronté à une Chine, radicalement différente de celle qu'il avait conçue dans son imaginaire occidental. Il s'enfonce dans les mensonges et les rôles qu'il joue pour survivre au travail, perdant peu à peu son identité d'origine jusqu'à devenir totalement chinois. C'est une autre problématique posée ici, celle de l'identité, que l'expatrié ne doit pas perdre au profit de l'emploi.

Olivier, jeune actif dans le marketing (Photo par Olivier)

Réussir en Chine

Malgré cela, la Chine accueille chaque année davantage de jeunes en recherche d'emploi. L'expérience des expatriés et les sites communautaires permettent aux nouveaux arrivants de se créer rapidement un réseau, et de connaitre les clés pour réussir en Chine. Se créer un réseau de contacts professionnels et sociaux, nommé ici le guanxi, est un outil majeur dans la réussite professionnelle. Pour cela, la création de cartes de visites est un bon moyen pour se faire des contacts, et les donner à deux mains, est considéré comme un signe de respect envers son interlocuteur.

L'apprentissage du mandarin est aussi un avantage dans le monde du travail, et une manière de se distinguer des autres candidats. La persévérance, ainsi qu'une analyse des comportements professionnels chinois permettront aussi d'augmenter ses chances : "J'ai suivi mon petit ami qui avait trouvé un job à Pékin, et j'ai enfin réussi à décrocher un très bon job dans l'évènementiel après 6 mois en recherche d'emploi. Je pense qu'ici, avec un peu de patience et de contacts, les perspectives d'avenir sont meilleures qu'en France. En tout cas, je ne me vois vraiment pas y revenir? Le dynamisme de Pékin n'a rien à voir avec n'importe quelle ville française", déclare Sophie, 24 ans et expatriée depuis un an.

Informations complémentaires

-Le livre Double Bonheur de Stéphane est sorti en 2011 aux éditions Métailié.

-Pour s'informer sur le marketing et le business en Chine : http://www.marketing-chine.com/category/analyse-marketing

Lucie Bousquet (www.lepetitjournal.com/pekin.html). Vendredi 28 septembre 2012

lepetitjournal.com pekin
Publié le 28 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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