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ESPACE - Les enjeux d'une station spatiale chinoise

Écrit par Lepetitjournal Pékin
Publié le 31 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

 

La Chine a posé, la veille de la fête nationale du 1er octobre la première brique d'une future station spatiale habitée, le « Palais Céleste », suscitant à la fois les interrogations de la communauté internationale et l'inquiétude des États participant au projet de la Station Spatiale Internationale quant à l'intention de la Chine de faire cavalier seul. Une seule question sur toutes les lèvres : quelles sont les motivations de l'Empire du Milieu ?

Une fuse?e chinoise, le 29 septembre 2011, emmenant le module Tiangong-1. (photos : wikimédia)

La Chine a lancé vendredi 30 septembre, le premier module de sa future station spatiale, Tiangong 1, le "Palais céleste". Ne laissant rien au hasard, le lancement a eu lieu la veille de la fête nationale chinoise. Dans le cadre de son programme de vols spatiaux habités, entamé il y a maintenant vingt ans, la Chine avait profité de cette date l'an dernier pour envoyer une sonde lunaire. L'Empire du Milieu est, depuis 2003, le troisième pays du monde, derrière l'URSS et les Etats-Unis, à avoir envoyé des hommes dans l'espace.

La Chine pose la première brique d'une station spatiale, suscitant les questions de la communauté internationale

Pourtant, contrairement aux Etats-Unis et à la Russie, qui sont désormais associés avec d'autres pays pour effectuer des missions spatiales dans le cadre de la station spatiale internationale (ISS), la Chine a décidé de faire cavalier seul. La République populaire semble donc se positionner dans le second round de la course à l'espace. Après avoir gagné la première bataille contre l'Union soviétique, les Etats-Unis observent d'un ?il inquiet les velléités chinoises.

L'opacité du projet met la communauté internationale ainsi que les experts de la question mal à l'aise. Quels sont les objectifs de la Chine ? Est-ce un projet scientifique ou militaire ? Nombreux sont les analystes à avancer qu'il s'agit surtout de montrer aux autres puissances la possible future supériorité chinoise.

Le drapeau chinois a flotté la première fois dans l'espace, en septembre 2008.

La Chine en solo
A l'heure où les navettes spatiales américaines ont été reléguées au musée et où les Etats-Unis dépendent de la Russie pour envoyer des astronautes vers la station spatiale internationale, la Chine poursuit sa marche en avant pour rattraper son retard. Après le premier «taïkonaute» en 2003, le test de l'arrimage constitue la seconde étape, avant une mission habitée permanente dans l'espace. La Chine a également annoncé avoir l'ambitieux projet d'installer une base habitée sur la Lune.

Ce qui sembler réellement irriter les autres grandes puissances spatiales, c'est que la Chine ne joue pas la carte collective alors que la tendance va vers davantage de coopération internationale dans le domaine spatial. Ainsi pour le test d'un missile anti-satellite, en 2007, Pékin avait gardé secret son test, éparpillant des dizaines de milliers de débris de l'espace, alors que le problème des débris polluant l'espace est au c?ur des attentions.

De grandes ambitions
Le projet développé par les Chinois remonte au début des années 1990. Les Chinois comptaient eux aussi envoyer des hommes dans l'espace mais le temps leur a manqué pour acquérir les compétences russes. Il a donc fallu être patient à Pékin. Cependant, les Chinois sont parvenus en deux décennies à envoyer des taïkonautes à peu près tous les deux ans dans l'espace.

L'ISS vue de la navette Discovery en 2007.

Cette fois les Chinois franchissent une nouvelle étape : deux vaisseaux vont se rejoindre, tourner autour de la terre et former un embryon de station. C'est le début du processus de construction d'une station spatiale et de sa plate-forme d'amarrage. Tiangong-1 devrait accueillir d'ici un mois Shenzhou-8, puis Shenzhou-9 et Shenzhou-10 qui permettront de constituer une véritable architecture chinoise dans l'espace. Ces deux derniers vaisseaux devrait au moins contenir chacun un taïkonaute.

Le coût de cette conquête spatiale est estimé à environ 2,5 milliards de dollars par an. Un budget finalement modeste quand on le compare aux 32 milliards de dollars que les Etats-Unis dépensent chaque année. Ce qui importe avant tout pour Pékin, c'est l'acquisition de compétences dans ce domaine. En effet, cela ouvre de nombreux débouchés dans d'autres secteurs d'innovation : physique, matériaux, communications, robotique, etc.. La Chine est donc à la fois devant un défi d'envergure majeure et devant un investissement dont les retombées peuvent être énormes. La construction d'une station chinoise est en bonne voie. Néanmoins, il faut le souligner, ce « Palais céleste » est aussi beaucoup plus modeste que la projet ISS qui a rassemblé des scientifiques, des astronautes, cosmonautes et spationautes de nombreux pays.

En 2020, la Chine pourrait disposer d'une station spatiale. Au même moment, l'ISS devrait en terminer avec sa mission et être précipité dans un océan. Un passage de témoin, ou le symbole d'une nouvelle puissance capable d'imposer son hégémonie aux autres pays du monde ?

Roman Fruitier (www.lepetitjournal.com/hongkong.html), lundi 10 octobre 2011

A lire également : ESPACE - Lancement réussi pour Tiangong

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Publié le 31 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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