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Coincés dans une Nouvelle-Zélande confinée, ils témoignent

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Coincés dans une Nouvelle-Zélande confinée, ils témoignent
Écrit par Pierre Mouny
Publié le 9 avril 2020, mis à jour le 14 avril 2020

Cela fait désormais près de trois semaines que la Nouvelle-Zélande a activé son niveau 4 d’alerte signifiant le confinement de sa population pour ralentir la propagation du Coronavirus. De nombreux Français de passage ou en permis vacances-travail se sont alors retrouvés bloqués à plus de 19 000 kilomètres de chez eux. Vols annulés, non-remboursement des billets, fermetures des frontières, et des économies qui se tarissent, pour certains la situation est devenue critique. Témoignages.

Karima, 60 ans, bloquée à Auckland : « La devise des autorités c’est débrouillez-vous ! »

Venue pour rendre visite à sa fille installée à Auckland, Karima est partie le 12 mars de France. Son vol retour à destination de Paris via Tokyo est confirmé pour le 24 mars au matin. Mais arrivée à l’aéroport c’est la douche froide : Air New Zealand refuse de l’enregistrer car le Japon n’accepte plus que des Français transitent sur son sol. « Depuis ce jour-là c’est l’enfer », se désole Karima.

Logeant seule dans un hôtel-résidence qui lui apprend, sans lui laisser le choix, qu’elle doit trouver un nouvel endroit pour le confinement, la sexagénaire appelle au secours l’ambassade. « Je les ai harcelés pour qu’ils me trouvent une solution mais ils m’ont répondu sèchement qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi malgré le fait que je sois en rémission d’un cancer et donc une personne à risque. Leur devise c’est débrouillez-vous ! », s’indigne Karima. Elle a acheté un billet d’avion pour le 9 avril à 2000 euros et espère pouvoir rentrer chez elle. « Ce n’est pas facile de se retrouver dans cette situation, on est loin de chez nous et on se sent démunis » conclut-elle.

Margaux et Thibault, deux Pvtistes coincés à Kaikoura

Margaux, 24 ans, et Thibault, 25 ans ne s’attendaient pas à terminer leur voyage de cette façon. 2 mois après leur arrivée dans le pays, le couple se rend à Christchurch pour louer un van. « Malheureusement cette semaine-là, je suis tombée malade, impossible de boire et de manger, il fallait absolument que je vois un médecin », raconte Margaux. La jeune femme tente de se faire ausculter par un médecin mais celui-ci refuse toute consultation après avoir pris sa température et l’envoie directement aux urgences, la suspectant d’être atteinte du Covid-19. « C’était la panique totale » poursuit-elle. Le médecin urgentiste en auscultant sa gorge conclut à une simple angine et lui prescrit des médicaments.

À leur retour à l’auberge de jeunesse, la situation empire. « Nous avons demandé s’il était possible d’avoir une chambre simple pour deux personnes parce que j’avais une angine. La dame de l’auberge n’a rien voulu savoir et nous a donné deux heures pour prendre nos affaires et partir. » Puis l’annonce tombe : la Nouvelle-Zélande annonce le confinement. « En 48 heures nous devions trouver un logement. Nous nous sommes retrouvés à la rue avec nos sacs car même les hôtels et auberges de jeunesse allaient fermer. », poursuit-elle. Dans le même temps Emirates annule le vol retour du couple prévu pour le 31 mai, leur agence de voyage en France demeurait injoignable de même que l’ambassade de France.

Grâce à une amie restée là-bas, ces deux Aindinois d’origine, trouvent refuge dans la ferme de leur dernier woofing. « Nous sommes confinés dans une caravane chez un fermier. Nous vivons la plupart du temps dehors car la cuisine et le salon sont à l’extérieur sous un abri. Ici c’est vraiment la vie au naturel », dépeint Margaux.

Lucas, 22 ans : « Nous avons besoin de sincérité et de preuves que la situation évoluera positivement »

En permis vacances-travail depuis septembre, Lucas, 22 ans travaillait dans une usine en Nouvelle-Zélande. Le dimanche 22 mars, soit la veille de l’annonce du confinement, sa mère lui apprend qu’elle est positive au Covid-19. Pris de panique de rester bloquer, Lucas et deux de ses amis décident de quitter la ville de Motueka. Après avoir rallié Auckland, le problème du logement intervient. « Il nous était impossible de rester en auberge de jeunesse car le confinement entrait en vigueur dans deux jours. Après avoir subi plusieurs refus de propriétaires ne souhaitant pas louer à des Français, nous avons trouvé un Airbnb », relate Lucas.

Après avoir acheté un billet pour le samedi 28 mars, annulé suite à la fermeture de l’aéroport de Hong Kong, le jeune homme et ses amis comptaient miser sur des avions de rapatriement mis en place par le gouvernement. Mais confiné depuis plus d’une semaine le jeune homme s’insurge : « Depuis le début du confinement on entend que des solutions nous seront présentées et que des accords commerciaux vont être mis en place. Il n’y a, en réalité, rien à l’exception d’un accord avec Qatar Airways pour des billets à 1800 euros minimum ! ».

Comme eux, « près de 2700 Français seraient encore bloqués dans le pays », nous a précisé l’ambassade de France en Nouvelle-Zélande. Des premiers vols de rapatriement pour les « cas jugés prioritaires » sont en préparation. Et les vols internes, dans un premier temps interdits aux voyageurs internationaux depuis l’annonce du confinement, ont été autorisés pour les personnes désireuses de se rendre à l’aéroport international d’Auckland. Dans ses messages quasi-quotidiens, l’ambassade continue de conseiller aux personnes bloquées de réserver les quelques places restantes dans les vols commerciaux mais, pour beaucoup, les prix proposés restent dissuasifs.

 

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