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Un prix littéraire à une femme Kanak

Déwé Gorodé Déwé Gorodé
de madame Déwé Gorodé du site d'ïle en île
Écrit par Joël Paul
Publié le 13 mars 2018, mis à jour le 13 mars 2018

L’association Écrire en Océanie a décidé de remettre judicieusement son prix littéraire, le prix Arembo, à Madame Déwé Gorodé pour l’ensemble de son œuvre le 8 mars dernier. Une belle récompense amplement méritée qui ne pouvait pas mieux tomber.

 

Le Prix littéraire AREMBO s’attache à récompenser l’œuvre d’un auteur résidant en Océanie, écrivant en français, notamment pour sa contribution au développement culturel de son pays ainsi que pour sa capacité à livrer un témoignage sur son époque. Il faut rappeler que le premier prix en 2015 avait été remis à Jean Marie Creugnet. En 2017 c’est Jean Vanmai qui avait été récompensé avec Nicolas Vignoles pour un ouvrage de 2016. L’année 2018 est une récompense qui rend hommage à la femme et à la poésie. Ce prix Arembo est très convoité par les auteurs calédoniens.

Écrire en Océanie, association néo-calédonienne créée en juillet 2008, a pour vocation première la promotion de l’écrit en Océanie. L’association ne cesse depuis lors d’être au plus près de la littérature d’émergence francophone.
Sous la présidence fondatrice de Claudine Jacques, présidente d’honneur, de la nouvelle présidente Nicole Isch et de la vice-présidence de Macate Wenehoua, elle agit en créant des concours annuels de nouvelles et contes, et en publiant les textes des lauréats.

Extrait de l’hommage de la présidente d’Écrire en Océanie, Nicole Isch, pour présenter la lauréate :

Le parcours de Madame Gorode est exemplaire. Un peu d’histoire.
Déwé Görödé est née le 1er juin 1949, dans la tribu de l’Embouchure, dans la commune de Ponérihouen (Pwârâiriwâ en paicî, littéralement « l'embouchure de la rivière »), sur la côte Est de la Nouvelle-Calédonie.
Ses études littéraires à Montpellier, de 1969 à 1973, marquent les vrais débuts de l’écriture poétique, la découverte des écrivains de la négritude, des romantiques et de Marx...
Révélateur en matière d’écriture, ce séjour en France est également le déclencheur d’une prise de conscience politique. À son retour, elle rejoint les Foulards rouges, puis le Groupe 1878, mouvements contestataires kanak nés de mai 1968. En mai 1976, elle participe à la création du Palika.
Licenciée en lettres modernes, elle commence à enseigner en 1974.
Entre 1994 et 1996, paraissent Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier et L’Agenda, deux recueils de nouvelles où elle exprime le lien à la terre et la place de chacun dans une société en voie de reformulation.
En 1996, elle publie également Par les temps qui courent, un recueil d’aphorismes.
Elle poursuit parallèlement son chemin d’écriture en signant Dire le vrai avec Nicolas Kurtovitch.
En 2000, à l’occasion du VIIIe Festival des arts du Pacifique à Nouméa, elle s’essaye au théâtre avec Kënâké 2000, mis en scène par Pierre Gope, au théâtre de Poche. Cette pièce traite de la politique et de l’histoire récente et la figure de J.M. Tjibaou y est centrale.
L’Épave, son premier roman, paraît aux éditions Madrépores en 2005 ; il est réédité en 2007 et en 2015, en version papier et numérique. Dans le ventre d’une barque échouée, des êtres voient leurs destins s’entremêler, leurs histoires de vie, de mort de d’amour s’entrelacer.
Graines de pin colonnaire, un second roman composite, paraît à l’occasion du Salon international du livre océanien, en septembre 2009. On y trouve des voix de femmes, notamment la parole d’une femme malade qui transcende son mal par l’écriture.
Le troisième roman, Tâdo, Tâdo, wéé ! – No more baby, est édité par Au vent des îles, à Tahiti, en 2012, dans la collection Littérature du Pacifique. Il retrace l’épopée kanak vue du dedans, au cours du XXème siècle.
À l’orée du sable, son dernier recueil de poèmes a été publié en France en 2014, aux éditions Vents d’ailleurs.

 

Extraits de « A l’orée du sable »

Le maître du sanctuaire
Point maître de la terre sur le tertre
le prêtre dit sa prière
à l’ancêtre tutélaire
dans la pierre du sanctuaire
 

L’air est doux

L’air est doux au clair du jour
tel l’amour en appel
au secours en sa tour
prend garde à l’affût
de mots taillés en armes fourbies
en écriture d’embuscade
en poésie de combat
à remplir l’absence
le temps du souvenir
oui voici venu le temps de battre le rappel de mémoire

 

Joël Paul
Publié le 13 mars 2018, mis à jour le 13 mars 2018

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