S’ils ont quitté la Nouvelle Calédonie : la Nouvelle Calédonie ne les a jamais quittés. Éloignés pour quelques semaines ou plusieurs années, ils sont la preuve que l’on peut avoir des racines et des ailes. Partons ensemble à la rencontre de ces Calédoniens voyageurs, créateurs, explorateurs… Aujourd’hui j’ai RDV avec Anouck Faure, artiste plasticienne.
Anouck m’a donné rendez-vous aux Journées de l’Estampe Contemporaine à Paris où elle expose. La place Saint Sulpice est bondée, les stands d’artistes se succèdent, et quand j’arrive devant les œuvres d’Anouck je suis directement emportée dans un autre monde fait de rêves et de nature flamboyante.
Anouk a grandi en Nouvelle-Calédonie et est arrivée en France à l’époque du lycée avec sa mère. Une fois le bac en poche, elle commence des études qui n'ont absolument rien à voir avec l'art puisqu'elle fait une licence de traduction en langues slaves ! Un heureux concours de circonstance l’a fait changer de voie et elle s’est dirigée vers les métiers artistiques en intégrant une école d’art : L’Ecole de Condé.
Elle y fait un master en art plastique et pratique beaucoup le dessin.
Dans le cadre de cette école j'ai fait un stage autour de la gravure dans les ateliers Moret qui est un atelier très connu à Paris pour travailler les techniques d'impression anciennes, à partir de plaques de cuivre.
Pour en savoir plus sur les Ateliers Moret clickez ici!
C’était en 2014 et c’est dans ce grand atelier parisien qu’elle se forme à son art.
A partir de là Anouck développe sa propre patte, à la fois en discutant avec des artistes graveurs qui partagent avec elle leurs techniques, et aussi en commençant à faire quelques expositions de ses travaux.
Sa technique de prédilection est l’eau-forte. C’est une technique chimique au moyen d’un acide qui va graver la plaque.
Ses inspirations
Anouck dessine depuis toute petite et c’est en école d'art qu’elle développe sa pratique de l’encre de chine. Très vite et assez naturellement elle s’est dirigée vers un travail très détaillé avec beaucoup de travail de textures et d'organicités.
Ses premiers travaux sont plutôt abstraits mais petit à petit se greffent des éléments végétaux. Anouck s’est rendu compte en retournant en Calédonie après plusieurs années d’absence, que ces éléments végétaux étaient en réalité des paysages de Nouvelle-Calédonie qui étaient comme imprimés en elle.
Elle restitue à sa manière un peu abstraite toute cette nature composée de racines de banian et toute cette végétation très entrelacée du sud de son ile, de Yaté et du Parc de la Rivière Bleue.
Cette prise de conscience a été une révélation et c'est à partir de là qu’Anouck a commencé à intégrer des éléments concrets à ses compositions abstraites. Elle s’est mise à prendre des photos ou à faire des croquis de cette végétation lors de ses visites en NC, pour ensuite la reproduire au plus proche dans ses œuvres.
J'ai envie de continuer ce travail d'exploration mais peut-être en y ajoutant différents paysages notamment des paysages de France puisque cela fait maintenant près de 10 ans que je suis ici. Tous ces paysages se mélangent et continuent de nourrir cet imaginaire végétal.
"L’instant décisif"
Cette question d'un instant décisif comme en parlait Henri Cartier-Bresson je l'ai posé à Anouck:
« Mon 'instant décisif' tient en deux photos. Lors d'un voyage en Nouvelle-Calédonie en 2014, avec mon compagnon et une amie, nous sommes allés nous promener sur les sentiers des monts Koghis et je me suis retrouvée face à cet arbre incroyable. C'est en voyant ces racines enlaçant l'écorce rugueuse que je me suis rappelée ce que je cherchais à représenter à travers mes dessins. Quelques mois après, j'ai commencé la gravure. Deux éléments décisifs pour mon travail actuel. »
Des envies d’ailleurs ?
Anouck n’est pas du genre à vouloir voyager pour voyager, sauter dans un avion pour passer quelques jours ici ou là. Pour nourrir son imaginaire intérieur, elle aime habiter un endroit, y vivre et partager un quotidien fait d’habitudes.
"Je ne suis pas forcément une grande voyageuse, j’aime m’installer quelque part." dit-elle. Et s'enraciner peut-être?
Pour l’instant sa carrière est en France, mais elle aimerait pouvoir retourner en Nouvelle Calédonie pour y passer quelques mois de façon régulière.
C’est vraiment là-bas que je me sens nourrie artistiquement.
N'hésitez pas à aller jeter un oeil à ses travaux et prochaines expositions; et à vous perdre dans la jungle de son imaginaire verdoyant: ici!