Édition internationale

Travailler pour une "non profit" aux États-Unis

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Écrit par Nicolas Cauchy
Publié le 18 janvier 2023, mis à jour le 2 février 2023

Les organisations à but non lucratif, "non profit"  sont des entreprises qui se consacrent à des causes sociales, éducatives, environnementales ou caritatives. Les postes disponibles dans ces organisations varient en fonction de la taille et de la mission de l'organisation, mais ils peuvent inclure des postes administratifs, de développement des ressources, de relations publiques, de programme et de bénévolat. 

Voici l'histoire d'Assetou, Chargée des donateurs individuels pour Médecins du Monde US

 

Assetou a longtemps travaillé dans la communication et, plus récemment, organisé les mariages de celles et ceux qui voulaient s’unir à New York. Si vous avez vu « Le sens de la fête », alors vous savez vraiment ce que ça veut dire. 

Mais il y a toujours eu cette voix intérieure, cette certitude qui murmurait : « Je finirai ma carrière sur le terrain, à aider les gens ». 

Mais où ?

Fille d’immigrés espagnols et maliens, Assetou a grandi dans une culture mixte où la question de l’exil se posait. 

Comment on quitte un pays pour avoir une vie meilleure ailleurs ?

La question aurait pu rester en suspens, si la pandémie n’avait pas tout remis à plat. Du jour au lendemain, les mariages sont annulés. Retour à la page blanche. 

Assetou se pose et réfléchit pendant plusieurs semaines. Elle lit, écoute les histoires de celles et ceux qui ont changé de vie et souhaitent changer la vie des autres, qui travaillent pour des causes.  

En octobre 2020, elle met un terme définitif à son activité de « wedding planner » pour se rapprocher du monde des « non-profits » sans avoir aucun « qui » ni « comment ». En suivant seulement sa voix intérieure. 

Pour l’aider, elle suit les conseils d’une « coach de carrière » américaine qui lui demande, dès la première séance : 

— Tu veux quoi, combien, pourquoi et quand ?

Le pragmatisme américain. Assetou avance timidement :

— Travailler à la com d’une non-profit ? 

— OK. Ne cherche pas de boulot pendant les trois prochains mois. Contente-toi de rencontrer les gens. Les choses vont arriver toutes seules. Ça va être évident. 

Vraiment ?

Oui, on est à New York. Tout va très vite et à partir du moment où vous demandez, vous recevez. Assetou contacte tous les gens du milieu qui, la plupart du temps, acceptent un rendez-vous zoom (nous sommes, alors, en pleine pandémie !) pour parler de leur activité. 

On lui dit qu’elle serait parfaite pour faire des levées de fonds et ça tombe bien, parce que Médecin du Monde US cherche quelqu’un. Super ! Sauf qu’Assetou n’a aucune expérience dans le fundraising. C’est embêtant ?

Apparemment pas. Elle est embauchée à la fin de l’entretien qu’elle passait pour s’entraîner, en tant que Chargée des donateurs individuels. 

Aux États-Unis, Médecins du Monde, une association fondée par Bernard Kouchner est très peu connue. Beaucoup moins que Médecins Sans Frontières. MSF est partout où il y a urgence. MDM est plus sur la durée, avec des programmes sur le long terme autour des droits et santé sexuels et reproductifs, des crises, de la prostitution et de la drogue dans des pays souvent loin des Etats-Unis. Mais l’association accompagne aussi et surtout les migrants, avec notamment le lancement d'un programme de santé à El Paso, sur la frontière mexicaine.

L’antenne américaine de Médecins du Monde Sans Frontières fonctionne comme une start-up avec seulement 7 personnes. 

Les donateurs sont souvent des médecins, des professeurs d’université qui habitent sur la côte est ou en Californie. Le plus difficile est de les approcher. Ils sont tellement sollicités ! Mais une fois le rendez-vous pris - et c’est souvent dans le Starbucks en bas de chez eux - il faut tout de suite leur demander de l’argent. Ils ne comprendraient pas sinon pourquoi vous les avez sollicités. Ils auraient l’impression de perdre leur temps. On est dans la culture du « Ask ». 

Le reste des dons se fait toute l’année, dans un pays qui est aussi celui du « give », avec des niveaux d’argent très différents de la France où les dons s’échelonnent de 1 à 10 euros. Ici, le montant le plus bas commence à 25$. 

Pour Assetou, la fin de l’année est stratégique car la moitié des dons, entièrement défiscalisés, sont envoyés les 30 et 31 décembre, parfois dans la dernière minute de l’année. 

Il faut également compter sur le « Giving Tuesday », fin novembre, qui suit le « Cyber Monday » et ses folles dépenses. Un jour pour penser à soi. Un autre pour penser aux autres. 

Assetou est certaine d’une chose : elle a trouvé sa voie. Aider les autres est devenu son fil rouge, comme autrefois les mariages et la communication. 

Et quand on lui demande comment elle se voit dans dix ans, c’est sa petite voix intérieure qui répond :  « Je finirai ma carrière sur le terrain, à aider les gens ».  

Pour contacter Assetou 

nicolas cauchy
Publié le 18 janvier 2023, mis à jour le 2 février 2023
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