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Non, Hudson Yards n’est pas qu’un «mall»

Hudson YardsHudson Yards
©️ Rachel Scharly
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 18 mars 2019

Depuis l’achèvement de la première phase des travaux d’Hudson Yards, et son inauguration, ce vendredi 15 mars, les réseaux s’emballent et c’est tant mieux ! Sauf que nombreux sont ceux à ne voir dans Hudson Yards qu’un mall, un enchaînement de boutiques, de cafés et de restaurants. Alors, oui, nous sommes ravis que des boutiques s’installent dans ce nouveau quartier de New York et nous sommes tout autant ravis d’y voir des marques françaises. Mais, résumer Hudson Yards à un building nommé « The Shops & Restaurants » et donc se contenter de parler « boutiques et restaurants » est plus que réducteur !

 

Hudson Yards est un exploit technique

L’actuel emplacement d’Hudson Yards est construit en surplomb du dépôt ferroviaire lequel a été recouvert par une première plaque de béton géante - une seconde sera installée lors de la deuxième phase du chantier - surplombant une partie des rails, sur plus de 6 hectares. Au-delà de la ferveur générée par toutes ces boutiques et tous restaurants, on semble occulter la prouesse technique de la base de cette construction. Plus qu’un problème de fondations, il faut garder à l’esprit que les trains génèrent une chaleur pouvant poser plusieurs problèmes notamment au niveau de la place centrale et du futur parc. Pour contrer ce phénomène, un système de gestion de la chaleur complexe a dû être imaginé, combinant liquide de refroidissement, ventilateurs et récupération des eaux de pluie. Et c’est sur cette prouesse que repose le complexe qui au final, comptera 16 immeubles.

Hudson Yards est le projet immobilier le plus ambitieux de New York depuis la construction du Rockefeller Center. La prouesse architecturale du projet, en dehors de son gigantisme, est certainement la terrasse accrochée dans le vide. Cette terrasse-observatoire, à plus de 300 mètres du sol, n'ouvrira qu'en 2020. Son usage : être l’un des nouveaux points de vue et points d’observation extérieur de la ville. William Pedersen de l’agence Kohn Pedersen Fox Associates (KPF), est le célèbre architecte qui signe ce projet.

Autre exploit architectural du complexe : The Shed lequel abritera dès son ouverture prévue en avril, un centre culturel et artistique, s’étendant sur 200,000 sqf. Cette structure, accolée à la High Line, a la particularité d’être rétractable et modulable. Elle est l’œuvre de l’agence Diller Scofidio + Renfro en collaboration avec Rockwell Group. 

Enfin, The Vessel, signée par le designer britannique Thomas Heatherwick, est une sculpture colossale posée sur ce qui est pensée comme la place centrale du projet. On conviendra que la création d’une place, à New York, est en soi, une innovation urbaine mais aussi une manière différente, dans cette ville, de penser l’espace public. S’il n’a pas d’usage architectural à proprement parlé, ce « vaisseau » se place plus dans une logique de design urbain, voire d’usage social. Critiqué par le New York Times qui l’appelle « l’escalier qui ne mène nulle part » cette sculpture reste pourtant une des attractions de ce nouveau quartier de l’Ouest de New York et donc, un point de ralliement. Certains sociologues urbains pourraient même y voir la création d’un nouvel espace de sociabilisation...

Cet escalier à spirales, haut de 45 mètres, est constitué de 154 escaliers interconnectés, soit 2500 marches. Une prouesse technique, mais aussi artistique qui a coûté quelque 200 millions de dollars.

 

Un quartier durable

Ce complexe novateur est construit sous certification LEED « Leadership in Energy and Environmental Design » gérée par le US Urban Green Council. Il s’agit d’une certification assurant des efforts faits dans la globalité de la construction afin de diminuer l’empreinte écologique du bâtiment. Elle a pour but de réduire de 30 % la consommation d’énergie par rapport à une construction classique.

Pour qu’un bâtiment soit certifié LEED, ce dernier doit répondre à plusieurs critères attestant de la performance de la construction et du respect des standards exigés.

Il existe 4 niveaux de certification : Certifié, Bronze, Argent et Or. Cette certification s’assoit sur un système de points différenciant les bâtiments non certifiés, certifiés (40-49 points) et de catégories Argent (50-59 points), Or (60- 79 points) ou Platine (80+ points).

Par ailleurs, 5 types de projets peuvent obtenir la certification LEED : les projets de construction de bâtiment, les projets d’aménagement intérieur des bâtiments, les projets liés à la maintenance des bâtiments, les projets de développement d’un quartier et enfin, les projets de construction de maisons individuelles.

La certification LEED s’inscrit aussi dans une logique de mobilité durable. En effet, parmi toutes les réglementations à suivre, la construction de parkings à vélos, au prorata du nombre de logements, est obligatoire.

À la fin des travaux, Hudson yards comptera un parking extérieur, pour voitures cette fois, ainsi qu’un parking souterrain pour un total de 1 624 places. Le parking intérieur sera doté de systèmes « verts » comme la mise en place d’un programme intelligent de ventilation se déclenchant à un certain seuil de monoxyde de carbone dans un souci de maîtrise d’énergie, ou encore de points de recharge pour véhicules électriques.

 

Un terrain expérimental de la ville de demain

Que ce soient les chercheurs de New York University, du Urban Center for Computation and Data, le centre de recherche dépendant de l’Université de Chicago, mais aussi de l’Aragonne National Laboratory, tous voient en Hudson Yards une plateforme expérimentale et une occasion de pouvoir récolter et analyser des données quantitatives relatives à ses habitants mais aussi ses visiteurs.

Ainsi, le nouveau quartier est connecté par un système de WiFi et de satellite. Il est même  « propre » via un système de gestion connectée des déchets. New York étant de plus en plus touchée par de fortes intempéries, le quartier est auto-suffisant en matière d’électricité prévenant ainsi des privations d’électricité en cas d’ouragan. De plus, Hudson Yards est économe en énergie via l’installation d’équipement privatif de gestion et de consommation d’énergie. Il est aussi sensoriel et intelligent. En effet, toute une succession d’applications sera mise à disposition des usagers leur permettant, via leur Smartphone, d’être connectés et informés de l’ensemble des événements et activités proposés au sein de leur quartier.

Hudson Yards est le prototype new-yorkais de la ville quantifiée. Des capteurs mesurent le moindre aspect de la vie urbaine du quartier comme le bruit, la qualité de l’air et le passage des 24 millions de visiteurs attendus annuellement. De la fibre optique à haut-débit a été installée directement dans les fondations des bâtiments afin de connecter chaque mètre carré du complexe immobilier. 

 

Vers un peu plus de mixité sociale

On présente Hudson Yards comme le nouveau quartier des milliardaires, certes. Mais il semble toutefois judicieux de rappeler que sur les 4000 logements qui se répartiront sur les différents immeubles dès l’achèvement complet des travaux, 400 sont des logements à loyers modérés. Un quart de ces logements a déjà était proposé à la location via la fameuse «Affordable Housing Lottery » de NYC Housing Connect, en octobre dernier. Les prix des loyers vont de $895 pour un studio à $1,350 pour un appartement avec deux chambres. Pour espérer faire parti des heureux locataires, le revenu annuel du foyer doit être compris entre $31,303 and $62,580, selon la taille du-dit foyer.

 

Alor non, Hudson Yards n’est pas qu’un mall...

 

Rachel Brunet
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 18 mars 2019