Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

New York, la capitale méconnue de la francophonie

Francophonie aux USAFrancophonie aux USA
Vanessa Handal-Ghenania et Marion Ménand
Écrit par Julie Sicot
Publié le 5 août 2019, mis à jour le 6 août 2019

Dans la métropole américaine, le français vit, parlé par des communautés diverses. À travers des festivals, des écoles ou des lieux culturels, une poignée de francophones travaillent à mettre la langue de Molière dans la bouche des Américains.

 

Plus de 80.000 francophones à New York

L'histoire du français à New York a commencé tôt. C'est sans doute en 1524 que notre langue a pour l'une des premières fois résonné sur Manhattan.

Depuis, le roman francophone continue de s'écrire grâce aux soubresauts de l'histoire et des migrations. Car, si New York n'a pas encore de quartier baptisé "Little France" ou "Little Paris" - une pétition est en cours -, la métropole a en revanche un "Little Sénégal". Ce minuscule quartier s'étire sur deux blocs sur la 116è rue dans Harlem. Entre les magasins de produits africains, notre douce langue résonne. Une présence qui nous rappelle que "59% des locuteurs quotidiens du français se trouvent sur le continent africain" selon les chiffres de l’Office International de la Francophonie.

"À première vue, la francophonie sur le continent américain, c'est la Louisiane, le Maine ou l'Acadie, mais New York, c'est un peu la francophonie cachée. Des dizaines de milliers de personnes parlent français." L'analyse est faite par Guillaume Parodi qui vit dans la métropole. Il organise, lors du Printemps de la Francophonie en avril, le Festival des 5 continents. L'événement littéraire et culturel, l'un des seuls du genre à New York, est en français et met en avant des auteurs qui écrivent dans cette langue.

Difficile de savoir exactement combien de personnes parlent français à New York, mais selon l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), les locuteurs seraient plus de 80.000.

L'institution basée à quelques rues seulement du siège de l'ONU, sur les rives de l'East River promeut la langue française dans le monde, mais à d'autres objectifs comme nous l'explique Patricia Herdt, la représentante adjointe permanente "Nous avons une mission de paix et de défense des droits de l'Homme, nous travaillons aussi à l'éducation, et à la recherche, et puis nous avons aussi une mission autour du développement durable." L'OIF regroupe 88 pays, contre 21 en 1970, lors de sa création au Niger. Un développement lié à l'expansion de la langue française dans le monde. Selon les estimations de l'OIF, il y aurait 300 millions de locuteurs francophones sur la planète  (9,6% de locuteurs en plus selon la dernière étude en 2014), la majorité se situant en Afrique. "La Louisiane a adhéré à l'OIF, c'est la première fois qu'un état fédéré entre dans l'Institution. La côte Est des Etats-Unis est très marquée par la francophonie", indique Patricia Herdt.

 

"How do you say green in french ?"

Et la langue française est de plus en plus apprise à New York. Depuis 2007, des programmes bilingues se développent dans la ville. Le premier, dans une école publique, a été crée à Brooklyn, au sein de l'école PS58. "En 2007, un groupe de familles françaises a milité pour créer ce programme avec l'aide de notre directrice Giselle Gault Mc Gee. 24 élèves ont adhéré, c'était à la fois des enfants français, et des enfants qui voulaient apprendre une autre langue" explique Greer Patterson, l'une des professeurs de l'école. 350 élèves sur les 1000 de l'école sont dans des classes bilingues. "Nous sommes malheureusement obligés de refuser des élèves, puisque nous avons un nombre limité d'enfants par classe. Nous avons développé des ateliers bilingues pour ceux qui ne peuvent pas suivre nos classes de français."

Et l'apprentissage peut démarrer tôt. "How do you say green in french ?", la question est posée par l'un des professeurs de "Petits Poussins too" à des enfants de deux ans et demi. Dans cette crèche, les bouts de choux apprennent à la fois le français et l'anglais. Vanessa Handal-Ghenania, haïtienne d'origine est à la tête de ces crèches anglo-françaises à New-York. "Je cherchais une crèche bilingue pour mes enfants, et cela n'existait pas, donc j'ai commencé dans mon appartement. En 4 mois, j'avais 12 enfants dans mon salon." Face à cette affluence, elle ouvre sa première crèche à Harlem en 2014. "Nous rassemblons 200 familles, et la moitié des enfants ont au moins un parent francophone", indique Marion Ménand, la directrice marketing.

Dans ces établissements qui accueillent des enfants de 3 mois à 4 ans, l'année coûte entre 22.000 et 25.000 dollars par an. "C'est une langue puissante, qui apparaît comme sophistiquée. Les parents qui viennent chez nous recherchent aussi une éducation française, c'est-à-dire disciplinée et avec des valeurs" précise la directrice.

Aujourd'hui, elle en gère 4, et ce n'est pas suffisant puisque les parents doivent attendre 6 mois à un an pour avoir une place.

Et si vous avez vraiment peur de ne pas entendre parler français dans les rues de New York, vous pouvez compter sur les touristes français. Ils étaient 807.000 en 2018 à fouler le sol new-yorkais selon la NYC & Company.

julie sicot
Publié le 6 août 2019, mis à jour le 6 août 2019
Pensez aussi à découvrir nos autres éditions