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Impatriation : François-Xavier Schmit, ancien directeur d’Albertine

Impatriation Impatriation
François-Xavier Schmit
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 25 février 2019, mis à jour le 26 février 2019

François-Xavier Schmit a été le directeur d’Albertine, librairie française des Services Culturels de l’Ambassade de France à New York. Vous l’avez certainement croisé, il vous a certainement conseillé, vous avez certainement discuté avec lui, quelques livres à la main. François-Xavier a quitté ses fonctions au sein d’Albertine en 2016. Depuis, lui, sa femme Laurence et leurs deux filles sont retournés à leur vie toulousaine. François-Xavier nous parle de son retour avec ses propres mots, de cette impatriation qui fait peur, mais à en croire son expérience, elle est tout sauf douloureuse. Il vous a conseillé des lectures, aujourd’hui, c’est à vous de le lire.

 

« 15 juillet 2016, "retour à la casa". Après 3 années passées dans la frénésie new-yorkaise, la ville rose nous attend de pied ferme. Le soleil tape durement, pas cette chaleur étouffante, moite, saturée d'humidité des métros harlémites. Non, cette chaleur-là est franche, violente, on cherche vite l'ombre des petites places arborées. Le quartier a peu changé, quelques commerces ont ouvert, d'autres ont fermé, les bars de la Place du Ravelin sont toujours là, bondés. Dès ce soir, j'y retournerai revoir les copains, les pintes de bière posées sur les capots de voiture, les joueurs de pétanque à demi ivres, les débats sans fins sur les bancs publics. On nous a pourtant  promis l'enfer « le retour, c'est le pire moment du voyage » , « la France, c'est tout mou, il n'y a plus d'énergie ».

Et bien en fait ... pas du tout ! Nous étions tristes de partir, mais... ravis de revenir. Alors oui, évidemment, il manquait des cartons dans les containers arrivés 2 mois après, la maison louée à une copine avait pris des petits « chtons », le jardin était en friche, Mais qu'est ce que tout cela comparé aux sourires des amis, aux repas sur notre terrasse sous les figuiers, et à la bienveillance des clients retrouvés. Car le meilleur moyen de ne pas gamberger, c'est de se replonger immédiatement dans le quotidien, c'est de ne pas laisser les regrets, la nostalgie, le « New-york blues » s'installer. Et puis rapidement après 150 explications à mes gentilles mamies de « comment c'était NY », le souvenir s'efface peu à peu et ne reste finalement qu'un songe qu'on a parfois du mal à matérialiser. 

Depuis lors, c'est étonnant, mais je doute parfois avoir vraiment vécu cette aventure américaine. Ai-je vraiment arpenté le « 972 » pendant ces trois magnifiques années, était-ce bien moi ou était-ce juste un rêve récurrent? 

Notre famille s'est bien remise. J'ai continué à développer « l'Autre Rive » et projette l'ouverture d'un deuxième lieu dans une friche industrielle en 2020. Ma femme a rapidement trouvé un local à 200 m de la librairie et ouvert son studio de Pilates en janvier 2017, seulement 5 mois après notre retour. Nous n'avons plus de voiture et savourons le luxe de pouvoir vivre en autarcie dans un rayon de 500 mètres, comme dans un grand village où on se connait tous. Mes filles sont restées bilingues, nourries de séries et de livres en anglais. L'ainée a intégré un lycée international avec double cursus qui lui permettra de postuler aux universités américaines et nous avons pu constater que les écoles publiques bilingues de New York (NYFACS et MS 256) ont parfaitement maintenu leur niveau de français. 

Nous n'étions pas « expatriés » à NY, ma femme et moi avions un contrat « local » et cela change tout. Le train de vie n'a pas diminué en revenant en France - c'est plutôt l'inverse -, nous n'avions pas pris de « mauvaises habitudes », les conditions de vie en famille à New York étaient compliquées dans notre cas - loyer, avion...- et finalement, même en savourant pleinement la vie new-yorkaise, ses possibilités culturelles et touristiques, nous savions que cet épisode serait une petite parenthèse dans notre vie toulousaine. Nous l'avions intégré avant de partir, et avons donc savouré chaque moment passé là-bas. Nous ne regrettons rien et n'avons donc gardé que le meilleur dans notre mémoire. »

 

Merci FX pour ta contribution dans les colonnes du Petit Journal New York et merci pour ce que tu as fait, durant ces quelques années chez Albertine, pour nous autres lecteurs.

 

Pour en savoir plus sur la librairie de François-Xavier Schmit :

 

Librairie L’Autre Rive, 24 avenue Etienne Billières, 31300 Toulouse

 

http://www.autre-rive.com/

 

 

Rachel Brunet
Publié le 25 février 2019, mis à jour le 26 février 2019
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