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C. Weissberg : « Je commence ce mandat avec beaucoup d’expérience et de conviction »

Christopher Weissberg, député de la 1ère circonscription des Français établis à l'étrangerChristopher Weissberg, député de la 1ère circonscription des Français établis à l'étranger
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 28 septembre 2022, mis à jour le 29 septembre 2022

L’ancien suppléant du partie Renaissance, Christopher Weissberg, n’était pas censé siéger. Le voilà pourtant député de la 1ère circonscription des Français de l'étranger. Il remplace Roland Lescure, nommé ministre de l’Industrie. Quelles seront les grandes thématiques de son mandat ? Suivra-t-il les traces de son prédécesseur ?

 

Un mandat surprise qui n’inquiète pas Christopher Weissberg. L’ancien suppléant de Roland Lescure a pris ses fonctions de député en juillet 2022 suite à la nomination du député réélu en tant que ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’Industrie. « Je commence ce mandat avec beaucoup d’expériences et de convictions » rapporte le nouveau député de la 1ère circonscription des Français de l’étranger. Simplifications administratives, parité euro-dollar, relation franco-américaine, quels sont les enjeux et priorités qui poursuivront durant cinq ans ce Franco-Américain ?

 

Alors que vous deviez être le suppléant de Roland Lescure (Renaissance), vous voilà finalement député d’Amérique du Nord ! Comment envisagez-vous ce mandat inattendu ?

Par principe, je n’avais pas prévu de siéger, mais ce mandat reste l’aboutissement de mon parcours personnel et professionnel. Je suis un Franco-américain ayant vécu entre les trois pays. J’avais travaillé au Canada sur la mobilité internationale, et je possède encore un restaurant français aux Etats-Unis. Je me qualifierai comme un Français d’Amérique et un Américain en France ayant toujours côtoyé les Français de l’étranger. J’ai une double identité importante.

 

Sur un point de vue professionnel, ce mandat est aussi l’aboutissement de plusieurs années de travail. D’abord avec mon prédécesseur, Roland Lescure, que j’ai beaucoup appuyé durant son élection. Ensuite auprès de Jean-Baptiste Lemoyne, ancien ministre des Français de l’étranger avec qui j’ai pu travailler pendant deux ans, d’abord comme conseiller en charge des élus et finalement comme conseiller sur les questions des Français de l’étranger.

 

Je commence ce mandat avec beaucoup d’expériences et de convictions.

 

 

Le bilinguisme est pour moi un enjeu essentiel, au-delà même de ma circonscription

 

Quels sont les défis de votre circonscription ?

Il y a d’abord les défis communs à tous les Français de l’étranger. Le numéro 1 étant l’accès aux services consulaires et publics. Je veux faciliter les accès au service public pour les Français de l’étranger, que cela soit pour les passeports, les cartes d’identité, les procurations, les actes d’état civil, les demandes de retraites - qui ne concernent pas les services consulaires mais qui sont des services publics français. Je m’y suis engagé depuis longtemps. J’aimerais par exemple que la démarche des passeports se fassent de façon totalement dématérialisée. Il y a aussi le déploiement de France consulaire, qui permettra à terme d’avoir accès à tous les services publics via un identifiant numérique. C’est la première étape, qui je dirai est transverse à tous les Français de l’étranger.

 

Sur ma circonscription, l’enjeu principal est pour moi l’accès à l’éducation en français ainsi qu’au bilinguisme. Cet enjeu va être le fil rouge de mon mandat. Comment développer le bilinguisme en français partout et pour tout le monde ? C’est à la fois développer et poursuivre ce qui est fait par les lycées français, et c’est aussi développer en parallèle au système de l’AEFE des offres bilingues dans les programmes publics.

 

J’ai été voir comment nous pouvions nous inspirer de l’Utah, un état qui est selon moi moteur sur la question. J’aimerais des programmes en français dans le plus d’écoles publics américaines possible. Cela nous permettrait d’avoir un accès gratuit à l’enseignement bilingue. Il existe aussi les FLAM (Français Langue Maternelle) : un moyen pour les personnes n’ayant pas d’école bilingue de bénéficier d’un enseignement en français. Le bilinguisme est pour moi un enjeu essentiel, au-delà même de ma circonscription.

 

Quelles sont les grandes thématiques que vous allez aborder ?

Je souhaite améliorer l’accès aux retraites. J’ai déjà beaucoup travaillé sur le sujet, notamment pour faciliter les démarches administratives. Il y a aussi un enjeu autour des visas. J’ai écrit une newsletter il y a quelques jours à ces propos. Aussi bien au Canada qu’aux Etats-Unis, les administrations sont en ce moment en sous-effectif et ont du mal à délivrer des visas, ce qui est évidemment un énorme enjeu de préoccupation pour mes compatriotes. Je fais remonter les dossiers auprès des autorités américaines et canadiennes pour que, dans les cas les plus difficiles, nous puissions obtenir des solutions rapides. C’est un enjeu pratique et fondamental pour les Français.

 

J’essayerai d’influer pour que nous puissions adapter les salaires en euro au coût de la vie américaine

 

Pour la première fois depuis 20 ans, un euro recule sous la parité avec le dollar. Quelles conséquences et comment gérer cette dépréciation ?

La caractéristique principale des Français de l’étranger est d’avoir un pied dans les deux monnaies. La parité a beaucoup d’inconvénients. C’est pour cela que je travaille sur les conséquences. J’essayerai d’influer pour que nous puissions adapter les salaires en euro au coût de la vie américaine. Je reste évidemment très actif et à l’écoute.

 

Dans le fond, je pense que cela est malgré tout plutôt positif. Il vaut mieux une parité plutôt qu’une disproportion.

 

 

Je crois en un bloc Transatlantique très for

 

Quelle ligne politique adopter avec les Etats-Unis en cette période de guerre entre la Russie et l’Ukraine ?

Selon moi, la clé n’est autre que l’alliance Transatlantique. Notre modèle de valeur doit se défendre à cette échelle. Bien que je pense que nous avons des valeurs européennes à défendre, le premier promoteur de ces valeurs sont, encore selon moi, les Nord-Américains. Et je pense aux Canadiens comme aux Américains.

 

Je suis un grand défenseur de cette unité, de cette alliance. Je pense qu’entre les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron - dans le contexte actuel - nous revenons à une alliance et une intégration de nos systèmes extrêmement fortes.

 

Je crois en un bloc Transatlantique très fort. Plus ce dernier est puissant, plus nous serons en mesure de défendre nos valeurs et notre indépendance stratégique et énergétique. Je serai très à l’écoute et nous défendrai face aux oppositions anti-américaines.

 

 

Je vais être un député de terrain qui sera à l’écoute

 

Quel message souhaitez-vous faire passer au Français de l’étranger de la première circonscription ?

Je vais être un député de terrain qui sera à l’écoute. Je me suis déjà rendu dans plus de 15 villes et je compte continuer. Un député est forcément un député de terrain. La différence avec les sénateurs est que nous avons une circonscription. Nous devons rencontrer nos administrés afin de faire remonter leurs préoccupations. Pour incarner mes propos, je demanderai régulièrement des consultations aux expatriés de ma circonscription.

 

Je pense que les Français établis dans la 1ère circonscription ont une place très importante. Ils défendent l’unité entre le Canada, les Etats-Unis et l’Europe. Je m’engage à la protéger.